mardi 20 avril 2010

Le Proche-Orient est-il mûr pour un plan de paix américain ?

20/04/2010
 « Dans certains de ces conflits, les États-Unis ne peuvent pas 
imposer des solutions », avait déclaré le président Obama. Jewel 
Samad/AFP
 « Dans certains de ces conflits, les États-Unis ne peuvent pas imposer des solutions », avait déclaré le président Obama. Jewel Samad/AFP
La perspective d'une nouvelle stratégie du président Obama est assombrie par l'hostilité tenace séparant Palestiniens et Israéliens.
Alors que les pourparlers entre Israël et Palestiniens sont au point mort, les spéculations vont bon train à Washington sur la possible intention du président américain Barack Obama d'insuffler un nouvel élan en proposant son propre plan de paix. Mais la perspective d'une nouvelle stratégie américaine est assombrie par l'hostilité tenace séparant les deux camps, les récentes frictions entre Washington et le gouvernement israélien, et les divisions qui traversent le champ politique palestinien.
M. Obama présente d'ores et déjà les symptômes dont souffrent des présidents américains longtemps exposés au casse-tête du Proche-Orient : frustration, exaspération et détermination résignée à aboutir après avoir encaissé plus de revers que de succès sur le front des négociations de paix, au cours de sa première année à la Maison-Blanche.
« La vérité, c'est que dans certains de ces conflits, les États-Unis ne peuvent pas imposer des solutions à moins que les parties soient prêtes à rompre avec les vieux réflexes d'antagonisme », a déclaré le président la semaine dernière. Si personne ne croit que Washington peut « imposer » une solution, certains observateurs estiment qu'un plan ambitieux visant à focaliser l'attention des participants sur « les grands problèmes » pourrait aider à atténuer les tensions provoquées par des sujets périphériques mais chargés d'émotion.
L'alliance étroite entre les États-Unis et Israël est en crise depuis une visite en Israël du vice-président américain Joe Biden en mars, au cours de laquelle Israël avait annoncé de nouvelles constructions juives à Jérusalem-Est, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur État. Ne bougeant pas d'un iota, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a encore affirmé dans un entretien diffusé hier sur la chaîne américaine ABC que « les nouvelles demandes des Palestiniens de geler toute construction, toute construction juive dans les quartiers juifs à Jérusalem, sont complètement, complètement inacceptables ».
L'administration Obama affirme n'avoir pas encore décidé sur quelle voie s'engager dans ce dossier, mais elle pourrait s'inspirer de la vision donnée par Bill Clinton avant la fin de son mandat en 2001 : souveraineté palestinienne à Gaza et dans l'essentiel de la Cisjordanie, solution au problème des réfugiés palestiniens et garanties de sécurité pour les deux camps. Mais dévoiler un nouveau plan américain dans le contexte des tensions actuelles constitue une décision à haut risque, avertissent certains experts. « Je ne suis pas certain que ce soit le bon moment pour le président de faire ça, dans la mesure où quand on propose quelque chose, on est coincé avec », estime Steven Cook, du Conseil en relations étrangères (CFR).
Autre risque d'un plan Obama : s'il est rejeté par les deux parties ou qu'il échoue faute d'entente, le président américain aura alors grillé sa plus précieuse cartouche diplomatique. Les grand plans internationaux pour le Proche-Orient ont en outre tendance à partir à vau-l'eau, comme « la feuille de route » adoptée par le quartette pour le Proche-Orient (Union européenne, États-Unis, Russie et ONU) qui prévoyait initialement un État palestinien... en 2005.
Malgré tout, certains croient qu'un nouveau plan américain a des chances de fonctionner s'il est correctement défini et soutenu. « Il faut être extrêmement bien préparé, avoir deux, trois, quatre coups d'avance », affirme Daniel Levy, un ancien haut conseiller israélien aujourd'hui expert à la Fondation pour une nouvelle Amérique.
Reste à savoir si le gouvernement israélien de droite et les Palestiniens, divisés entre Hamas et Fateh, partagent le désir du président de venir à bout du conflit.
Stephen COLLINSON (AFP)