vendredi 2 avril 2010

Une journaliste israélienne secrètement détenue, dans « la seule démocratie du Proche-Orient »

Publié le 1er-04-2010
Une journaliste israélienne, Anat Kam, est secrètement soumise depuis des mois à des arrêts domicilaires, et va prochainement être jugée pour espionnage et trahison, révèle l’agence de presse palestinienne Ma’an.

Anat Kam est accusée d’avoir, pendant son service militaire, réussi à soustraire de nombreux documents secrets montrant comment l’armée viole, non seulement le droit international, mais aussi la loi israélienne en matière d’exécutions sommaires de Palestiniens. Elle doit comparaître le 14 avril.
En l’occurrence, explique Ma’an, depuis un arrêt de la Haute Cour israélienne de 2006, l’armée conserve certes la faculté de procéder à des assassinats extra-judiciaires (dits « assassinats ciblés »), mais seulement s’il s’agit d’adversaires définis comme étant des « combattants ».
En pratique, ni l’armée, ni les escadrons de la mort du Shin Bet ne se sont arrêtés à de telles « broutilles juridiques », et ont continué de tuer qui ils voulaient. Les Palestiniens non armés qu’elle assassine lors de raids diurnes ou nocturnes sont invariablement mis sur le compte d’un « délit de fuite » obligeant à ouvrir le feu (de la même manière que la soldatesque française assassinait ses prisonniers algériens, dans le cadre de la procédure appelée « corvée de bois »).
Anat Kam, poursuit Ma’an, est accusée d’avoir transmis ces documents au journaliste du Haaretz Uri Blau, qui a publié un article sur le sujet en novembre 2008. Article qui avait passé le cap de la censure, affirme Ma’an, car il n’exploitait qu’une toute petite partie des documents, dévastateurs pour un système se piquant de démocratie, fournis par Anat Kam.
Mais, poursuit l’agence de presse palestinienne, la cible prioritaire de la caste militaire, au-delà de la jeune Anat Kam, reste bien le journaliste confirmé Uri Blau lui-même, qui a quitté Israël, et se trouverait actuellement au Riyaume-Uni.
Ma’an indique que l’affaire Kam est un secret de polichinelle pour la presse israélienne et les correspondants étrangers accrédités dans le pays, mais qu’aucun d’entre eux n’a osé jusqu’à présent braver la censure sur ce dossier.
Le reportage complet de Ma’an, en anglais, se trouve à : http://www.maannews.net/eng/ViewDetails.aspx ?ID=272097
CAPJPO-EuroPalestine