mercredi 5 août 2009

Un Texan fou de Dieu cherche la manne pétrolière en Terre sainte

05/08/2009
John Brown, propriétaire de Zion Oil and Gas, se fonde sur des versets de la Bible pour repérer les sites où se cache l'or noir.

John Brown, un Texan qui se présente comme un « chrétien sioniste », est convaincu d'avoir été investi d'une mission divine : trouver du pétrole au pays du lait et du miel, Israël. Pour Brown, 69 ans, le doute n'est pas permis, le sous-sol israélien regorge d'or noir. D'ailleurs, soutient-il, la Bible fournit toutes les indications nécessaires pour repérer les sites où se cache ce trésor.
Debout devant sa plate-forme de forage haute de 45 mètres qui se dresse dans le centre d'Israël, ce Texan proclame que le pétrole coulera à flots dans quelques mois en Terre sainte. « Il n'y a pas de peut-être qui tienne, cela va arriver », affirme-t-il. Et il n'est pas le seul à y croire dur comme fer. Sa compagnie, Zion Oil and Gas, cotée à la Bourse de New York, a ainsi levé récemment 21 millions de dollars pour financer le projet.
Mais en Terre sainte, de nombreux sceptiques n'ont pas oublié le mot de Golda Meïr, une ancienne Premier ministre d'Israël et « dame de fer » locale, selon lequel Moïse avait mis 40 ans pour sortir les Hébreux du désert afin de les mener au « seul endroit au Proche-Orient où il n'y avait pas de pétrole ».
« Elle avait tort », rétorque John Brown en s'agrippant à la vieille Bible qu'il a toujours à portée de main, et de citer des versets du livre qui selon lui constituent des indices sur l'existence de sites pétroliers. Rassurant, il précise toutefois que sa compagnie, fondée en l'an 2000, ne s'est pas contentée de telles références. Elle a aussi mené des études approfondies. « Ce qui a débuté comme un acte de foi a été étayé avec des preuves sismiques et scientifiques », s'enflamme-t-il. « C'est la géologie qui confirme la théologie », ajoute ce Texan qui n'a pas d'expérience en matière de pétrole, mais qui s'est entouré de professionnels du secteur. Et la découverte, en janvier, d'un vaste champ gazier au large des côtes israéliennes l'a encouragé.
Des travailleurs turcs et des géologues israéliens travaillent 24 heures sur 24 à Maanit, le site de forage situé à une cinquantaine de km au nord de Tel-Aviv. Selon Zion Oil, des indications sur la présence d'hydrocarbures y ont été découvertes en 2005 dans une couche située entre 3 636 et 4 696 mètres, mais des problèmes mécaniques ont empêché d'autres tests. Les travaux ont repris en mai et les responsables de la compagnie espèrent parvenir à une profondeur de 5 450 mètres.
« Tout récemment encore, les gens se moquaient lorsqu'on leur disait que nous projetions de prospecter », se souvient Richard Rinberg, le PDG de Zion Oil. Selon les responsables de la compagnie, aucun champ pétrolier d'importance n'a été découvert en Israël parce que les travaux de prospection ne sont pas allés assez profond. Les travaux entrepris par Zion Oil coûtent entre 30 000 et 50 000 dollars par jour, selon John Brown. Sa compagnie enregistrée dans l'État du Delaware (est des États-Unis) dispose de deux licences de prospection en Israël, couvrant une superficie de 132 hectares.
Dans sa brochure de présentation, Zion Oil affirme que sa vocation « est d'aider Israël à devenir indépendant politiquement et économiquement ». Une possible découverte d'une manne pétrolière en Israël aurait des implications majeures pour un pays situé dans une région qui dispose des principales réserves d'or noir dans le monde.
John Brown est confiant : le pétrole qu'il affirme être sur le point de faire jaillir sera de très bonne qualité. Et pour cause, proclame-t-il, car « je n'ose imaginer que Dieu ait donné moins à Israël qu'aux Arabes ».

Patrick MOSER (AFP)
l'orient le jour