K. Selim  - Le Quotidien d’Oran
 Alors que l’administration Obama vient de donner des gages à Tel Aviv  que les chasseurs F15 que les Etats-Unis se proposent de vendre à  l’Arabie Saoudite n’auront pas la qualité requise pour « menacer »  Israël, le numéro 2 du Parti républicain à la chambre américaine des  Représentants a appelé, hier, à des sanctions contre l’armée libanaise.  M. Eric Cantor a exigé qu’une aide de 100 millions de dollars soit  bloquée jusqu’à ce que la preuve soit faite que l’armée libanaise ne  collabore pas avec le Hezbollah.
 Deux faits qui illustrent parfaitement les capacités du  lobby sioniste à définir de manière fondamentale la politique des  Etats-Unis au Proche-Orient. L’élu américain sioniste ne cache  d’ailleurs pas qu’il exécute platement, de manière très disciplinée, la  décision israélienne de mener une campagne internationale contre l’armée  libanaise coupable de réagir comme une armée nationale et de ne pas  hésiter à réagir aux intrusions de l’armée israélienne au Liban.
 De Tel-Aviv à Washington, on est très « surpris » de  voir l’armée libanaise « se tromper d’ennemi » en veillant sur le  territoire libanais et en réagissant aux violations israéliennes, au  lieu de mener la guerre contre le Hezbollah. Pire, ce Liban, qui n’en  finit pas de démanteler des réseaux d’espionnage du Mossad, est en train  de commettre l’irréparable !
 Cette campagne contre l’armée libanaise ne fait  d’ailleurs que lui attirer plus de respect chez les Libanais de toutes  tendances ou de toutes confessions. Le président libanais, Michel  Sleimane, exprime un consensus national en s’engageant à équiper les  forces armées de « tout l’armement nécessaire et cela sans tenir compte de l’attitude de certains pays à ce sujet ».
 La présidence libanaise a annoncé à ce sujet une « campagne  nationale, arabe et internationale pour équiper l’armée, appelant les  pays voisins et amis à aider la troupe en lui fournissant tout genre  d’armement qui lui permettrait de défendre le pays (...) ».
 L’Arabie Saoudite est bien entendu libre d’acheter des  chasseurs F15 américains sans grande performance, mais ce pays, qui se  veut l’ami du Liban, a une opportunité sérieuse de le faire en  contribuant à équiper l’armée libanaise dans sa mission de défense du  pays. Le président libanais a souligné avec insistance que les pays  arabes doivent aider le Liban dans ce domaine. Ils doivent d’autant plus  le faire qu’ils peuvent constater que le peu d’équipements fournis par  les Occidentaux peut être suspendu sous la pression d’Israël et de ses  influents lobbys. Les chasseurs F15 technologiquement dévalués que les  Américains proposent aux Saoudiens devraient leur donner à réfléchir.  Ils ne seront jamais de « vrais » alliés des Américains, alors qu’Israël  les considère comme un ennemi.
 Ces petits faits, alors que les tambours de la guerre  contre l’Iran se font de plus en plus forts, incitent très clairement  ces pays arabes « modérés » à une réflexion autonome de ce qu’est leur  intérêt national. Les Américains ont cru qu’ils pouvaient amener l’armée  libanaise à jouer un rôle de mercenaires contre la résistance  libanaise. Cet objectif a échoué car le commandement de l’armée  libanaise, quitte à se passer des armes américaines, a apprécié les  choses en fonction de l’intérêt du Liban et non de celui des Etats-Unis  et d’Israël.
 C’est cette inflexion stratégique salutaire dans  l’appréciation de l’intérêt national que l’on souhaiterait chez les  Etats arabes de la région. Ils auront, sans le moindre doute, l’appui  réel de leurs opinions ...  
                10 août 2010 - Le Quotidien d’Oran - Editorial
 
 
