jeudi 25 juin 2009

Washington poursuit son rapprochement avec Damas au moment où l’Iran va mal
25/06/2009

DIPLOMATIE Les États-Unis ont annoncé leur décision d'envoyer à nouveau un ambassadeur en Syrie après quatre ans de froid.

« La décision a été prise d'envoyer à nouveau un ambassadeur à Damas. Le processus prendra cependant quelque temps », a déclaré hier à l'AFP un responsable de l'administration américaine sous le couvert de l'anonymat. Le porte-parole de l'ambassade de Syrie à Washington, Ahmad Salkini, a indiqué ne pas être surpris par cette annonce, sans toutefois la confirmer officiellement. « Au vu de nos discussions avec les responsables américains, nous sentions que cela n'allait pas tarder », a déclaré le porte-parole à l'AFP. « Mais il n'y a eu aucun communiqué officiel. » « Si ces informations sont exactes, c'est indéniablement un pas dans la bonne direction et indéniablement un signe de sincérité de la part de l'administration Obama au sujet du dialogue avec la Syrie », a-t-il ajouté.
Les États-Unis avaient rappelé leur ambassadeur à Damas après l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri en 2005, pour lequel le régime syrien avait été montré du doigt. L'ambassade est depuis restée ouverte, dirigée par un chargé d'affaires. Mais depuis son entrée en fonctions en janvier 2009, la nouvelle administration de Barack Obama a engagé des contacts diplomatiques prudents avec la Syrie, décrite par George W. Bush comme un « État voyou » mais dans laquelle le nouveau président américain voit une des clés de la paix au Proche-Orient.

« Il y a beaucoup de travail à faire dans la région pour lequel la Syrie peut jouer un rôle. Cela aidera d'avoir sur place une ambassade avec un staff complet », a déclaré au New York Times d'hier un haut responsable de l'administration américaine. L'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, s'est rendu le 14 juin à Damas pour y rencontrer le président syrien Bachar el-Assad. Il a qualifié ses entretiens de « sérieux et productifs », rappelant que « l'objectif du président (Obama) a toujours été, depuis le début, une paix globale dans la région ». « Comme je l'ai répété à de multiples reprises, publiquement et en privé, cela veut dire une paix entre Israël et les Palestiniens, entre Israël et la Syrie, entre Israël et le Liban, et une pleine normalisation des relations entre Israël et tous ses voisins », a-t-il ajouté.
Commentant cette visite, le quotidien gouvernemental syrien as-Saoura avait relevé « un véritable optimisme car les deux parties ont réalisé l'importance d'améliorer leurs relations pour aboutir à une paix globale ».
Cette annonce intervient aussi au moment où le principal allié de la Syrie, le régime islamique iranien, est confronté à un mouvement de contestation populaire sans précédent depuis la révolution de 1979, après un scrutin présidentiel contesté. Selon le commentateur du Washington Post David Ignatius, l'administration américaine considère que les manifestations populaires en Iran, même si elles semblaient s'essouffler hier après une répression violente, ont changé la donne. « Au moment où l'emprise des mollahs sur le pouvoir s'affaiblit, il existe de nouvelles opportunités d'éloigner certains de leurs alliés », ajoute David Ignatius.
Les relations américano-syriennes s'étaient dégradées après l'invasion américaine de l'Irak en 2003. Damas avait interrompu la coopération en matière de sécurité avec les États-Unis. Washington a ensuite imposé des sanctions économiques à la Syrie à partir de 2004, accusant Damas de soutenir le terrorisme.