lundi 7 avril 2014

Le dernier recours d'Abbas et les pièges de l'oppression internationale

Par
La décision tardive de recourir aux institutions internationales (1) a été saluée comme une surprise par les médias, qui ont signalé un changement radical de la soumission à l'indépendance. Le Président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est donc maintenant partiellement revenu sur sa décision préalable de renoncer à adhérer à des traités internationaux comme condition préalable au début des manœuvres diplomatiques lancées par les Etats-Unis.
Le dernier recours d'Abbas et les pièges de l'oppression internationale
John Kerry et Mahmoud Abbas (photo Jim Young/AFP)
Toutefois, les discussions ne sont pas officiellement rompues et tandis que la décision pourrait potentiellement élever le statut des Palestiniens au sein des organisations internationales, c'est loin d'être une démarche surprenante de la part d'Abbas.
L'Observateur permanent de la Palestine aux Nations-Unies, Riyad Mansour, a régulièrement évoqué l'intention de demander à adhérer aux traités internationaux et il n'y a pas lieu de célébrer la dernière déclaration comme une victoire ou une défaite. Le fait que Abbas donne la priorité aux négociations sur l'autonomie donne à la décision une impression de dernier recours qui, bien qu'elle ait été saluée comme une initiative positive, porte encore les stigmates de l'injustice infligée aux Palestiniens au cours de ces derniers mois, pendant lesquels le gouvernement de Netanyahu a saisi toutes les occasions pour étendre le projet colonial de peuplement.
Pour les Palestiniens, l'avantage le plus important réside dans la possibilité d'utiliser la plateforme des Nations-Unies pour transmettre leurs exigences sans avoir à se livrer à une exhibition de mendicité implorante. La légalité et la légitimité sont déterminées, au plan international, par les interprétations impérialistes du droit international, dont l'ONU est un complice volontaire. Idéaliser la liberté selon le discours a donné lieu à une persécution résolue des Etats rebelles qui est ensuite justifiée dans les interprétations du droit international, qui cherche à transformer l'oppression en valeur humanitaire. La Palestine ne fait pas exception à cette règle. Malgré des décennies de violence coloniale, l'ONU a résolument donné son soutien à l'abomination qu'elle a reconnue sous la forme de l'Etat d'Israël, suite aux atrocités de la Nakba.
Négocier une position digne et résolue dans ce réseau complexe requiert l'unité entre les dirigeants et le peuple - une unité que l'AP a maintes fois fragmenté dans sa quête d'apaiser Israël et les Etats-Unis. Jusqu'à présent, la décision récente reflète aussi une désintégration de la loyauté : les négociations ont été priorisées au détriment des Palestiniens et les demandes d'adhésion aux traités internationaux sont toujours entravées dans la pratique par le niveau de collaboration sécuritaire entre l'AP et Israël.
Conforme à la rhétorique internationalement acceptée, Abbas persiste à réfuter la confrontation par la résistance, bien que la résistance soit une composante nécessaire des vies des Palestiniens menacées par la violence coloniale. Pendant ce temps, le Hamas maintient ses appels à la résistance légitime comme un impératif.
La volonté d'adhérer aux traités, avec la possibilité de recourir à la Cour pénale internationale à l'avenir et de tenter ainsi de faire reconnaître la responsabilité d'Israël dans la commission de crimes de guerre n'est pas sans conséquence pour la direction palestinienne internationalement reconnue et le peuple qu'elle prétend représenter. La complicité internationale dans la promotion de crimes de guerre contre des nations résistantes est une récurrence historique qui parvient à recruter des complices dociles.
Dans le cas de la Palestine, la violence israélienne a été réaffirmée comme nécessaire pour sauvegarder l'Etat colonial contre une possible destruction. En l'absence d'une déclaration sur le démantèlement de la colonisation de la Palestine par Israël, les traités internationaux seront manipulés pour obliger davantage les Palestiniens à accepter des reliques et des symboles comme signes de liberté, en échange de l'abandon de la libération de la terre et de la population de l'oppression coloniale.
Le devoir d'Abbas envers les Palestiniens ne doit pas être circonscrit à l'époque contemporaine. Négliger la violence sioniste préméditée pour permettre l'établissement d'Israël revient à de la trahison.
Traduction : MR pour ISM
http://www.ism-france.org