samedi 14 novembre 2009

À Paris, Assad affirme que Netanyahu n’est pas prêt à la paix

14/11/2009
« Aujourd’hui, la Syrie veut la paix. (...) Ce qui nous manque, c’est un partenaire israélien », a dit Bachar el-Assad, hier, à Paris. Gonzalo Fuentes/Reuters
« Aujourd’hui, la Syrie veut la paix. (...) Ce qui nous manque, c’est un partenaire israélien », a dit Bachar el-Assad, hier, à Paris. Gonzalo Fuentes/Reuters
DIPLOMATIE La visite du président syrien en France devait aussi être l'occasion de faire le point sur les relations entre Damas et l'Union européenne.

Le président syrien Bachar el-Assad, en visite à Paris où son homologue français Nicolas Sarkozy cherche à jouer un rôle au Proche-Orient, a affirmé hier que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n'était, selon lui, pas prêt à la paix. « Aujourd'hui, la Syrie veut la paix. Il existe un médiateur qui est la Turquie et qui est prêt à reprendre sa médiation. Il existe également un soutien français et européen à ce processus. Ce qui nous manque, c'est un partenaire israélien qui est prêt à aller de l'avant et à parvenir à un résultat », a-t-il poursuivi. Le processus de discussions entre la Syrie et Israël « ne peut pas repartir avec une seule partie », a encore dit M. Assad, qui semblait ainsi opposer une fin de non-recevoir à une proposition de M. Netanyahu d'engager un dialogue direct. Le chef du gouvernement israélien, qui avait été accueilli par M. Sarkozy mercredi, avait fait savoir qu'il était « prêt à rencontrer le président syrien à tout moment et où que ce soit pour reprendre les négociations de paix, sans aucune condition préalable ». « Si M. Netanyahu est sérieux, il peut envoyer son équipe d'experts, nous enverrons notre équipe d'experts en Turquie. Alors ils pourront parler s'ils sont vraiment intéressés », a insisté le président syrien, soucieux de ne pas fermer toutes les portes. « Le médiateur turc a annoncé qu'il était tout à fait prêt à reprendre son rôle (...), si les Israéliens sont sérieux, ils pourront aller dans cette direction », a-t-il répété, accusant Israël de jouer sur les mots. « Tous ces jeux sur les mots de la part des Israéliens visent à ce qu'il n'y ait ni exigences ni droits qui pourraient être récupérés », a-t-il regretté.
Israël et la Syrie sont formellement en état de guerre depuis 1948, mais ils ont signé des accords d'armistice et de cessez-le-feu. En échange de la paix, la Syrie exige la restitution intégrale du plateau du Golan conquis par l'armée israélienne en juin 1967 et annexé par l'État hébreu en 1981. Après un gel de huit ans, les deux pays avaient repris en mai 2008 des négociations indirectes, sous l'égide de la Turquie, afin de parvenir à un accord de paix. Mais ces négociations avaient été interrompues lors de l'opération israélienne « Plomb durci » (décembre 2008-janvier 2009) dans la bande de Gaza contrôlée par les islamistes du Hamas. Toutefois, depuis plusieurs semaines, des signaux, venus aussi bien d'Israël que de la Syrie, montrent que les deux pays sont ouverts à une reprise des discussions.
« La Syrie n'a pas de conditions, la Syrie a des droits et la Syrie ne cédera jamais sur ces droits », a souligné hier M. Assad dans une allusion au plateau du Golan. Si, pour la Syrie, le Golan n'est pas négociable, elle se dit prête à négocier avec Israël « d'autres éléments de la paix », comme l'eau, la normalisation des relations et les arrangements de sécurité.
Parallèlement, concernant les relations entre la Syrie et les États-Unis, M. Assad a affirmé dans une entrevue publiée hier par Le Figaro qu'elles se sont améliorées, mais « de manière mesurée ». « Nous n'en sommes pas encore au regain de confiance » entre Damas et Washington, a-t-il ajouté.
Interrogé sur la question de la démocratie en Syrie, M. Assad a répondu : « Je ne peux pas dire que nous effectuons des pas rapides, mais je dis toujours que nous allons lentement mais sûrement. »
Bachar el-Assad était venu à Paris en 2008 pour le lancement de l'UPM et la fête nationale française du 14 Juillet. Nicolas Sarkozy est allé deux fois à Damas depuis son arrivée à l'Élysée, le 4 septembre 2008 et en janvier 2009. Son conseiller diplomatique, Jean-David Levitte, et le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, s'y rendent régulièrement.
Claude Guéant devait participer hier soir à un dîner de Bachar el-Assad avec des chefs d'entreprises français dans un hôtel particulier voisin du palais de l'Élysée. La ministre française de l'Économie, Christine Lagarde, doit aller d'ici à la fin de l'année en Syrie pour évoquer les échanges économiques franco-syriens.
Selon l'Élysée, la visite du président Assad devait aussi être l'occasion de faire le point sur les relations entre la Syrie et l'Union européenne. L'UE a proposé à la Syrie un accord d'association, que Damas a cependant refusé jusqu'ici de signer. « Il faut d'abord éliminer un certain nombre de points économiques et administratifs qui sont, pour nous, négatifs », a expliqué Bachar el-Assad.