mardi 4 août 2009

Le Fateh à la recherche d’un nouvel élan

04/08/2009

Des membres du Fateh arrivant à leur hôtel à Bethléem, en Cisjordanie, pour assister au congrès du parti qui débute aujourd’hui.                    Muza al-Shaer/AFP
Des membres du Fateh arrivant à leur hôtel à Bethléem, en Cisjordanie, pour assister au congrès du parti qui débute aujourd’hui. Muza al-Shaer/AFP
PROCHE-ORIENT Le parti miné par la division et la corruption renouvelle à partir d'aujourd'hui sa direction.
Le Fateh qui contrôle l'Autorité palestinienne tient aujourd'hui son premier congrès en 20 ans pour renouveler la direction d'un parti miné par les divisions et affaibli par sa déroute face aux islamistes du Hamas à Gaza. Au cours de ce congrès de trois jours à Bethléem, en Cisjordanie, quelque 2 300 délégués doivent renouveler le Comité central et le Conseil révolutionnaire, principales instances du Fateh, et adopter un nouveau programme politique.
Fondé en 1959 par le défunt leader historique Yasser Arafat, le Fateh monopolisait le pouvoir au sein de l'Autorité palestinienne depuis 1994 avant d'être battu aux législatives en 2006 par les islamistes du Hamas qui l'ont ensuite délogé par la force de Gaza en juin 2007. Le Fateh est aussi tenu par beaucoup de Palestiniens pour responsable de la corruption et l'insécurité qui ont sévi dans les territoires palestiniens avant que l'Autorité palestinienne ne se décide à les combattre sérieusement ces dernières années. Le congrès sera seulement le sixième du Fateh, le dernier s'étant tenu à Tunis en 1989.
Aujourd'hui, le Fateh, dirigé par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, ne contrôle que la Cisjordanie, et sa ligne politique prônant un règlement négocié du conflit avec Israël après des années de lutte armée ne cesse de perdre en crédibilité faute de progrès dans les négociations de paix.
Si M. Abbas est assuré d'être reconduit comme chef du mouvement, la composition du nouveau comité central de 21 membres, qui seront élus par les délégués, fait l'objet de toutes sortes de pronostics. Ainsi, une partie des « éléphants » qui font partie de l'actuel comité central devraient céder la place à de plus jeunes. Le secrétaire du général du Fateh en Cisjordanie emprisonné en Israël, Marwan Barghouthi, et l'ex-chef de la sécurité préventive Jibril Rajoub, l'ex-homme fort du Fateh à Gaza et « chouchou » des Américains, Mohammad Dahlane, apparaissent comme les prétendants les plus sérieux.
Quant au Conseil révolutionnaire, il compte 120 membres, dont la majorité sera élue par les délégués et le reste désigné par le nouveau comité central.
Les querelles entre les ténors du Fateh, qui ont contribué au déclin du mouvement, se sont exacerbées ces derniers semaines lorsque son secrétaire général et l'un des fondateurs Farouk Kaddoumi a publiquement accusé M. Abbas d'avoir comploté avec Israël pour éliminer Yasser Arafat. M. Kaddoumi, basé à Tunis, était hostile à la tenue du congrès en Cisjordanie, où il n'a jamais remis les pieds depuis l'occupation israélienne en 1967.
Les préparatifs du congrès ont aussi été perturbés par le refus du Hamas d'autoriser quelques 400 délégués du Fateh de Gaza de se rendre en Cisjordanie. Environ 500 autres délégués installés à l'étranger, notamment au Liban, en Syrie et en Jordanie, ont été autorisés par Israël à y assister.
« Ce congrès sera un tournant historique. Soit le Fateh se montrera capable d'opérer les réformes, le rajeunissement et les changements nécessaires en tirant la leçon de ses échecs (...) soit il poursuit son déclin et devient simplement le parti de l'Autorité palestinienne sans avoir réalisé ses objectifs de libération nationale », estime l'analyste politique Hani al-Masri. Selon un projet du programme politique qui doit être soumis au congrès, obtenu par l'AFP, le Fateh y affirme « son refus de reconnaître Israël en tant qu'État juif », comme l'exige le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Le texte affirme en outre la volonté des Palestiniens de « reprendre l'initiative afin de sortir les négociations de paix de l'impasse » tout en réitérant le « droit du peuple palestinien à la résistance contre l'occupation conformément à la loi internationale, y compris la lutte armée ».