mardi 1 septembre 2009

Des tentes pour la plupart des familles sans abri de Gaza, des préfabriqués pour quelques chanceux

Gaza - 31-08-2009
Par Mohammed Omer
En dépit du défilé d’une variété de diplomates internationaux et d’organismes humanitaires inspectant la destruction de Gaza, rien n’a changé depuis qu’Israël a mis fin, en janvier, à son attaque Plomb Durci, nommée de façon perverse en référence à une ligne d’un poème destiné aux enfants pour la fête d’Hanoukka. Les familles sans logis sont désespérées devant l’absence de progrès à leur fournir un abri adéquat et sûr, en dépit des promesses des donateurs internationaux lors d’une conférence qui s’est tenue à Sharm el-Sheikh en Egypte début mars.




















Un exemple des préfabriqués dans lesquels sont logées plusieurs familles de Gaza. Ici, Hussein Shawish joue avec ses petits-enfants dans son nouvel abri à Gaza, le 17 juin 2009 (photo AFP/Mohammed Omer).


« Je suis heureux d’être parmi les premiers à Gaza à recevoir un préfabriqué, » dit Issa Hamouda, qui vit dans le camp de réfugiés densément peuplé de Jabalya à Gaza.

Hamouda, 57 ans, fait un signe vers quelques-uns de ses 20 enfants et petits-enfants qui se tiennent près des décombres de ce qui était la maison familiale, où ils se réveillent tous les matins. « C’est seulement la dimension d’une pièce,» dit-il de leur nouvel hébergement, « mais c’est mieux que rien. »

Le préfabriqué est installé près des gravas de sa maison démolie. « Chaque fois que je passe près de cette tente et du préfabriqué, » ajoute Hamouda, «c’est un symbole qui nous rappelle la dernière offensive contre nous. »

Malheureusement, la tente et la cabane adjacente dans lesquelles sa famille est obligée de vivre depuis janvier n’est pas près d’être démolie.

En dépit des plus de 4,5 milliards de promesses faites lors de la conférence des donateurs internationaux pour aider à la reconstruction de la Bande de Gaza, rien ne semble être entré à Gaza depuis. Selon un fonctionnaire haut placé du gouvernement de Gaza, qui note qu’aucun fonds n’a encore été reçu des nations donatrices, « il n’y a eu aucune tentative sérieuse, d’aucun côté, pour programmer la reconstruction de la Bande de Gaza. »

Dans les semaines qui ont suivi l’attaque israélienne, des groupes d’aide internationale ont monté des camps de tentes dans les zones les plus durement touchées, lorsque le gouvernement dirigé par le Hamas à Gaza a commencé à distribuer de 192 structures fournies par la Turquie. L’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) envisage de fournir 1.200 préfabriqués supplémentaires dans les prochaines semaines ou mois, selon des sources palestiniennes à Gaza.

Les préfabriqués de 12m² dans lesquels un peu moins de 200 familles vivent actuellement n’ont ni toilettes, ni salle d’eau, ni cuisine, ni installations privées. Ils ne sont guère plus qu’une simple cabane à outil. Pourtant, à Gaza, cinq mois après qu’Israël ait mis fin à son attaque, c’est considéré comme une maison.

Certains Gazaouis ne sont pas réduits à vivre sous des tentes ou dans des préfabriqués : ils s’entassent chez des parents ou des amis, ou ils louent un appartement, s’ils en ont trouvé un de disponible. Cette solution reste cependant un luxe que la plupart des Gazaouis ne peuvent s’offrir.

Interrogé sur les promesses internationales pour reconstruire Gaza, Hamada répond : « Ces pays donateurs devraient s’occuper d’abord de mettre fin à l’occupation, au lieu de proposer d’en payer le coût. Si tu veux me donner un dîner, ne me donne pas seulement un poisson, mais apprends-moi à pêcher, et laisse-moi le faire. Nous ne voulons pas être dépendants des dons des autres pays. »

Gaza a une abondance de ressources humaines, dont beaucoup d'ouvriers et de professionnels, ajoute-t-il. « Nous pourrions vivre bien mieux rien qu’avec nos ressources disponibles, » dit Hamouda, « avec des frontières ouvertes et plus d’occupation pour contrôler nos vies. »

Les 22 jours d’attaque d’Israël sur Gaza ont tué plus de 1.400 Palestiniens. Des milliers d’autres – dont une majorité de civils – ont été blessés. Selon la dernière évaluation des Nations-Unies, 3.500 maisons ont été complètement détruites, 2.100 ont subi des dommages importants et 40.000 des dommages mineurs.

La grande famille d’Hamouda est la raison principale pour laquelle il a été une des premières personnes à Gaza à recevoir un abri, qui a été monté par le Ministère des Affaires Sociales. La plupart des Gazaouis préfère que leur abri soit installé près de ce qui fut leur maison.

Hamouda a décrit comment Israël a ciblé sa maison pendant l’Opération Cast Lead. Elle a d’abord été bombardée par les avions de guerre israéliens, plus démoli par ses bulldozers. « Qui peut dire quand mes enfants auront à nouveau une maison ? » dit-il. « Tout est démoli, rien n’est resté, y compris nos arbres et nos fermes. Même l’âne a été tué dans les ruines de la maison. »

« Nous n’avons ni intimité ni protection contre la chaleur du jour ou le froid de la nuit, » ajoute-t-il. « Nous voulons seulement vivre une vie normale, comme les autres peuples des autres nations du monde. »

Selon Hamouda, les visites à Gaza de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair et de l’ancien Président des USA Jimmy Carter ont été « une catastrophe. Ni Carter ni Blair ne sont descendus voir notre tragédie. Pourtant, ils ont permis l’occupation de notre patrie lorsqu’ils étaient au pouvoir. Je n’attends rien de bon ni de l’un ni de l’autre. »

Carter n’a peut-être pas rendu visite à la famille Hamouda, mais il a dénoncé les souffrances des Palestiniens à Gaza comme uniques dans l’histoire, et il a affirmé qu’ils étaient traités « plus comme des animaux que des êtres humains.»

Entre temps, le siège paralysant de Gaza reste en place. Maxwell Gaylard, coordonnateur spécial adjoint des Nations Unis pour les Territoires Palestiniens Occupés et résident, explique pourquoi – des mois après et malgré les promesses des donateurs – des refuges pour les familles sans abri ne sont pas construits : « La raison est simple, » dit Gaylard, basé à Jérusalem. « Le gouvernement d’Israël n’autorise pas l’entrée des matériaux de construction à Gaza. »

« J’ai replanté nos arbres trois fois, » dit Hamouda, « mais chaque fois, les bulldozers israéliens les ont détruits. J’en déduis qu’Israël ne considère pas seulement les êtres humains à Gaza comme des ennemis, mais les arbres aussi. »

Plusieurs groupes pour les droits de l’homme et gouvernements européens ont demandé à Israël d’autoriser l’entrée à Gaza des matériaux de construction mais il n’y a toujours aucun allègement du siège. « Nous sommes en négociation avec les autorités israéliennes, mais il n’y a aucun accord pour autoriser les matériaux de construction à Gaza, » dit Gaylard. « Gaza est un endroit qui a joui d’un bon niveau de vie auparavant, mais aujourd’hui, il y a beaucoup de pauvres – ils ne font qu’un repas par jour – c’est la misère. »

Interrogé sur le temps que prendrait, d’après lui, la reconstruction de Gaza, le responsables de l’ONU ne peut que répondre : « J’aimerais le savoir. Nous demandons constamment l’ouverture des frontières et nous déclarons que la population de Gaza ne doit pas être soumise à une telle punition collective. »

« Nous avons construit nos maisons avec la sueur et le sang, » dit Issa Hamouda. Après une pause, il ajoute : « Et nous sommes prêts à les reconstruire, encore et encore – mais Israël doit nous laisser respectueusement tranquilles, et nous y arriverons avec nos propres ressources. »
Source : Desert Peace
Traduction : MR pour ISM