dimanche 27 septembre 2009

Assassinat de trois militants du Djihad islamique


Escalade militaire israélienne dans la bande de Ghaza

Atteint de plein fouet, le véhicule s’est transformé en un amas de ferraille calciné, les trois jeunes militants n’avaient aucune chance d’en sortir vivants

Assassinat de trois militants du Djihad islamique

Ghaza

De notre correspondant

Trois militants des brigades d’El Qods, la branche armée du Djihad islamique, ont été assassinés vendredi soir dans le quartier Ettefah, situé au nord-est de la ville de Ghaza. Les trois hommes étaient à bord d’un véhicule particulier lorsqu’ils ont été ciblés par une roquette air-sol tirée par un avion israélien. Atteint de plein fouet, le véhicule s’est transformé en un amas de ferraille calciné, les trois jeunes militants n’avaient aucune chance d’en sortir vivants. Des sources hospitalières palestiniennes ont confirmé l’arrivée de trois cadavres calcinés et mutilés à l’hôpital El Shifa de Ghaza. Après identification, il s’est avéré que l’un des trois morts, Kamel Eddahdouh, âgé de 21 ans, n’est autre que le fils de Khaled Eddahdouh, un responsable des brigades d’El Qods, tué dans des conditions similaires en 2006. L’armée de l’air israélienne « a visé et atteint trois terroristes qui étaient en route pour lancer des roquettes sur le sud d’Israël », a déclaré, pour sa part, un porte-parole de l’armée israélienne qui a accusé les trois hommes d’avoir tiré des roquettes contre le sud d’Israël la semaine passée.

Aucune opération d’assassinat ciblé n’a été exécutée par l’armée de l’air israélienne dans la bande de Ghaza depuis la fin de l’agression de grande envergure du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, durant laquelle près de 1500 Palestiniens, en majorité des civils, avaient été tués alors que plus de 5000 autres avaient été blessés. Par ailleurs, des témoins oculaires ont rapporté qu’après l’assassinat des militants du Djihad islamique, dans la même soirée, des chars israéliens, postés à l’est de la bande de Ghaza, côté israélien de la ligne de frontière avec l’enclave palestinienne, ont ouvert le feu contre les maisons situées à l’est du quartier populeux de Chedjaâiya, à l’est de Ghaza, et tiré pas moins de 4 obus dans des régions non habitées du même quartier. La riposte palestinienne est venue, hier, à l’aube avec un tir d’une roquette, de fabrication locale de type Aqsa3, contre le poste militaire israélien de Kissoufim, dans le sud de l’Etat hébreu.

Le tir a été revendiqué dans un communiqué signé conjointement par les brigades d’El Qods et les brigades des Martyrs d’El Aqsa, la branche armée du Fatah. L’armée israélienne avait averti les citoyens habitant les localités proches de la bande de Ghaza telles Sderot, fréquemment ciblées par les roquettes des résistants palestiniens, de la possibilité de l’augmentation des tirs palestiniens après l’assassinat des hommes du Djihad islamique qui a promis de les venger. Il faut souligner que peut-être, et dans le but de mettre un terme à la trêve non officielle qui prévaut depuis la dernière guerre, ces dernières semaines l’armée israélienne a intensifié ses opérations militaires dans la bande de Ghaza. En effet, des incursions limitées de blindés israéliens, accompagnés le plus souvent de bulldozers dont la mission est de dévaster le plus de surfaces possibles de terres agricoles, se sont répétées sur plusieurs axes, toujours près des localités avoisinant la ligne de frontière. Le survol de la bande de Ghaza par divers avions et surtout par des drones (avions espions israéliens), est devenu beaucoup plus fréquent.

Les citoyens s’aperçoivent de la présence de drones quand les émissions de télévision sont brouillées, au point que l’image disparaît complètement. Doté également de roquettes, il est de plus en plus utilisé dans les opérations d’assassinat ciblés, comme celui de vendredi dernier. De son côte, la marine de guerre israélienne, qui participe de façon active au blocus imposé par Israël à ce territoire palestinien, a renforcé ses mesures répressives contre les pêcheurs de Ghaza. Les patrouilleurs israéliens tirent presque quotidiennement sur les embarcations palestiniennes, faisant souvent des morts et des blessés parmi les pêcheurs. Trois pêcheurs ont ainsi été tués, 22 autres blessés depuis la fin de la dernière guerre à Ghaza, alors que plus de 122 embarcations ont été totalement ou partiellement endommagées par des tirs israéliens. En fin de semaine, 5 pêcheurs ont été arrêtés et leur embarcation confisquée au large des côtes de Ghaza. Le meurtre prémédité des hommes du Djihad est intervenu alors que la résistance palestinienne a diminué au maximum ses activités militaires, au point que des officiers israéliens ont reconnu que la frontière entre la bande de Ghaza et l’Etat hébreu connaît un calme jamais observé depuis une quinzaine d’années.

Cet assassinat a, en fait, pour but de brouiller les cartes et susciter des réactions violentes de la part des Palestiniens qui seront utilisées, par la suite, comme prétexte à de plus grandes campagnes militaires de plus en plus sanglantes. Ainsi, les Palestiniens doivent s’attendre, dans un proche avenir, à plus d’agressions militaires dans la bande de Ghaza, et plus de colonisation en Cisjordanie occupée, ainsi que dans la ville sainte d’El Qods. Une situation idéale pour concrétiser les vœux du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, d’empêcher toute création d’un Etat palestinien digne de ce nom.



Par Fares Chahine