mardi 22 juin 2010

Il abuse grave, le Mahmoud

publié le mardi 22 juin 2010
Sébastien Fontenelle

 
Moi, n’est-ce pas : je veux bien tout ce qu’on veut, je veux bien être patient, je veux bien faire preuve à l’égard du Persan d’une illimitée bonne volonté – mais là, franchement ? Il abuse grave, le Mahmoud. (Je parle ici de Mahmoud Ahmadinejad : pas (du tout) du Mahmoud que le divertissant Claude Allègre voulut naguère dégraisser, ça serait bien que tu confondes pas tout, bitte [1].) Car en effet, contrairement à ce qu’il a tout récemment raconté à Laurence Ferrari, de TF1 [2], Mahmoud a dit-on une furieuse envie d’équiper son pays d’armes nucléaires. Or, de telles armes sont réservées, comme tu sais, aux démocraties. Par exemple : Israël.
Et je sais ce que tu vas me dire : tu vas me dire que le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a tranquillement déclaré que ça lui déplairait pas de faire aux Palestinien(ne)s comme les Yankees ont fait naguère aux Japonai(se)s d’Hiroshima (et de Nagasaki), et qu’en un mot comme en cent il te vitrifierait bien tout ce petit monde, vite fait, bien fait, et on n’en parle plus, de ces c*** d’Arabes. Et tu vas sans doute me dire aussi qu’il faut quand même être assez barré pour sortir de telles dégueulasseries.
Et ce n’est pas faux, mais, comme je disais : Israël est une (admirable) démocratie. Alors que l’Iran : pas. Et ça : ça change tout. Du coup, quand Israël, pays notoirement doté d’armes nucléaires – mais qui nie en posséder –, laisse dire à l’un de ses plus hauts représentants qu’il a envie d’atomiser quelques centaines de milliers de Palestinien(ne)s, ça ne pose aucune espèce de problème à la communauté internationale : les Nations unies laissent faire et dire, après tout on est là entre gens de bonne compagnie, et puis bon, Avigdor a quand même bien le droit de déconner un peu, pas vrai ? (Vous imaginez toute cette pression qu’il a sur les épaules, avec tous ces Arabo-mahométans autour de lui ?) Mais si dans le même temps l’Iran, qui ne possède pas d’armes nucléaires, ne menace pas (du tout) de nucléariser son voisin, alors là, pardon : l’ONU lui balance des sanctions par flottilles entières, au Mahmoud, histoire de lui apprendre les bonnes manières. Et là, qu’est-ce qu’il fait, l’effronté ? Il répond que les sanctions de l’ONU sont « bonnes pour la poubelle ».
Et certes : ça fait quarante ans que le gouvernement israélien saute de son côté à pieds joints sur les résolutions onusiennes lui enjoignant d’être moins râpeux avec les Arabes : résolution 242 lui demandant en 1967 de rendre les territoires occupés, résolution 476 lui demandant en 1980 de mettre fin à l’occupation des territoires toujours pas rendus, etc. Mais bon : on ne transige pas avec la démocratie.  [1]
[1] Notes
[1] Bitte veut dire steuplé, en allemand. Je le précise pour le cas – au vrai douteux – où Philippe Val, big boss d’exquis goût de France Inter, lirait ces lignes : je voudrais pas que le gars s’offusque pour rien.
[2] Tu peux rire un peu, mais pas trop longtemps, s’il te plaît : ça ne serait pas gentil.