samedi 27 juin 2009

La langue de bois d’Obama

vendredi 26 juin 2009 - 06h:37

Tammy Obeidallah
Palestine Chronicle



Pour les relations publiques et l’expression, il est bien meilleur que G. W. Bush. A part cela, il y a peu de différence entre les deux administrations.

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Obama à Sderot. Nous ne devons pas le laisser s’en tirer avec la langue de bois.


Félicitations au Président Barack Obama pour avoir dupé la communauté arabe et musulmane d’Amérique une fois encore avec un nouveau discours creux. Il est devenu le chouchou de beaucoup pour avoir commencer sa dernière intervention au Caire par « Assalamu Aleikum ». De fait, pour les relations publiques et l’expression, il est bien meilleur que G. W. Bush. A part cela, il y a peu de différence entre les deux administrations.

D’abord, il y a la question de la fermeture du centre de détention de Guantanamo Bay. Obama a reculé pour la publication des photos de prisonniers victimes de sévices, disant que ce serait « attiser le sentiment anti-américain ». Ca vous rappelle quelque chose ? Puis il y a les formalités administratives montées de toutes pièces pour savoir quel pays va récupérer les détenus une fois libérés. Le bon sens voudrait qu’ils soient ramenés là où les soldats US les ont capturés avant de les enlever en toute illégalité et les emmener vers l’inconnu par-delà les océans.

Si les partisans d’Obama pouvaient arrêter assez longtemps de se taper le poing pour avoir réussi à apporter l’espoir et le changement aux masses, ils trouveraient le temps de soulever ces questions et aussi celle du statut des détenus de la base de l’Air Force à Bagram, en Afghanistan, le nouveau Guantanamo américain. S’ils prenaient le temps de s’en occuper, peut-être pourraient-ils aussi se demander pourquoi Obama (comme Bush au début de son premier mandat) se déclare favorable à l’idée d’un Etat palestinien mais sans tenir les Israéliens responsables de leurs actes.

Au Caire, Obama a déploré que des « terroristes » aient pu tirer des roquettes sur les enfants endormis à Sderot, sans dire un mot sur la totale dévastation et le carnage infligés à Gaza par les forces d’occupation israélienne il y a moins de six mois. Pas un seul mot. Obama n’a jamais parlé des 1 500 hommes, femmes et enfants palestiniens qui ont été assassinés, pas un mot sur les milliers de blessés, mutilés, amputés, brûlés, et sur ceux qui sont simplement morts à cause du manque d’équipement, d’électricité et de médicaments pendant le blocus imposé par les Israéliens.

Il est exaspérant de voir les partisans d’un Etat palestinien - sur moins de 20% de la Palestine historique - exprimer un espoir dans la rhétorique creuse d’Obama contre la construction des colonies israéliennes, alors que le Premier ministre israélien Netanyahu déclare que Jérusalem sera la capitale indivisible d’« Israël » et qu’il n’y aura pas d’armée palestinienne. Aucune armée, avec un voisin hostile nucléarisé ? Le scénario serait risible s’il n’y en avait pas tant à y croire.

Pour comble d’insulte, Obama a fait suivre son séjour au Caire par une visite au camp de concentration de Buchenwald en Allemagne. Rien n’agit aussi bien sur les sionistes que d’associer une visite dans le monde arabe à une autre dans un camp de concentration nazi. Obama est assez malin pour savoir que, et avec la quintessence de l’opportunisme, il évoquait l’Holocauste à tout moment de son séjour et plus tard lors de la commémoration du Jour J en France. Obama a également profité de ces occasions pour lancer une attaque verbale contre le Président iranien Mahmoud Ahmedinejad pour ses « menaces » contre l’Etat juif, la plupart créées par les médias occidentaux qui ont mal traduit et dénaturé ses propos. Apparaît aussi à Buchenwald, l’opportuniste Elie Wiesel qui a récité une litanie sur l’inhumanité de l’homme pour l’homme dans les décennies qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale. Après le Rwanda et le Darfour, le massacre de Gaza a été oublié une fois encore de façon assourdissante.

Ainsi, pendant qu’Obama parle avec enthousiasme d’espoir, de changement, et que ces derniers mois, on soit sorti avec plaisir de l’ère Bush-Cheney, rien ne change sur le terrain.

Demandez à une villageoise dans le Waziristan si elle a vu quelque changement depuis l’investiture d’Obama. A-t-elle connu un répit dans les attaques des drones, elle et ses enfants dorment-ils plus facilement ?

Demandez à Mohammad Ahmad Abdallah Salih, qui a été détenu à Guantanamo Bay pendant sept ans sans aucune charge contre lui s’il a vu un changement dans la torture interminable d’être détenu indéfiniment. Une brève poussée d’espoir a-t-elle envahi sa poitrine quand Obama a promis de fermer le centre ? Nous ne saurons jamais ce que Salih a espéré et rêvé ; il s’est tué le 2 juin.

Il est grand temps de renforcer la pression sur Obama et de ne pas le laisser s’en tirer avec la langue de bois, les diversions et les mensonges éhontés qui, pour commencer, l’ont fait élire.

22 juin 2009 - Palestine Chronicle - traduction : JPP