samedi 1 août 2009

Au Fatah : Ne permettez pas à Dayton de contrôler votre convention

Palestine - 31-07-2009
Par Khaled Amayreh > amayreh@p-ol.com
Je pense qu’on peut dire avec certitude que virtuellement, tous les Palestiniens, le Hamas compris, aimeraient voir le prochain Congrès du Fatah réussir à réhabiliter le mouvement, principalement en le dégageant du bourbier de la corruption, de la trahison et de la « coordination sécuritaire » avec Israël, l’occupant néo-nazi de notre patrie et bourreau de notre peuple.





















Proposition d'Etat palestinien, par Carlos Latuff (2009)


Le Fatah est un grand mouvement et on ne peut nier son rôle dirigeant dans la lutte palestinienne contre le colonialisme sioniste. Mais il est tout aussi vrai que depuis de nombreuses années, le Fatah s’est métamorphosé en une « force contre-révolutionnaire » travaillant, sciemment ou non, contre les intérêts nationaux du peuple palestinien.

Les responsables et porte-paroles du Fatah réfutent bruyamment de telles descriptions. Cependant, les faits parlent d’eux-mêmes. L’inquisition en cours contre le Hamas en Cisjordanie, en totale coordination avec l’armée israélienne d’occupation, est une preuve flagrante qui souligne jusqu’où le Fatah a dévié de ses buts originaux. Cette honteuse alliance entre l’Autorité Palestinienne dominée par le Fatah contre les forces de la résistance transforme de fait les forces de sécurité soutenues et financées par les USA en une entité collaborationniste, un Judenrat palestinien.

Je sais que les mots peuvent sembler durs et blessants, mais la vérité doit être dite, même au risque de déranger et de s’aliéner beaucoup de gens. Un traitement douloureux est souvent nécessaire pour éradiquer une maladie maligne.

La raison d’être originale du Fatah a toujours été de libérer la Palestine et de permettre aux réfugiés palestiniens, brutalement déracinés de leur patrie ancestrale, de rentrer chez eux.

Toutefois, depuis le scandaleux Accord d’Oslo, la principale fonction du Fatah a été redéfinie et réorientée vers un combat contre « les ennemis de la paix » et «les extrémistes », dans le but d’obtenir un certificat de bonne conduite des criminels sionistes et de leurs partisans et alliés occidentaux.

De nombreux dirigeants du Fatah, importants mais crédules, pensaient naïvement qu’Israël les récompenserait d’un Etat en échange de leur soumission à Israël. Mais, au lieu d’obtenir un Etat palestinien avec Al-Quds comme capitale, comme le mantra de l’ère Oslo l’a constamment invoqué, Israël a constellé la Cisjordanie de centaines de colonies malignes, a amplifié le nettoyage ethnique de Jérusalem Est et a presque réussi à redéfinir la cause palestinienne d’une lutte contre une occupation étrangère et l’apartheid en un conflit palestino-palestinien entre le Fatah et le Hamas.

Cette distorsion kafkaïenne scandaleuse de la lutte palestinienne ne serait pas arrivée si une direction du Fatah indépendante avait empêché certains voyous au sein du mouvement, qui obéissaient aux moindres volontés des USA et d’Israël, d’enflammer une guerre civile inter-palestinienne qui a finalement forcé le Hamas à déloger les provocateurs criminels de la Bande de Gaza.

Nous espérons vivement qu’il n’est pas trop tard pour que les forces indépendantes d’esprit au sein du Fatah redressent la situation et réparent les immenses dommages faits par les saboteurs et les apostats qui se sont déguisés en patriotes palestiniens, avec un cœur et une mentalité de traîtres.

Aujourd’hui, le Fatah est aux prises avec une foule de problèmes compliqués qui mettent en danger la survie même du mouvement en tant que mouvement de libération.

D’abord, le Fatah doit gérer les contrecoups de la mort de Yasser Arafat, qui, en dépit de toutes ses erreurs et ses défauts, s’était arrangé pour préserver la cohésion du mouvement national palestinien.

Aujourd’hui, une nouvelle structure de pouvoir a été créée, une structure de pouvoir qui considère comme anachronique et même répugnante la résistance nationale contre l’occupation israélienne.

De plus, cette structure de pouvoir est prête à tout pour sauvegarder ses intérêts criminels. Nul besoin de dire que l’appareil actuel de police d’Etat en Cisjordanie montre qu’on ne peut compter sur la junte de Ramallah et ses nombreuses cohortes et parasites pour s’occuper du fardeau national. Ils sont simplement trop soumis à Israël et trop asservis à leurs propres intérêts partisans pour représenter honnêtement la véritable conscience collective du peuple palestinien et son interminable lutte pour la liberté et la justice.

En conséquence, pour les forces indépendantes d’esprit au sein du Fatah, il serait faux de penser que le seul but derrière la « coordination sécuritaire » avec Israël est de combattre ou d’éradiquer le Hamas. En vérité, le véritable objectif est d’intimider, d’étouffer et si nécessaire d’éliminer toute opposition à toute tentative de liquidation de la cause palestinienne. C’est pourquoi les hommes et les femmes libres au Fatah qui seraient tentés de dire « NON » à un règlement imposé qui perpétuerait la domination israélienne sur la terre et la vie palestiniennes, doivent être écrasés par les soldats sans foi de Dayton, qui ont subi un lavage de cerveau tel qu’ils croient que l’ennemi du peuple palestinien est « le Hamas et les forces de la résistance », et non Israël.

Deuxièmement, les forces indépendantes du Fatah doivent aussi reconnaître qu’au cours des dernières années, s'est installée au Fatah, une énorme bureaucratie de fonctionnaires, employés, opérateurs, commandants de la sécurité et business men, dont les intérêts et le bien-être financier et économique dépendent largement de la préservation du statu quo, à savoir la persistance de la relation maître-esclave entre Israël et l’Autorité Palestinienne.

Ces gens se battraient bec et ongle pour prolonger ou même perpétuer la situation actuelle, c’est-à-dire la soumission et l’assujettissement de l’AP à l’occupation israélienne.

De plus, c’est un secret de polichinelle que la survie financière du Fatah dépend en grande partie des coffres du gouvernement de Salam Fayyad soutenu par les USA. Tout effort véritable que ferait le Fatah pour se délivrer de la mainmise USraélienne rencontre donc une forte résistance du gouvernement Fayyad.

Il y a bien sûr ceux qui croient qu’une des principales raisons de la nomination du gouvernement Fayyad est d’émasculer et de « domestiquer » le Fatah. Malheureusement, cette vision des choses est justifiée par les événements des dernières années.

Cela signifie que le Fatah ne peut pas exercer sa libre volonté, même s’il le souhaite, aussi longtemps qu’il reste financièrement dépendant des coffres du gouvernement Fayyad. Ce qui force finalement le Fatah à choisir entre deux options : se coaliser dans la structure gouvernementale de l’AP et dire au-revoir à toute prétention de résistance, ou être financièrement indépendant pour être politiquement libre et capable de résister aux diktats israéliens.

Vous ne pouvez pas dire « Non » à la main qui vous nourrit.

Le Fatah devrait se consacrer à mettre fin à la scission avec le Hamas aussi vite que possible en purgeant ses rangs des agents israéliens, et, c’est triste, mais ils sont nombreux. Il devrait se rendre compte que seul, il ne peut atteindre les objectifs de libération et d’indépendance. C’est pourquoi un des objectifs centraux de la Conférence du Fatah doit être la reprise des relations avec le Hamas et la restauration de l’unité nationale palestinienne.

Il est tout simplement inacceptable et scandaleux, pour un mouvement de libération, que certains de ses dirigeants disent aux commandants de l’armée d’occupation israélienne que « Nous sommes alliés, et nos buts sont les mêmes, et notre ennemi commun est le Hamas. » Il y a encore quelques années, proférer de telles paroles aurait été durement sanctionné.

C’est pourquoi de tels gens ne doivent pas rester à leurs postes, et encore moins au Fatah, une minute de plus.

Enfin, la réelle contradiction est entre nous, le peuple palestinien, et Israël, l’occupant néo-nazi de notre pays, pas entre nous, les Palestiniens. C’est ce que chaque Palestinien, et chaque membre du Fatah, devrait comprendre.
Traduction : MR pour ISM