vendredi 6 août 2010

Enquête sur la flottille : l’ONU est confuse

publié le jeudi 5 août 2010
Stéphane Bussard

Le raid meurtrier mené par Israël sur la « flottille de la liberté », qui visait à faire sauter le blocus de Gaza, donne lieu à deux enquêtes onusiennes parallèles
A quoi jouent les Nations unies ? Le président du Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU à Genève, Sihasak Phuangketkeow, a précisé mercredi au Palais des Nations les objectifs de la mission d’enquête sur l’abordage meurtrier, le 31 mai, par les forces israéliennes, de la « flottille de la liberté », qui souhaitait faire sauter le blocus de Gaza. Une mission créée par le CDH le 2 juin dernier. « Il s’agit d’établir les faits, les violations du droit humanitaire et des droits de l’homme », a insisté l’ambassadeur thaïlandais.
A cette fin, trois experts ont été nommés : Karl Hudson-Philips, qui a officié comme juge à la Cour pénale internationale, Desmond de Silva, un avocat qui fut procureur général du Tribunal spécial pour le Sierra Leone, et enfin Mary Shanthi Dairiam, qui a été membre du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. Israël a déjà manifesté sa désapprobation. Sihasak Phuangketkeow croit néanmoins possible une coopération israélienne.
Panel de quatre experts
Fait étonnant : le CDH n’est pas la seule institution, au sein de l’ONU, à lancer une mission d’enquête sur l’abordage de la « flottille de la liberté » [1]. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a annoncé lundi la constitution d’un panel de quatre experts qui bénéficieront de l’aide surprenante du président colombien sortant, Alvaro Uribe [2]. Israël a d’ailleurs accepté pour la première fois de coopérer avec ces experts [3]. Mais ceux-ci ne risquent-ils pas de marcher sur les plates-bandes du Conseil des droits de l’homme ? Sihasak Phuang­ketkeow s’en défend et estime que la mission instituée à New York lundi aura un mandat « plus large ». [4]
A Genève, certaines voix s’élèvent et estiment que, si l’on avait voulu discréditer davantage le Conseil des droits de l’homme, on ne s’y serait pas pris autrement. La mission d’enquête du CDH remettra ses conclusions lors de sa prochaine session, en septembre.
publié par le Temps
notes : C. Léostic, Afps