samedi 16 avril 2011

Le Hamas traque les salafistes qui ont tué un pacifiste italien à Gaza

16/04/2011
Un militant pacifiste propalestinien italien enlevé par un groupe salafiste à Gaza a été assassiné par ses ravisseurs, a annoncé hier le Hamas, qui a promis de « traquer » les auteurs de ce « crime atroce », inédit dans le territoire palestinien autonome.
Le meurtre de Vittorio Arrigoni, 36 ans, retrouvé pendu dans une maison du nord-ouest de la ville de Gaza quelques heures après l'annonce de son enlèvement, a suscité une vive réprobation, à commencer par celle du Hamas. L'otage italien, journaliste, écrivain, était un militant du mouvement pacifiste propalestinien International Solidarity Mouvement (ISM). Il est le troisième militant d'ISM à trouver la mort à Gaza, après Rachel Corrie et Tom Hurndale, tués en 2003 par les forces israéliennes. Deux de ses ravisseurs présumés ont été arrêtés, selon un porte-parole des services de sécurité du Hamas. « Le gouvernement condamne ce crime atroce qui ne reflète pas nos valeurs, notre religion, nos coutumes et traditions, et affirme qu'il va traquer le reste des membres du groupe et appliquera la loi » à leur encontre, a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur du Hamas, Ihab al-Ghoussein.
Ce meurtre est le premier d'un étranger à Gaza depuis que le Hamas a pris le pouvoir dans ce territoire en juin 2007. Le mouvement radical Jihad islamique l'a aussi dénoncé, de même que l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, qui contrôle la Cisjordanie et qui s'était d'emblée élevée contre l'enlèvement de l'Italien « contraire aux intérêts du peuple palestinien ». Le ministère italien des Affaires étrangères a parlé de « geste de violence vil et insensé ». L'ISM, « sous le choc », a déploré un acte « commis par des forcenés agissant contre la volonté du peuple » palestinien, mais n'a pas décidé pour l'heure d'évacuer ses militants de Gaza. Une fondatrice du mouvement, Houwada Arraf, a précisé que M. Arrigoni séjournait à Gaza depuis août 2008. « De tous les militants d'ISM à Gaza, c'est lui qui était resté le plus longtemps. Il était très connu, vivant au sein du peuple », a-t-elle dit. Paris a également condamné « vigoureusement le lâche assassinat ».
Après l'annonce de la prise d'otage, les services de sécurité du Hamas ont rapidement identifié un « membre du groupe (salafiste) qui a livré les autres membres et montré l'endroit où se trouvait le militant », selon un porte-parole du mouvement islamiste. Ces services de sécurité « ont trouvé le corps de l'otage tué depuis plusieurs heures d'une façon atroce, selon le rapport du médecin légiste », et l'examen préliminaire a prouvé que l'assassinat a été perpétré « peu de temps après l'enlèvement », a ajouté le porte-parole. Le Hamas a appelé la population à exprimer sa réprobation lors d'une manifestation à Gaza-ville.
Des militants salafistes avaient annoncé jeudi soir, dans une vidéo postée sur YouTube, avoir enlevé Vittorio Arrigoni, menaçant de le tuer à l'expiration d'un ultimatum de 30 heures lancé jeudi à 08h00 GMT au gouvernement d'Ismaïl Haniyeh à Gaza. Ils réclamaient la libération de leurs camarades détenus par le Hamas, notamment le chef du groupe salafiste al-Tawhid wal Jihad, cheikh Hicham al-Saedini, arrêté en mars. On y voyait un otage masqué au visage contusionné, et les ravisseurs se réclamaient d'un groupe jusqu'alors inconnu. Les groupes palestiniens de Gaza se définissant comme « salafistes » comptent plusieurs centaines de membres, selon leurs dirigeants. Un temps compagnons de route du Hamas, ils s'en sont progressivement éloignés, l'accusant de faiblesse face à Israël et dans l'imposition de la loi islamique. Dans un communiqué, al-Tawhid wal Jihad, basé à Gaza, s'est défendu d'avoir commis le meurtre, qu'il qualifie de « résultat naturel de la politique de répression exercée par le Hamas et son gouvernement contre les salafistes ».
Nouveaux tirs de roquettes
Par ailleurs, des Palestiniens ont tiré hier deux roquettes en direction des villes d'Ashdod et d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, a annoncé la police israélienne. Ces tirs, qui n'ont fait ni victime, ni dégâts, mettent fin à une accalmie de plusieurs jours entre Palestiniens et Israéliens. La semaine dernière, un tir de roquette antichar avait atteint un bus scolaire, blessant grièvement un adolescent israélien. L'armée israélienne avait riposté par une série de raids aéroterrestres qui avaient tué 19 Palestiniens au total. Durant les quatre jours d'affrontements qui ont suivi, les activistes de la bande de Gaza avaient tiré quelque 140 roquettes sur l'État hébreu.
(Source : agences)