vendredi 2 juillet 2010

Abbas veut des progrès avant les pourparlers directs

02/07/2010
En cas d'échec, le président palestinien a écarté toute « initiative unilatérale », telle qu'un appel au Conseil de sécurité.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a estimé que des progrès étaient nécessaires avant de passer à des négociations de paix directes, dans des propos publiés hier par des médias israéliens et en recevant l'émissaire américain George Mitchell. « J'attends des réponses sur les frontières et la sécurité pour savoir si nous parlons (avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu) le même langage, car il est préférable que de telles discussions n'explosent pas au bout de dix minutes », a déclaré M. Abbas qui a longuement rencontré mercredi à Ramallah six journalistes israéliens. Une démarche qu'il a expliquée en indiquant vouloir convaincre l'opinion israélienne de sa volonté de conclure un accord de paix prévoyant la restitution par Israël de tous les territoires palestiniens occupés depuis la guerre de juin 1967 : Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la bande de Gaza, assortis d'échanges territoriaux mineurs. M. Abbas a également insisté sur l'arrêt par Israël de la destruction de maisons palestiniennes à Jérusalem-Est, de la révocation des cartes de résidence des Palestiniens dans la Ville sainte et de la colonisation en Cisjordanie, ainsi que sur la levée totale du blocus de Gaza, a indiqué le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, à l'issue d'une rencontre à Ramallah entre l'émissaire américain et le président palestinien. Les parties ont engagé en mai des négociations indirectes, dites de « proximité », conduites par M. Mitchell, et qui pour le moment ne semblent pas avoir progressé.
Mercredi, Benjamin Netanyahu a invité M. Abbas à le rencontrer en tête à tête à Jérusalem et s'est dit « prêt à aller » à Ramallah. Selon le Jerusalem Post, M. Abbas a précisé avoir donné son agrément au prédécesseur de M. Netanyahu, Ehud Olmert, pour le déploiement d'une force internationale, exigeant qu'il n'y ait plus aucune présence israélienne sur le sol du futur État.
Interrogé sur les conséquences d'un éventuel échec des négociations indirectes, qui doivent s'achever dans deux mois, M. Abbas a écarté toute « initiative unilatérale », telle qu'un appel au Conseil de sécurité des Nations unies, toujours selon la presse israélienne.
Durant cet entretien, le président palestinien a également évoqué pêle-mêle son souhait de ne pas effectuer de nouveau mandat, la Coupe du monde de football, et défendu son doctorat obtenu à l'Université de Moscou en 1982, dans lequel il exprimait des doutes sur l'ampleur du génocide juif. Il a condamné ce « crime », rappelant avoir envoyé ses représentants à des cérémonies commémoratives, y compris à Auschwitz. « Comment peut-on nous accuser de nier l'Holocauste ? » a-t-il lancé. « Vous dites que six millions de personnes ont été tuées, je ne le conteste pas », a affirmé M. Abbas, ajoutant toutefois qu'il « ne lui appartenait pas de déterminer le nombre exact ».
Il a aussi émis le vœu que le soldat israélien Gilad Shalit, détenu depuis quatre ans à Gaza, « puisse recouvrer la liberté, de même que 8 000 Palestiniens détenus par Israël ».