lundi 23 novembre 2009

Les USA devraient agir contre l’apartheid israélien

dimanche 22 novembre 2009 - 19h:27

Sam Jadallah
Mercury News

De toute évidence, les dirigeants d’Israël sont incapables de reconnaître la liberté et l’égalité [des Palestiniens] sans un message clair et fort des Etats-Unis. Et plus nous soutiendrons le régime militaire et la discrimination, plus nous nous éroderons notre leadership.

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Ni la liberté ni l’égalité ne peuvent être bradées.
Check-point d’Huwara, Cisjordanie occupée - photo AP/N. Ishtayeh


Le 3 novembre est, selon Philip Weiss [journaliste d’investigation états-unien] sur son blog, « historiquement un jour noir » pour le Congrès des Etats-Unis. Les républicains et les démocrates de la Chambre des représentants se sont alignés pour voter contre la mission d’enquête des Nations unies effectuée par le juge Richard Goldstone, et pour cogner sur Goldstone, sioniste fervent, parce qu’il avait eu la témérité d’inventorier les crimes de guerre d’Israël à Gaza l’hiver dernier. Sans exprimer le moindre regret à propos des 300 enfants palestiniens tués dans les attaques d’Israël, cette résolution navrante met notre Congrès à la limite d’une négation des crimes de guerre recensés.

La rhétorique du Congrès persiste à mettre les responsabilités sur le dos des Palestiniens, insistant sur le fait que dans une large mesure, ils seraient responsables de leur propre misère. Mais il est absurde de penser que les Palestiniens pourraient capituler simplement pour vivre sous une discrimination permanente et un régime militaire répressif.

La liberté et l’égalité doivent être des cartes maîtresses dans les efforts américains pour assurer la paix dans la région. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, repousse cette idée avec des propos trompeurs et poursuit la colonisation du territoire palestinien. Il notifie des mises en garde, fixe de limites et des conditions dans le but de s’assurer que les Palestiniens ne pourront pas réaliser leurs rêves et leurs aspirations fondamentales.

Sa dernière condition exige qu’Israël soit reconnu en tant qu’Etat juif, en dépit des 20% de la population d’Israël qui sont des Palestiniens. Cette exigence ressemble à celle de George Wallace qui tenait à ce que Martin Luther King Jr reconnaisse les Etats-Unis en tant qu’Etat blanc.

Pourtant, les dirigeants états-uniens, qui ne soutiendraient jamais que les Etats-Unis sont un Etat blanc, le soutiennent pour Israël, bien que de tels propos relèguent implicitement les citoyens palestiniens à un statut d’inférieurs.

Déjà, plus de 20 lois israéliennes privilégient les citoyens juifs et discriminent les Palestiniens. Et dans la Cisjordanie contrôlée par les Israéliens, les Palestiniens sont confrontés à des interdictions d’emprunter telle et telle routes, à une répartition injuste de l’eau et à un double système législatif.

La question est de savoir comment sortir de cette impasse. Je me tourne vers les recommandations qu’a faites Nelson Mandela lorsqu’on lui a proposé de sortir de sa cellule de prison. Il a demandé, « Quelle liberté m’offre-t-on quand il me faut demander une permission pour vivre dans une zone urbaine ? Quelle liberté m’offre-t-on quand il me faut un tampon sur un laissez-passer pour pouvoir chercher du travail ? »

J’ai des doutes profonds sur les intentions de Netanyahu quand je vois qu’il y a quelques jours, une étudiante de l’université de Bethléhem a été renvoyée à Gaza parce qu’elle se trouvait en Cisjordanie, « illégalement » occupée par Israël. Les tampons sur le laissez-passer d’Israël pour cette jeune femme, Berlanty Azzam, sont tout aussi funestes qu’en Afrique du Sud de l’apartheid.

La vie des Palestiniens est de plus en plus façonnée par une discrimination mutilante et par le désespoir. Le temps est fini depuis longtemps du « progrès économique », de « l’assouplissement des restrictions aux déplacements » et autres mesures sans réelle portée pour les Palestiniens, mesures qui éludent toute solution juste et juridiquement fondée. Il n’y a qu’en se concentrant sur le prix - la liberté et l’égalité qui, ni l’une ni l’autre, ne peuvent être bradées - qu’on empêchera la situation de se détériorer radicalement, et rapidement.

Les Américains qui ont combattu Jim Crow [les lois Jim Crow : série d’arrêtés et règlements raciaux promulgués surtout dans les municipalités ou Etats du sud des Etats-Unis entre 1876 et 1965 - Wikipédia) et l’apartheid doivent en rejeter la version moderne dans les territoires palestiniens occupés. Le leadership de l’Amérique est fondé sur la promotion de la liberté et de l’égalité à travers le monde, alors commençons avec nos alliés.

L’Afrique du Sud n’a connu la liberté que lorsque le président F. W. de Klerk a libéré Mandela et légalisé son organisation « terroriste » ANC, poussé par les boycotts de l’extérieur et les pressions politiques. De toute évidence, les dirigeants d’Israël sont incapables de reconnaître la liberté et l’égalité [des Palestiniens] sans un message clair et fort des Etats-Unis. Et plus nous soutiendrons le régime militaire et la discrimination, plus nous nous éroderons notre leadership.

Il est temps pour nos dirigeants de renforcer nos valeurs et d’appeler les dirigeants israéliens à suivre l’Afrique du Sud sur le chemin de la paix. Toute solution passe d’abord par un engagement clair et immédiat pour le respect de la liberté et de l’égalité.

Les dirigeants états-uniens et israéliens doivent remplacer la rhétorique par une liberté et une égalité tangibles pour toute une population de ce pays frustré depuis si longtemps de ces bienfaits.

La liberté ne peut pas attendre. (JPG)


Sam Jadallah est un investisseur en capital-risque à Sillicon Valley, ancien cadre à Microsoft et cofondateur et président du conseil d’administration de l’Institut pour la compréhension du Moyen-Orient. Il a écrit cet article pour Mercury News.

17 novembre 2009 - Mercury News - traduction : JPP