jeudi 27 août 2009

5ème jour de Ramadan à Gaza : Une balle dans la poitrine

Gaza - 26-08-2009
Par Eva Bartlett
Au 5e jour du Ramadan, j’ai rencontré un jeune homme qui a reçu une balle dans la poitrine. Il a beaucoup de difficulté à respirer, à parler et il a un tube dans la vessie, le liquide qui en sort est rouge.
Masoud (20 ans) est un ouvrier agricole qui travaillait sur des terres dans le nord-ouest de Gaza il y a deux jours, lorsque, vers 15h, des soldats israéliens ont tiré sur lui à la frontière.


Le jeune avec qui il travaillait à ce moment-là, Saïd (16 ans), a été tué sur le coup de plusieurs balles dans la poitrine. Les deux travaillaient sur une parcelle de légumes.

Sa grand-mère, assise dans sa chambre d'hôpital, parle de leur grande famille et de la nécessité de travailler comme ouvrier payé à la journée. Ce type de travail vous permet de gagner, au mieux, 30 shekels par jour. Certains des frères et des cousins de Mas'oud assis dans la chambre, sont également des ouvriers agricoles.

Il ya 16 enfants dans la famille, me disent-ils. Je comprends pourquoi Mas'oud doit travailler: une aussi grande famille et pas vraiment d'autres options pour obtenir un salaire dans la bande économiquement brisée qu’est Gaza, assiégée depuis 3 ans et victime de nombreuses invasions et d'attaques.

Je viens de lire hier le dernier rapport d’OCHA (Bureau de Coordination des affaires humanitaires), qui indique que 95% des industries de Gaza sont fermées en raison du siège.

Masoud n'est pas le premier ouvrier agricole que j’ai rencontré à avoir été blessé par balle par les gardes-frontières israéliens. Et Saïd n'est pas le premier martyr dans ces conditions. Les deux garçons se trouvaient au-delà de la "zone tampon" imposée par les Israéliens (donc, unilatéralement), mais cela ne semble pas avoir d'importance. Les autorités israéliennes, pour leur part, ont apparemment signalé avoir vu des silhouettes suspectes s’approcher de la clôture.

Mais nous savons tous que l'ensemble des Palestiniens de Gaza sont considérées comme «silhouettes suspectes», ainsi on n'a pas besoin de preuves concrètes de menace potentielle, n’est-ce pas? Juste tirer et oublier les familles comme celle de Saïd qui passera par le Ramadan avec un martyr, ou celle de Mas'oud qui a perdu une source de revenu, aura potentiellement de nouveaux frais médicaux, et un presque martyr.

Joyeux Ramadan aux agriculteurs et aux pêcheurs de Gaza; peut-être que le prochain Ramadan vous permettra de travailler sur des terres palestiniennes sans agressions israéliennes.
Source : http://ingaza.wordpress.com/2009/08/
Traduction : MG pour ISM