vendredi 25 juin 2010

La "solution finale" d’Israël

jeudi 24 juin 2010 - 06h:15
George Polley
The Palestine Chronicle
Ceci aurait très bien pu se passer en Allemagne, en Pologne, en Italie, en France ou en Autriche lors de la campagne d’élimination massive lancée par Hitler contre les juifs d’Europe, mais non, ça ne s’est passé là.
(JPG)
Imaginez-vous en réfugiés sur une terre qui fut la vôtre pendant des générations
Vous vivez dans une maison dans laquelle votre famille a habité pendant des générations. En limite du village, vous possédez une parcelle de terre sur laquelle vous cueillez des olives et vous cultivez des légumes pour nourrir votre famille. Vous revoyez votre grand-père travaillant cette terre et cela vous fait sourire. C’était un homme bon qui aimait sa famille et il vous manque.
Un jour, vous revenez de votre cueillette d’olives, votre sac rempli de vos olives que votre épouse passera au pressoir. Vous en avez mis de côté un couple de dizaines, dans les plus belles, que votre épouse et vos enfants mangeront ce soir avant de se retirer pour la nuit. Alors que vous débouchez au coin de la rue et que vous arrivez à votre maison, vous vous apercevez que la famille est rassemblée dehors, devant la maison, entourée de tous vos biens. Ils pleurent. Tout près, il y a un groupe de soldats qui tiennent des fusils.
« Que se passe-t-il ? » leur criez-vous. L’un des hommes vous dit de vous taire. S’approchant de vous, il vous prend le sac d’olives et le lance à l’un de ses compatriotes. Celles que vous gardiez dans la main, il les prend et les mange.
« Montez dans le camion ! » ordonne-t-il alors que ses compagnons regroupent votre famille la poussant vers un gros camion gris brun dans lequel quelques-uns de vos voisons sont entassés. Pointant son arme sur vous, il vous l’enfonce dans le dos pour vous faire monter dans le camion, à côté de votre épouse, qui n’en peut plus de pleurer.
Quelques instants plus tard, le camion démarre et vous vous mettez à rouler à travers le pays vers une destination dont vous ne savez rien, à part que, de réputation, vous savez qu’elle n’est pas bonne.
Ceci aurait très bien pu se passer en Allemagne, en Pologne, en Italie, en France ou en Autriche lors de la campagne d’élimination massive lancée par Hitler contre les juifs d’Europe, mais non, ça ne s’est pas passé là. Hitler appelait cela, « la solution finale » au « problème juif » d’Europe. Ce fut l’un des crimes contre l’humanité les plus horribles de l’histoire.
La scène narrée ci-dessus ne s’est pas produite en Europe. Mais en Palestine. Selon les statistiques de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Moyen-Orient), plus de 700 000 Palestiniens ont été forcés de fuir ou ont été expulsés de leurs maisons en 1947-48. Un nettoyage ethnique eut lieu également en 1967, quand Israël prit la Cisjordanie et la bande de Gaza, et que 350 000 Palestiniens furent chassés de force, expulsés ou partirent effrayés. Depuis lors, une forme de nettoyage ethnique rampant se produit chaque fois que des quartiers, des villages et des fermes sont exigés pour des colons juifs qui les convoitent, et qu’ils prennent sans rien demander ni même s’excuser.
(JPG) Imaginez-vous dans cette situation, imaginez-vous en réfugiés sur une terre qui fut la vôtre pendant des générations. Tout à coup, vous êtes un non-être humain, une non-entité, un stigmate. Qu’est-ce que cela vous ferait de vivre cela ? Comment a-t-il été possible que pendant plus de 60 ans, cette même scène se soit répétée maintes fois, et qu’on ait laissé leurs auteurs s’en tirer ? Un étranger dans votre propre pays, vous marchez devant ce qui fut autrefois votre propriété et celle votre arrière-arrière-grand-père. Quelqu’un d’autre arrive ici, quelqu’un qui, un jour, prétend que tout cela lui appartient, alors qu’il est le premier de sa famille à vivre ici ou alentours.
Vous regardez autour de vous et vous voyez partout les vôtres, vous voyez la pauvreté et le chaos. Cela vous met en colère. Mais si vous laissez parler votre colère, surtout si vous vous défendez d’une façon ou d’une autre, ceux qui détiennent la force vont vous agresser avec toutes ces armes que l’on met à leur disposition. Vous avez perdu des membres de votre famille dans ces agressions, certains étaient des enfants.
Année après année, on vous promet un pays et des maisons qui seront à vous, mais dans ces promesses, il y a toujours ce mensonge : d’autres sont autorisés à occuper votre terre pour eux-mêmes, et vous êtes repoussés toujours plus loin, vers la frontière. Votre crime ? Vous n’êtes pas l’un des leurs.
Je dois poser cette question : comment se fait-il que cela put être autorisé à se perpétrer pendant soixante-deux ans et que les nations soi-disant morales n’aient rien fait ? Elles n’ont rien fait parce que ceux qui vous persécutent leurs sont plus utiles que vous. Cela ne vous semble pas être ainsi ? Elles prétendent être pour les droits humains, mais leurs actes démentent leurs paroles depuis le début. Qui pourrait leur faire confiance ? Plus moi en tout cas.
S’agit-il alors de la « solution finale » d’Israël à ce qu’ils considèrent comme « le problème palestinien » ? Ont-ils tiré une page du répertoire de tactiques (Mein Kampf) d’Hitler pour l’adapter à leur situation, faisant de vous des victimes perpétuelles parce que vous n’êtes pas des leurs ? Si votre situation ressemble à la leur, et il semble bien que ce soit la même, alors peut-être qu’il nous faut commencer à l’appeler par son nom : une descendance malfaisante du monstre Hitler utilisée par ceux qui en furent la première victime.
Et nous devons dire à Barack Obama que, soit il donne à George Mitchel de vrais pouvoirs, soit il le ramène à la maison. Nous sommes tous concernés par la devinette.
* George Polley était travailleur social en psychiatrie ; il est en retraite et écrivain. Originaire de Seattle (Etat de Washington - USA), il vit maintenant et écrit à Sapporo, Japon. Ses derniers livres sont : Le vieil homme et le singe, et Le Grand-père et le grand corbeau, chez les Editions Night.
Il a rédigé cet article pour PalestineChronicle.com.
18 juin 2010 - The Palestine Chronicle - traduction : JPP
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