lundi 10 août 2009

Israël critique vivement le programme « belliqueux » du Fateh

10/08/2009

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, réélu à l’unanimité à main levée samedi à la tête du Fateh, a été parmi les premiers à voter hier. Abbas Momani/AFP
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, réélu à l’unanimité à main levée samedi à la tête du Fateh, a été parmi les premiers à voter hier. Abbas Momani/AFP
PROCHE-ORIENT Abbas a été reconduit à la tête de son parti, les résultats du scrutin seront publiés aujourd'hui.

Les délégués au congrès du Fateh ont commencé à voter hier pour élire la nouvelle direction du mouvement palestinien, après avoir réaffirmé la légitimité de la « résistance » contre Israël. Cette allusion à un recours à une lutte violente si le processus de paix devait être enterré, doublée d'un refus de reconnaître Israël comme État juif, a suscité des critiques de ministres israéliens.
Réunis à Bethléem en Cisjordanie, les quelque 2 000 délégués ont commencé à voter pour élire 18 candidats parmi 95 se présentant au Comité central et 80 autres parmi plus de 500 briguant une place au Conseil révolutionnaire, les deux principales instances du mouvement laïc en perte de vitesse. Quelque 400 membres du Fateh bloqués à Gaza par le mouvement islamiste rival Hamas, qui leur a interdit de quitter le territoire, votaient par téléphone, selon un responsable du Fateh. Les deux instances comptent respectivement 21 et 120 membres, et les non-élus doivent être cooptés ou désignés. Le scrutin, reporté à plusieurs reprises depuis le début, mardi, du congrès sans précédent en 20 ans, a démarré dans l'après-midi et devait se prolonger tard dans la nuit. La dernière élection pour une nouvelle direction avait eu lieu il y a 20 ans. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, réélu à l'unanimité à main levée samedi à la tête du parti, a été parmi les premiers à voter. Les résultats du scrutin devraient être rendus publics aujourd'hui, selon des responsables.
Samedi, le Fateh a confirmé ses orientations traditionnelles. Dans sa plate-forme politique, il rappelle « son attachement à l'option d'une paix juste, mais réitère le droit du peuple palestinien à la résistance contre l'occupation, conformément à la loi internationale ». Il indique aussi que « le Fateh reste fidèle aux martyrs et prisonniers, et exprime son attachement aux constantes du peuple palestinien, à savoir la libération de la terre et de Jérusalem, le démantèlement des colonies et le retour des réfugiés » palestiniens. « Nous refusons de reconnaître Israël en tant qu'État juif afin de protéger les droits des réfugiés ainsi que ceux des Palestiniens de l'autre côté de la ligne verte », entre Israël et la Cisjordanie, stipule ce texte en référence à près de 1,3 million de citoyens arabes d'Israël. Les Palestiniens craignent qu'une reconnaissance du caractère juif de l'État, réclamée par Israël, revienne à renoncer au droit au retour des réfugiés de 1948.
« Il n'y a aucun changement sur le fond. Nous avons adopté la voie des négociations pour atteindre nos objectifs et répété que nous aurons recours à toutes les formes de lutte pour en finir avec l'occupation », a expliqué à l'AFP Hossam Khader, un délégué du Fateh. Mais la classe politique israélienne s'est élevée contre ce programme. « Le congrès du Fateh est décevant et non prometteur, car au Proche-Orient, il n'y a pas d'autre moyen que de s'asseoir pour conclure un accord sur un programme de paix », a dit le ministre de la Défense, Ehud Barak. Pour le ministre de l'Environnement, Gilad Erdan, le programme montre « une absence de volonté de parvenir à un accord avec Israël ».
Le Fateh monopolisait le pouvoir au sein de l'Autorité palestinienne avant d'être battu aux législatives en 2006 par le Hamas, qui l'a ensuite délogé par la force de Gaza en 2007. Son pouvoir se limite, depuis, à la Cisjordanie occupée par l'armée israélienne. Son déclin s'est accéléré depuis la mort en 2004 de son fondateur et chef historique Yasser Arafat. L'administration américaine tente d'amener M. Abbas et Israël à la table des négociations, qui sont au point mort.
l'orient le jour