samedi 10 octobre 2009

Utiliser la peur pour vendre la politique israélienne

Israel - 09-10-2009
Des visites militaires proposées aux touristes occidentaux
Par Amanda Mueller
Pendant huit jours fin octobre, les touristes occidentaux peuvent participer à une tournée intitulée “Mission Ultime”, proposée par le groupe israélien de droite Shurat HaDin (centre juridique d’Israël). Pour 2.795 US$ (1.895€), plus le billet d’avion et un don d’au moins 500$ (340€) au groupe qui se vend lui-même comme une association pour les droits de l’homme, les participants passent huit jours à visiter les bases militaires israéliennes, à écouter des conférences données par des responsables militaires, à observer les checkpoints, à se déplacer dans les zones frontalières libanaises et de Gaza, à rencontrer des anciens agents secrets du Mossad, à assister à des tribunaux militaires, à inspecter le mur et à rencontrer des politiciens israéliens en poste.




















Scène quotidienne en Palestine occupée que les touristes de la Mission Ultime ne verront certainement pas...


Une partie du projet, qui vise à générer un soutien occidental aux Israéliens, comprend des conférences et des visites sur ce qui est perçu comme les questions actuelles les plus pertinentes : le mur, les checkpoints et les tribunaux militaires. On donne aux touristes un aperçu d’un checkpoint et on les invite à voir les forces militaires à l’œuvre. Ils vont ensuite voir un côté du mur à Qalqilia, un district qui est encerclé et complètement coupé de ses terres.

Visant à vendre aux touristes la notion que les checkpoints et le mur ont réussi à garantir la sécurité israélienne, le groupe assiste également à un procès dans un tribunal militaire présenté comme « observer un procès de sécurité d’un terroriste du Hamas ». Alors que la famille et les amis palestiniens sont interdits d’entrer dans le tribunal, l’accès est accordé aux touristes, avec un exposé sur la procédure par l’un des juges militaires.

La visite a lieu à Ofer, la prison construite sur les terres de Ramallah, où, si la famille et les amis palestiniens peuvent assister à la première comparution, seules deux personnes par prisonniers politiques sont autorisées à entrer, laissant beaucoup d’autres attendant, à l’extérieur des grilles de la base militaire, d’avoir des nouvelles de leurs proches.

Les seules conversations que les participants à cette tournée ont avec les Palestiniens sont pendant des exposés avec ceux présumés collaborer avec l’armée israélienne.

Les sujets de pratiques juridiques discriminatoires, violations des droits de l’homme, harcèlements aux checkpoints, raids nocturnes, destruction des biens et démolition des maisons au bulldozer ne sont pas mentionnés. Bien que Shurat HaDin affirme n’avoir aucune affiliation avec des groupes politiques ou gouvernementaux, il est clair que le gouvernement israélien soutient et approuve ces tournées en permettant aux Occidentaux ce type d’accès.

Une ancienne participante à la tournée Mission Ultime, Melissa Reed, a commenté : « A travers les conférences auxquelles nous avons participé, la tournée a essayé de créer une victimisation d’Israël, tout en ventant ses efforts militaires. J’ai été déçue de voir combien la tournée était partiale, n’offrant pas à un seul Palestinien l’opportunité de parler du conflit. C’est sans aucun doute un programme de propagande. »

Reed est officier de la force opérationnelle anti-terroriste des Etats-Unis. Elle a participé à la tournée à la demande de son employeur. Ayant reçu un itinéraire partiel avant son départ, elle s’attendait à une visite tout-à-fait différente.

« Il est clair que cette tournée est créée pour susciter un soutien pour l’armée israélienne et qu’il cible les Américains, et en particulier les Juifs américains. Faisant partie d’une force opérationnelle anti-terroriste, le ‘choc et effroi’ qu’Israël présente dans cette visite n’a pas eu sur moi les mêmes résultats qu’il a eu sur la moyenne de la quarantaine d’Américains, non exposés à des opérations militaires et politiques, » dit Reed.

Dès son retour chez elle, elle a commencé à recevoir des mails pro-sionistes.

La première tournée de Shurat HaDin a été organisée en 2003, en réponse à un effondrement du tourisme israélien. Il y a eu 74 participants. En recevant le don minimum obligatoire de 500US$ par participant, le groupe a gagné au moins 37.000€ en une seule tournée. En 2006, il y a eu 11 tournées, avec une moyenne de 50 participants chacune. Nous n’avons pas pu avoir communication du nombre de tournées organisées depuis 2003, ni du montant réuni par ses visites.

Le centre est situé à Tel-Aviv, et a été créé par Nitsana Darshan-Leitner. Affirmant avoir pris pour modèle l’ONG américaine ‘Southern Poverty Law Center’, Shuar HaDin se centre sur la défense des litiges des soldats et officiers israéliens, ainsi que sur les actions en justice pour mettre en faillite les soi-disant « organisations terroristes ». Sur leur site web, ils se vantent d’être responsables d’une baisse de 60% des « activités terroristes » à Gaza.

Bien qu’ils prétendent n’avoir aucune affiliation gouvernementale ou religieuse, les déclarations faites dans la presse par Darshan-Leitner et l’itinéraire de la Mission Ultime suggèrent de solides liens militaires, gouvernementaux et religieux. C’est Darshan-Leitner, et Shurat HaDin, qui a demandé l’annulation de l’accréditation du journaliste français Charles Enderlin sur l’affaire Al-Duraen 2000, portant l’affaire devant les tribunaux en 2008, et la perdant.

Shurat HaDin organise de multiples Missions ultimes chaque année, réunissant d’énormes sommes d’argent pour leur organisme en utilisant la peur pour vendre la politique israélienne discriminatoire à des touristes sans méfiance.


Note ISM :
Sur le site de Shurat HaDin, on peut voir la présentation de la prochaine Mission Ultime, du 2 au 26 novembre 2009.
Source : PNN