| [ 12/07/2010 - 00:38 ] | 
|             |        
|             Damas – CPI      Khaled Mechaal, président du bureau politique du mouvement  islamique du Hamas, a accordé une interview au journal As-Sabil, dans la  capitale syrienne Damas. Elle a été publiée le dimanche 4 juillet 2010.         Il a parlé de différents sujets concernant la scène  palestinienne. Le département français a  traduit de grands extraits de  la première partie concernant le blocus qui est en train de rendre  l’âme.         Les jours sont comptés                As-Sabil :      Pensez-vous que les jours du blocus imposé sur la bande de  Gaza sont comptés ? Quel regard portez-vous sur la scène palestinienne  quant au blocus ?      Khaled Mechaal :  Oui, sans aucun doute, le blocus vit ses derniers jours, même si  certains essaient de le prolonger ou de le réviser, à l’instar des  discussions pour l’alléger. Notons que le blocus est en soi un crime  qui ne doit pas continuer. Et concrètement, il a échoué à réaliser ses  objectifs politiques. Le blocus n’était qu’un moyen de pression  sur le Hamas et notre peuple de la bande de Gaza. Tout le monde sait  maintenant qu’il a échoué et que le Hamas résiste toujours et refuse de  se mettre à genoux. Le blocus fait beaucoup de mal à notre  peuple de Gaza et au mouvement du Hamas. Il devient aussi un fardeau  pour ceux qui l’imposent, eux-mêmes. Il n’est pas impossible que la  flottille internationale « La liberté » soit la goutte d’eau qui fasse  déborder le vase et casse totalement cet injuste siège. Ils sont dans le  tort, ceux qui croient que les effets de la flottille se défrichent et  prennent fin et que tout reviendra comme avant. Les convois reprendront  par la mer et sans la mer. Les efforts internationaux, islamiques,  arabes et palestiniens continueront pour rompre le blocus. En effet, le  blocus est déjà fini, politiquement. Il reste à le briser sur le  terrain.      Les positions arabes et  palestiniennes         As-Sabil : La chance  est grande pour l’arrêt du blocus. Quelles sont les positions  palestiniennes, arabes et internationales quant à l’arrêt de ce blocus ?  Sont-elles satisfaisantes ?      Khaled Mechaal :  Malheureusement, la position de l’autorité palestinienne n’est pas bien  sérieuse. Tout au contraire, elle essaie d’absorber la colère qui a  suivi le massacre sioniste pratiqué contre la flottille internationale  « La liberté ». Quelques-uns n’ont pas l’intention de  lever le blocus. Ils le considèrent comme un moyen de pression. C’est  pour cette raison qu’ils donnent la priorité à la réconciliation, une  tentative pour détourner l’attention de la priorité absolue : lever le  blocus. Lier la rupture du siège à la réconciliation est un jeu que nous  refusons. La rupture est un objectif en soi et la réconciliation en est  un autre. Elles vont ensemble sans qu’elles ne soient liées.      La Ligue Arabe         As-Sabil : La Ligue  Arabe est longuement restée silencieuse quant au blocus, bien qu’il  existe plusieurs décisions arabes incitant à le briser. Et récemment, le  secrétaire général de la Ligue a visité la bande de Gaza. Qu’a donné  cette visite ?      Khaled Mechaal :  C’est vrai que la visite a été un peu tardive, mais nous remercions Amro  Moussa. La question n’est pas là. Le problème, c’est que des pays  étrangers aident "Israël" à utiliser le blocus pour punir le Hamas, ou  du moins le mettre à genoux. Ils travaillent avec des partis  palestiniens et arabes afin que le Hamas ne sorte pas victorieux ; ils  veulent qu’il paye un prix politique contre la levée du blocus. Cette conspiration fait prolonger la durée  du blocus jusqu’à maintenant. Mais aussi forte que soit cette  conspiration, elle ne pourra aller contre la volonté du peuple  palestinien. Et maintenant, de partout dans le monde, de l’est comme de  l’ouest, sur tous les niveaux, de toutes les nationalités, de toutes les  religions, des gens viennent à la rescousse du peuple palestinien. La  flottille internationale « La liberté » en est le meilleur exemple. Les  convois et les efforts à venir diront encore plus clairement que le  blocus prendra obligatoirement fin…      La position turque         As-Sabil : La  position officielle turque est bien claire quant à la volonté de briser  le blocus et d’ouvrir une route maritime vers la bande de Gaza. Y a-t-il  d’autres efforts autres que les turques, déclarés ou non, destinés à  lever le blocus ?      Khaled Mechaal : Les  Turcs ont un rôle des plus importants dans le domaine. Et ils en payent  le prix : des martyrs. L’Etat et le peuple turcs sont visés par les  Israéliens, à cause de la position claire de la direction turque dont en  particulier les déclarations d’Erdogan qui avait dit : « Si le monde  entier tourne le dos à Gaza, moi, je ne le ferai pas ». Et actuellement, briser le blocus devient  une condition pour traiter les conséquences du crime israélien pratiqué  contre la flottille internationale « La liberté ». C’est une position  inoubliable par le peuple palestinien qui montre sa gratitude. Ce sont  des signes montrant que la Turquie reprend son rôle régional, arabe et  islamique. Bien évidemment, il y a d’autres efforts  dans le sujet. Nous avons plusieurs contacts avec plusieurs pays arabes,  islamiques et européens. Nous essayons de les traduire en des mesures  concrètes pour briser le blocus, dont tout d’abord ouvrir une ligne  maritime avec Gaza, le blocus ayant plusieurs visages. Ouvrir une ligne maritime entre Gaza et le  monde sera, à mon avis, un bon prologue à une rupture totale du  blocus ; les autres aspects perdront leurs raisons d’être. C’est pour  cette raison qu’il faut que la pression sur l’Entité sioniste continue  afin que le blocus prenne fin. Il ne faut se contenter d’une ouverture  provisoire du point de passage de Rafah. Il faut une ligne maritime  entre Gaza et le monde. C’est un droit naturel du peuple palestinien.  Que les efforts turcs, arabes, islamiques et européens réussissent à  trouver une solution adéquate pour ouvrir cette route maritime avec  Gaza.      Le blocus, un fardeau         As-Sabil : Selon vos  propos, le blocus a échoué, il est désormais un fardeau pour les  Israéliens. Pourquoi alors continuent-ils à l’imposer, s’ils n’en tirent  pas vraiment quelque chose ?      Khaled Mechaal : La  position israélienne porte trois dimensions. La première, c’est que le  blocus reflète l’agressivité israélienne à l’encontre du peuple  palestinien… La deuxième dimension, c’est que les  occupants israéliens relient le blocus à l’affaire de Shalit. Ils le  mènent comme étant une sanction contre le peuple de Gaza et contre le  mouvement du Hamas pour l’enlèvement de Shalit. La troisième dimension : quelques-uns dans  la région veulent que le blocus continue, malheureusement. Et cela  séduit évidemment "Israël"…      La communauté internationale         As-Sabil : Netanyahu   a appelé, il y a quelques jours de cela, la communauté internationale à  intervenir pour aider à relâcher Shalit. Cela ne reflète-t-il pas une  faiblesse de la part de la direction israélienne ?      Khaled Mechaal : Je  crois qu’il faut regarder la position de Netanyahu de plusieurs angles.  Premièrement, il fait ces agissements pour absorber la pression de la  rue israélienne pratiquée contre le gouvernement israélien pour sa  position envers l’affaire de Shalit. En effet, la rue israélienne sait  bien que c’est Netanyahu et son petit cabinet qui mettent des bâtons  dans les roues de la transaction d’échange de prisonniers. Deuxièmement, le gouvernement de Netanyahu  fait tout pour dévier l’opinion publique internationale de son crime  pratiqué contre la flottille internationale « La liberté ». L’image  d’"Israël" s’est beaucoup ternie, une image déjà bien entamée par la  guerre agressive israélienne menée contre Gaza. En fait, dans cette  flottille, plus de trente pays ont participé. Les Israéliens craignent  que la légitimité d’"Israël" soit mise en cause. Ils veulent alors à  tout prix embellir son image dans le monde. "Israël" veut porter à la communauté  internationale la responsabilité de l’échec de la libération de Shalit,  afin qu’elle paraisse comme l’innocente victime, elle qui était  l’assassin sur la flottille internationale « La liberté ». Toutefois,  ces tentatives ne pourront rien faire contre les réalités du terrain. Troisièmement, "Israël" essaie de  fabriquer une pression internationale sur le Hamas afin qu’il baisse la  barre de ses exigences et qu’il accepte ce qu’"Israël" offre. On n’a pas  besoin de faire une enquête poussée pour se rendre compte de  l’incapacité israélienne. La rue israélienne ressent l’incapacité de  son gouvernement. Elle l’appelle alors à payer le prix nécessaire pour  relâcher Shalit, étant donné que le gouvernement est aussi incapable sur  tous les niveaux, sécuritaire, militaire et même diplomatique.      Du nouveau ?         As-Sabil : Dans le  dossier de Shalitt, y a-t-il du nouveau ? Y a-t-il de nouveaux  intercesseurs ?      Khaled Mechaal :  Aucun développement remarquable. Cependant, il y a quelques tentatives  de la part du médiateur allemand. Il essaie de pousser le Hamas vers ses  anciennes offres. Des tentatives catégoriquement refusées. Les  négociations indirectes ne reprendront qu’à partir de l’avant-dernière  séance, avant que Netanyahu n’ait changé d’avis.      Influences !         As-Sabil : On parle  d’ingérence arabe conseillant à Netanyahu de ne pas aller vite en  besogne, pour ne pas donner la chance au Hamas de se procurer une  quelconque victoire. Qu’en dites vous ?      Khaled Mechaal :  Oui ! L’administration américaine a déjà pratiqué ses pressions, et  probablement pas elle seule. Elle a peur que tout cela (un échange  réussi de prisonniers) ne soit un point positif pour le mouvement du  Hamas, et négatif pour le président de l’autorité Mahmoud Abbas. Sa  priorité actuelle est d’assurer un climat propice à la reprise des  négociations (entre l’autorité de Ramallah et les occupants israéliens).  Ils ne veulent pas que l’échange les perturbe. En quelques mots, nous sommes prêts à  reprendre les négociations indirectes quant à l’échange de prisonniers.  Nous restons cependant sur notre position et refusons la dernière offre  israélienne.      Le médiateur allemand         As-Sabil : Le  médiateur allemand aurait-il quitté son attitude neutre, en pratiquant  quelques pressions sur vous ?      Khaled Mechaal :  Possible ! Mais nous devons savoir qu’un médiateur n’a en tête que le  fait de réussir son travail. Quand il se trouve dans une circonstance  lui permettant de pratiquer des pressions, il fait tout pour réussir sa  mission. Le médiateur allemand sait bien que c’est Netanyahu qui avait  mis en échec son travail. Toutefois, il ne veut prendre une position, en  laissant la porte ouverte à la reprise des négociations. Pour cette  raison, on n’entend pas de déclarations définitives…      Le plafond d’exigences         As-Sabil : Vous avez  dit il y a quelques jours que le Hamas mettrait haut la barre de ses  exigences et que l’affaire ne concerne pas seulement Shalit… ?      Khaled Mechaal : En  bref, notre but clair et précis est de libérer nos captives et captifs.  Si un soldat détenu par la résistance palestinienne ne suffit pas, il  sera bien naturel que la résistance mette la main sur d’autres soldats  pour libérer les captifs palestiniens, jusqu’à ce qu’"Israël" se rende  compte qu’elle n’a d’autre choix que de relâcher nos captifs. Les  captifs et les martyrs constituent une tranche importante de notre  peuple. Il est de notre devoir de défendre notre peuple. Défendre les  captifs est un devoir aussi bien religieux que national. Pour nous, les  captifs sont les meilleurs de notre peuple. Nous ne les oublions jamais.  |