samedi 17 octobre 2009

Le rapport Goldstone validé à Genève

17/10/2009
Le vote du Conseil des droits de l’homme renvoie, de facto, le rapport Goldstone à l’Assemblée générale et surtout au Conseil de sécurité de l’ONU.                                 Jean-Pierre Clatot/AFP
Le vote du Conseil des droits de l’homme renvoie, de facto, le rapport Goldstone à l’Assemblée générale et surtout au Conseil de sécurité de l’ONU. Jean-Pierre Clatot/AFP
Israël déplore l'adoption du document qui l'accuse de « crimes de guerre » à Gaza, tandis que les Palestiniens applaudissaient un vote qui renvoie le dossier devant le Conseil de sécurité.
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté hier une résolution initiée par les Palestiniens qui approuve le rapport Goldstone dénonçant des crimes de guerre lors du conflit à Gaza l'hiver dernier, et renvoie de facto le dossier au Conseil de sécurité à New York. L'adoption, votée à une faible majorité des 47 membres du Conseil des droits de l'homme, a provoqué un tollé du côté d'Israël tandis que l'Autorité palestinienne et le Hamas ne cachaient pas leur satisfaction. Cette résolution « entrave les efforts pour promouvoir la paix au Proche-Orient », a averti le ministère israélien des Affaires étrangères dénonçant « un encouragement pour les organisations terroristes dans le monde entier ». De son côté, l'Autorité palestinienne à l'origine du texte s'est félicitée du vote obtenu grâce au soutien du groupe arabe, de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), des non-alignés et des pays africains, majoritaires au Conseil des droits de l'homme. « Nous espérons maintenant que le rapport (Goldstone) sera porté devant le Conseil de sécurité » de l'ONU, a déclaré à l'AFP le négociateur palestinien Saëb Erakat. Quant au mouvement islamiste Hamas, rival de l'Autorité palestinienne et qui contrôle la bande de Gaza, il a espéré « que ce vote conduira à un procès des chefs de l'occupation (israélienne) ».
Le satisfecit des Palestiniens est d'autant plus marqué qu'il y a deux semaines, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU avait décidé de reporter de six mois l'examen du rapport ultrasensible produit par le juge sud-africain Richard Goldstone et qui accuse l'armée israélienne ainsi que les militants palestiniens d'avoir commis « des crimes de guerre » et « de possibles crimes contre l'humanité » durant l'offensive israélienne à Gaza de décembre-janvier. La décision avait été soutenue alors par l'Autorité palestinienne. Mais elle s'est avérée politiquement catastrophique pour le président palestinien Mahmoud Abbas qui a finalement opéré un revirement à 180 degrés et réclamé une session au plus vite auprès du Conseil genevois.
À l'issue de deux jours mouvementés, la résolution palestinienne a finalement été adoptée hier par 25 voix contre six votes négatifs (dont les États-Unis) et onze abstentions. Cinq États dont la France et le Royaume-Uni ont refusé de participer. Le texte contesté « apporte son soutien aux recommandations » du rapport Goldstone, approuvant la demande d'enquêtes indépendantes des deux protagonistes pour punir les responsables d'exactions. Il appelle également « toutes les parties concernées dont les organes de l'ONU à assurer » son application « en accord avec leurs mandats respectifs ». Ce qui signifie en clair qu'il renvoie, comme le préconise le juge Goldstone, le rapport aux instances onusiennes de New York, l'Assemblée générale et surtout le Conseil de sécurité, censé, selon les recommandations, saisir le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) en cas d'échec des enquêtes. De nombreux pays, dont l'Union européenne et les États-Unis, sont montés au créneau pour empêcher une telle éventualité, craignant qu'elle ne complique les fragiles tentatives de paix entre Israéliens et Palestiniens.
Cette résolution, qui dénonce également « des violations israéliennes des droits de l'homme à Jérusalem-Est occupée », est éminemment « politique » et « a été motivée par des considérations interpalestiniennes et arabes », s'est inquiété un diplomate européen. Et « en transmettant le dossier à New York, elle le conduit à une impasse » en raison du veto attendu des Américains au Conseil de sécurité, ajoute-t-il.