mercredi 3 août 2011

ONU: une émissaire palestinienne presse les USA de ne pas mettre leur veto

AFP | 03/08/2011 
Une haute responsable de l'Autorité palestinienne, Hanane Achraoui, a plaidé mardi pour que les Etats-Unis soutiennent, ou tout au moins n'empêchent pas l'adhésion d'un Etat palestinien à l'ONU en septembre, dans un entretien à l'AFP.
Mme Achraoui, envoyée spéciale du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas aux Etats-Unis, a expliqué qu'elle avait exhorté les responsables américains rencontrés ces derniers jours à soutenir à l'ONU la reconnaissance d'un Etat palestinien dans les frontières antérieures à 1967, ou au moins à ne pas s'y opposer.
Elle a tenté de persuader ses interlocuteurs de "ne pas exercer leur veto contre quelque chose qui s'inscrit dans leur propre politique et dans le droit international, à savoir le droit des Palestiniens à l'indépendance, à l'autodétermination et à un Etat", a-t-elle expliqué.
L'Autorité palestinienne, mécontente de l'impasse du processus de paix après le non-renouvellement d'un gel partiel de la colonisation israélienne l'an dernier, a annoncé qu'elle lancerait une initiative pour faire reconnaître un Etat palestinien lors de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre à New York.
Le président américain Barack Obama soutient la création d'un Etat palestinien sur les lignes de 1967, avec des échanges de territoires à la clé.
Mais les Etats-Unis, comme Israël, s'opposent à l'initiative palestinienne à l'ONU, insistant sur la nécessité de négociations directes pour mettre fin au conflit au Proche-Orient et permettre l'instauration d'un Etat palestinien.
Mme Achraoui a expliqué que l'administration Obama avait déjà décidé d'opposer son veto si les Palestiniens saisissent le Conseil de sécurité de l'ONU sous la forme d'une demande adressée au secrétaire général, Ban Ki-moon, pour devenir membre permanent des Nations unies.
Les Etats-Unis, en tant que l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, y disposent du droit de veto.
"J'aurais aimé que ce ne soit qu'une affaire de persuasion", a dit Hanane Achraoui, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Mais les Etats-Unis "ont déjà adopté une position et ont des idées préconçues concernant une démarche auprès de l'ONU", a-t-elle regretté.
"J'aurais souhaité pouvoir les faire changer d'avis", a-t-elle dit. Cependant, les Américains ont "compris nos raisons, car j'ai expliqué que nous y allions avec une attitude positive et constructive. Nous essayons de faire quelque chose de manière multilatérale, légitime, humaine et constructive", a-t-elle insisté.
La responsable palestinienne a estimé que la politique étrangère américaine était soumise à "l'influence excessive" du lobby pro-israélien, et a accusé Israël de s'opposer à une solution à deux Etats selon les lignes de 1967.
Le gouvernement israélien "veut réinventer un processus de paix qui serait une sorte de vague partie de pêche pendant laquelle il gagnera du temps pour construire plus de colonies, imposer un état de fait, annexer plus de territoire", a-t-elle dit.
"La politique américaine est assujettie aux priorités israéliennes et à la la ligne dure de la politique israélienne", a-t-elle encore estimé.
Une demande pour devenir membre de l'ONU n'est pas la seule option dont disposent les Palestiniens, a souligné Mme Achraoui. Elle a expliqué qu'il était aussi possible de demander à l'Assemblée générale un statut d'Etat non membre, ou bien de lui demander d'inciter ses membres à reconnaître un Etat palestinien, ce que certains ont déjà fait, ou encore d'adhérer aux différentes agences et organisations de l'ONU.