mercredi 28 octobre 2009

Les jeunes footballeuses donnent un semblant de normalité à la Palestine

28/10/2009
Des supporters très enthousiastes.              Photos Abbas Momani/AFP
Des supporters très enthousiastes. Photos Abbas Momani/AFP
Le ballon rond féminin palestinien existe officiellement depuis un an seulement.
Des gradins emplis de supporters fervents, un stade pavoisé : les jeunes internationales de foot de Palestine ont accueilli lundi soir leurs consœurs jordaniennes pour leur premier match à domicile et savouré pendant 90 minutes un semblant de normalité.
« Je suis là pour encourager les Palestiniennes, c'est leur premier match ici », s'enthousiasme Balqees al-Rajoub, 11 ans, originaire de la ville voisine de Ramallah avec ses parents. « J'adore le foot », ajoute la fillette qui a déjà vu jouer l'équipe masculine dans le même stade Fayçal Husseini à al-Ram, le seul terrain palestinien homologué pour les rencontres internationales.
Dans une ambiance très bon enfant, 10 000 fans - en majorité des adolescentes - s'époumonent aux cris de « Palestine, Palestine ». Certaines portent le hijab, d'autres ont les cheveux découverts, mais toutes agitent avec la même ferveur des drapeaux palestiniens. Elles sont venues de toute la Cisjordanie, avec des bus affrétés par les autorités, pour assister à ce match amical organisé sous l'égide de la FIFA, en présence du Premier ministre palestinien Salam Fayyad.
« L'équipe nationale palestinienne joue à la maison, c'est un événement historique », explique Wafa al-Qadi, la présidente du club féminin de Jéricho, entourée de lycéennes. « C'est important qu'elles puissent participer à des compétitions sportives de ce genre comme les femmes des autres pays. On veut montrer au monde que nous sommes un peuple éduqué et développé, des gens normaux et pas des terroristes ou des lanceurs de pierres », souligne-t-elle. « Pour les femmes, c'est une vraie fête. Jusqu'ici, le football était réservé aux hommes », ajoute Mme al-Qadi.
« Jouer contre une autre équipe, c'est une façon d'exister pour nous. Ça montre au monde le vrai visage de notre société », déclare Dana Nasrallah, 17 ans, qui joue au football à Tulkarem.
Le ballon rond féminin palestinien existe officiellement depuis un an seulement, lorsque le patron de la Fédération palestinienne de football (PFA), Jibril Rajoub, a lancé un championnat de première division, composé pour l'heure de sept équipes. Mais comme le foot masculin, il est d'un niveau amateur, et manque de moyens et d'infrastructures.
Dans les gradins, les lazzis machos du public masculin fusent lorsque les Palestiniennes encaissent le premier but. Mais tous, hommes et femmes confondus, chantent à l'unisson lorsqu'elles reviennent au score sur un penalty, le premier but à domicile de l'histoire du football international féminin palestinien. Le stade explose de joie quand les Palestiniennes marquent une seconde fois, encore sur penalty. Mais le rêve d'une victoire historique s'évanouit à cinq minutes de la fin quand la gardienne palestinienne laisse échapper un ballon jordanien.
« Ce n'est pas grave si on perd, ce qui compte, c'est participer et offrir au monde cette image », philosophe Louy Elayyan, un Palestinien de Bethléem âgé de 20 ans. « C'est important de les soutenir parce que ce sont des femmes de chez nous. On veut vivre comme tout le monde, dans une société démocratique et pas sous occupation (israélienne) », renchérit son ami Nidal Ayyoush.
De fait, le conflit israélo-palestinien n'est jamais loin, jusque dans les stades. À la mi-temps, les haut-parleurs ont joué des extraits de discours de Yasser Arafat, le leader historique palestinien, décédé en 2004.

Djallal MALTI (AFP)