lundi 24 août 2009

Je vis dans une tente, sans aucune intimité

Gaza - 23-08-2009
Par Ayman T. Quader
Et à chaque fois, elle tente de comprendre ce qui lui est arrivé; elle se demande: quelle est ma faute?, Que va-t’il se passer pour moi dans ma tente?
Ilham, 30 ans, mère de 6 enfants, vit à Al-atatra, au nord de la bande de Gaza. La guerre israélienne a eu un impact énorme sur elle : elle a détruit sa maison, la maison de ses parents et a tué son frère.
























Photo Ayman T. Quader : Tente d'Ilham et sa famille à Attatra, au nord de la Bande de Gaza


Ilham et sa famille ont passé 25 jours dans l'une des écoles de l'Agence d’Aide et de Secours des Nations Unies (UNRWA), pour s’abriter des missiles au phosphore qui répandaient la mort parmi la population de la bande.

Elle dit: "Les forces armées israéliennes ont bombardé notre maison avec de nombreux missiles, détruit ses murs, mis le feu dans les chambres, répandu l'obscurité autour de nous (elle veut dire les fumées des missiles), à un tel point que nous ne pouvions plus respirer ... et des heures plus tard, au cours desquelles nous avons été confrontés à la mort, l'ambulance nous a transportés à l'hôpital.

Nous nous sommes installés dans l’école Asmaa Gaza Al Jadida, à la recherche d'une certaine sécurité, car nous étions cinquante personnes de différentes familles, à dormir dans la même pièce: des hommes, des femmes et des enfants, je ne me sentais pas du tout en sécurité.

Je ne pouvais pas fermer les yeux pendant la guerre et durant toute la période que nous avons passée à l'école, sans parler du bruit horrible des missiles et des roquettes qui tombaient tout autour de nous.

Je portais le niqab depuis plusieurs années, mais lorsque je me suis retrouvée à l'école avec cinquante autres personnes, la plupart d'entre eux étaient des hommes, dans une pièce qui ne dépassait pas les 16 mètres carré, j’ai été obligée de l’abandonner. J'ai perdu ma liberté pendant la guerre et même après.

Maintenant, je vis dans une tente qui ne dépasse pas les 8 mètres carrés, sans aucun respect de la vie privée. Après avoir été dans cette école, où je ne pouvais même pas obtenir les besoins humains de base, il n'y avait pas d'eau, les femmes ont dû aller à l'hôpital de « dar Shefa » pour prendre une douche.

Nous devions faire de nombreux kilomètres à pied chaque semaine, en groupe de femmes, juste pour se laver, j'ai eu un sentiment d'humiliation et de désespoir, surtout lorsque nous avons été contraints de quitter l'hôpital, en raison du nombre élevé de martyrs et de victimes. Leurs corps prenaient toute la place. En outre, l'hôpital n'est pas un endroit pour prendre des douches...

Ma maison a été détruite pendant la guerre et tout ce que je possède maintenant, c'est une tente qui ne dépasse pas les quelques mètres carrés, et mes enfants et moi dormons sur le sable.

Mes nuits sont devenus comme mes jours, tout a changé dans ma vie après le 27 Décembre 2008. Tout ce qui nous reste, à moi et à mes enfants, ce sont nos souvenirs. Je me sens toujours profondément opprimée.

Quelle est ma faute? Et pourquoi dois-je vivre dans cette humiliation? Qui pourrait supporter ce que nous vivons?


Puis Ilham sourit. Elle se souvient que son mari est revenu aujourd'hui avec un cadeau des ruines de leur maison, où il se rend chaque jour afin de récupérer quelques ustensiles de cuisine, parmi les décombres. Aujourd'hui, il est revenu avec le robot de cuisine, c’était un cadeau de son frère, celui qui a été tué pendant à la guerre.

Malgré la tristesse de sa mort, elle était tellement heureuse de récupérer le robot et elle était également heureuse de préparer avec de la nourriture et des cookies pour ses enfants ... mais la cuisine pour ses enfants est un rêve, un rêve qui n'a jamais été atteint car dans la bande de Gaza, il n’y a pas de nourriture et pas d'électricité ...

Ilham tape sur l’épaule de son fils (Samed), un an et demi, tout en le tenant par la main, comme si elle s'excusait pour ce qui lui arrive, et pour ne pas être en mesure d'alléger ses souffrances et l'agonie après avoir respiré du phosphore blanc, qui exténue son petit corps.

En face, sa sœur Ryman, âgée de six ans, intervient dans la conversation en disant: "Notre maison me manque, je veux jouer à la balançoire que mon père avait fait pour moi, puisque je ne peux pas dans la rue ..."
Source : http://www.peaceforgaza.blogspot.com/
Traduction : MG pour ISM