lundi 22 septembre 2014

Israel torture les prisonniers capturés lors de l’invasion de Gaza

Une vingtaine de Palestiniens capturés lors de l’invasion de Gaza par Israël cet été sont toujours en détention plus de trois semaines après la fin de l’offensive de 51 jours. Alors que ces hommes ont eu peu de contacts avec leurs familles, l’équipe juridique qui représente la plupart d’entre eux dit que plusieurs ont été torturés.
« Ils ont témoigné devant notre avocat qu’ils ont été soumis à la torture par les interrogateurs israéliens, » a déclaré Issam Younis, directeur du Centre Al Mezan de Gaza pour les droits de l’homme, à The Electronic Intifada.
Al Mezan représente 22 des 24 détenus. « Au moins huit qui ont été visités par l’avocat ont été soumis à la torture », a ajouté Younis. »Cela ne signifie pas que les autres ne l’ont pas été.« Il s’agit notamment dde tabassages à coup de crosse de fusil, de la privation de sommeil pendant au moins trois jours consécutifs, et de maintien prolongé, menottés, dans des positions extrêmement douloureuses. En outre, a-t-il dit, »Ils ont été intimidés par des menaces qu’Israël allait démolir leurs maisons, tuer leurs familles et violer leurs femmes."
Une détention illimitée
Le nombre de prisonniers de la bande de Gaza actuellement détenus après les invasions terrestres a diminué par rapport au moment le plus fort de l’offensive, dit Gavan Kelly de Addameer, l’association de soutien aux prisonniers politiques palestiniens.
Il y a eu jusqu’à deux cents personnes arrêtées dans la bande de Gaza. Parmi celles-ci, 24 sont encore actuellement détenues, dont une conformément à la loi criminelle sur les « combattants illégaux », qui permet la détention sans inculpation ni jugement pour une période de temps indéfinie. La majorité des deux cents détenus ont été interrogés pour une période relativement courte allant de quelques heures à deux ou trois jours ".
Israël a utilisé la loi sur les combattants illégaux pour tenir les Palestiniens de la bande de Gaza sans inculpation ni jugement depuis 2005. A cette date, Israël retirait ses colons et ses forces terrestres de Gaza, tout en continuant à maintenir la bande sous occupation en exerçant, entre autres, le contrôle des entrées et des points de sortie.
"En pratique, la loi sur les combattants illégaux contient moins de garanties pour les détenus que les quelques rares qui sont quand même accordées par la détention administrative en Cisjordanie », déclare Addameer. La détention administrative est une pratique utilisée par Israël pour maintenir indéfiniment en détention des Palestiniens sans inculpation ni jugement.
Crainte d’exécution
Depuis le lancement de son offensive en Cisjordanie occupée, le 12 Juin, Israël a capturé environ 2.500 Palestiniens, dont 1.000 en Cisjordanie, 800 dans la seule Jérusalem et 500 à l’intérieur d’Israël.
Israël n’a donné d’informations sur les personnes détenues dans la bande de Gaza ni aux organismes officiels palestiniens ni aux organisations de défense des droits de l’homme.
Au mois d’août, le journal en ligne amércain The Daily Beast a apporté la preuve de l’exécution de six prisonniers par les forces israéliennes dans Khuzaa (bande de Gaza) envahie. Le massacre pourrait avoir ciblé les combattants capturés des Brigades al-Quds, la branche armée du Jihad islamique.
Localisation inconnue
Cinq Palestiniens sont toujours portés disparus, a déclaré Gavan Kelly. « Personne ne sait où ils se trouvent et le service pénitentiaire israélien nie les détenir ». Et Israël n’a guère été bavard au sujet de ceux que ses forces admettent détenir, selon les groupes de défense des droits palestiniens et israéliens.
« Tous les détenus ont été interdits de toute visite au début, » a expliqué Younis Al Mezan. « Ils leur ont même interdit de recevoir des visites de leurs avocats. Leurs noms ont été publiés récemment. »
Dalia Kerstein, directrice de l’organisation israélienne des droits humains HaMoked : Centre pour la défense de l’individu, a déclaré à The Electronic Intifada, qu’elle n’avait pas encore reçu d’informations sur eux.
La Cour suprême israélienne a rejeté la demande de HaMoked pour la publication des noms des détenus après une audience à laquelle il n’a pas été permis aux représentants du groupe de prendre la parole.
Torturé pendant quatre jours
Le père de Muhammad al-Agha, capturé dans le quartier de Khan Younis, à Gaza, le 17 Juillet, a déclaré à The Electronic Intifada la semaine dernière que la famille avait peu de contact avec son fils.
Zwayyed Hamdi al-Agha a déclaré que son fils, Mohammed, « a appelé d’Ashkelon [dans le sud d’Israël], après avoir insisté pour avertir sa famille. » C’était au cours de la nuit de son arrestation. « Il nous a contacté à trois reprises depuis », a ajouté al-Agha. « Une fois, c’était par le Comité international de la Croix-Rouge, et deux par l’intermédiaire de son avocat.« Les forces israéliennes ont arrêté Mohammed, étudiant à l’université des sciences appliquées de l’Université de Gaza pendant une trêve qu’Israël avait accepté de respecter. »Mohammed allait rendre visite à un ami à proximité d’une ferme à al-Qarara« , a déclaré son père. »tous les deux ont été capturés. Il allait vérifier comment allait son ami et la ferme familiale ».
Après sa capture, Mohammed « a été torturé pendant quatre jours d’affilée dans le centre de détention d’Ashkelon. Il est actuellement détenu à la prison Eshel ».
Zwayyed al-Agha a déclaré que son fils n’a donné aucune raison pour sa détention. « Ils lui ont dit qu’il était fiché. Ils ont appelé cela un « dossier secret » et ne précisent pas la charge », a-t-il dit.
Zwayyed al-Agha, lui-même détenu par Israël pendant trois ans à partir de 1973, a déclaré que la détention de son fils reflète l’expérience des Palestiniens sous blocus israélien.
« Bien que ce soit la première fois que Mohammed ait été arrêté, tous mes enfants ont souffert comme je l’ai fait », a-t-il dit. « Ils se heurtent au blocus chaque fois qu’ils essaient de voyager. Nous avons vécu pendant huit ans en état de siège, les pires années de notre vie ".
Et dans le cadre de l’offensive israélienne, a-t-il expliqué, le traitement de son fils était à peine une anomalie. « Ils tuent des animaux », a déclaré al-Agha. « Ils brûlent les arbres. Ils détruisent des tours d’habitation. Ils tuent même des enfants innocents. Pourquoi ? Quelle est leur faute pour être tués ? »Nous allons rester en vie », a-t-il ajouté. « Nous ferons de notre mieux pour prouver au monde que nous pouvons rester en vie et reconstruire notre Gaza. Nous savons ce qu’est la liberté, et ce qui nous revient ».