jeudi 20 octobre 2011

L’échange de prisonniers sert les intérêts du Hamas et de Netanyahu

20/10/2011
L’échange de Gilad Shalit contre des prisonniers palestiniens conclu par le Hamas et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu permet aux deux parties de se renforcer politiquement, selon des experts.
« Plusieurs parties, locales et étrangères, ont tenté de rendre Shalit sans contrepartie et d’autres ont qualifié sa capture d’aventure qui n’en valait pas le prix, mais il apparaît aujourd’hui qu’elles ont eu tort », a plaidé mardi le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, lors d’un discours en présence des prisonniers libérés à Gaza. Il faisait notamment allusion au président palestinien Mahmoud Abbas, qui appelait depuis cinq ans à la libération de Gilad Shalit, et s’est officiellement félicité de l’échange. Le chef du Hamas, Khaled Mechaal, en exil à Damas, a pour sa part affirmé mardi au Caire que cet accord était « le maximum que nous puissions obtenir après cinq ans » et saisi l’occasion pour proposer à M. Abbas une rencontre afin de faire avancer la réconciliation entre les rivaux palestiniens.
« Le Hamas a subi un déclin de sa popularité et de sa position après les événements en Syrie et a besoin d’un rôle croissant de l’Égypte », analyse Naji Charab, professeur de sciences politiques à l’université al-Azhar de Gaza. Selon la radio israélienne, la participation active de l’Égypte et de la Turquie à cet échange pourrait également permettre à Israël de se rapprocher des deux pays. Les relations avec l’Égypte, médiateur dans cet échange et premier pays arabe à avoir signé la paix avec Israël, traversent une période d’incertitude depuis la chute du président Hosni Moubarak en février. Une très vive tension règne aussi avec la Turquie, qui a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv à la suite du refus persistant du gouvernement israélien de présenter des excuses pour la mort de neuf passagers turcs d’une flottille pour Gaza tués en 2010 dans les eaux internationales par un commando israélien.
Côté israélien, la cote de Benjamin Netanyahu profite de la libération du jeune sous-officier, devenu une icône en Israël. « Le Premier ministre a prouvé avec sa décision sur l’échange de prisonniers ses qualités de leadership », a affirmé hier Nahman Shaï, député de Kadima, le principal parti de l’opposition, d’habitude très critique de M. Netanyahu. Un nouveau sondage publié hier confirme les précédentes études, avec 75,7 % des Israéliens approuvant les termes de l’échange de prisonniers, 29,1 % exprimant une « opinion plus favorable » qu’auparavant de M. Netanyahu.
Le Hamas alloue 2 000 dollars aux anciens détenus
Par ailleurs, « la libération de Shalit va fournir au Hamas une occasion de s’ouvrir sur l’Occident, ce qui est l’un de ses objectifs et cela peut se refléter par une grande souplesse politique de sa part à l’avenir », ajoute Naji Charab. « Cet accord peut être le début de l’ouverture de canaux de dialogue avec la société occidentale, les États-Unis et l’Europe », confirme Moukhaïmer Abou Saada, politologue dans la même université. « La société occidentale et les États-Unis semblent revenir sur leur vision du Hamas et commencent à se rendre compte que le principal acteur politique dans la région est l’islam politique, dont le Hamas fait partie », relève-t-il.
« Pour que le Hamas soit considéré comme un interlocuteur, il faut plus que la libération de Shalit », a néanmoins prévenu hier le président français, Nicolas Sarkozy, citant comme exigences la reconnaissance d’Israël, rejetée par le mouvement islamiste, et la condamnation de toute forme de violence. Washington a salué la libération de Gilad Shalit, sans pour autant se prononcer sur d’éventuelles conséquences sur les négociations de paix.
D’autre part, le Hamas a annoncé hier qu’il allait donner la somme de 2 000 dollars à chacun des prisonniers élargis qui se sont installés dans la bande de Gaza.
(Source : AFP) 
Lien