vendredi 26 juin 2009

Modifier le passé de la Ville Sainte
Par Jacky Rowland

Au pied de la mosquée Al-Aqsa, Israël modifie l’histoire. Les archéologues creusent en différents endroits autour de la Vieille Ville avec un ordre du jour clair : découvrir des preuves qui renforceraient la revendication d’Israël sur Jérusalem comme capitale éternelle du peuple juif.























Cerclé de rouge, le site des fouilles dans le quartier Silwan de Jérusalem Est

Utiliser l’archéologie pour servir des intérêts politiques est controversé, ce qui explique pourquoi un site de fouilles, dans le quartier palestinien de Silwan, est bouclé par des grilles de fer forgé.

Nous n’avons pas eu l’autorisation de filmer les lieux, et l’Autorité israélienne des Antiquités a refusé de nous accorder un entretien.
« C’est la caractéristique de cette étape actuelle de l’archéologie ici à Silwan, l’archéologie derrière des grilles, et il semble qu’ils veuillent tout garder secret, pour empêcher les gens de voir ce qui se passe, » dit Raphael Greenberg, archéologue à l’université de Tel Aviv.

« Je ne peux entrer dans aucun de ces sites. On m’en empêche. Il semble que l’Autorité des Antiquités ne veut pas de critiques sur leurs travaux. »

Une des raisons pour lesquelles l’Autorité des Antiquités est chatouilleuse, c’est parce qu’elle a remis quelques-uns de ces sites à El Ad, un organisme privé d’extrême-droite, dirigé par des colons israéliens. C’est donc les colons qui collectent les droits d’entrée, et ce sont les colons qui décident de ce qui est exposé à l’intérieur.

Le site principal s’appelle la Cité de David. Une fois à l’intérieur, on fait avaler au visiteur une vision très étroite de l’histoire de Jérusalem.

Détourner l’histoire

Les guides touristiques affirment que le Roi David de la Bible a construit sa capitale à Silwan, bien que les archéologues indépendants contestent cette affirmation. Le message est clair : les Juifs étaient là les premiers, donc Jérusalem appartient aux Juifs.

Ainsi les colons ont détourné l’histoire ancienne et ils essaient aussi de s’emparer de la Jérusalem moderne.

En même temps qu’elle gère les sites touristiques, l’organisation El Ad achète des propriétés palestiniennes à Silwan.

« Il y a ceux qui développent, les entrepreneurs, ceux qui veulent construire ici. En même temps, ils ont aussi un contrat de gestion du site archéologique, » dit Greenberg. « Il y a donc ici un véritable conflit d’intérêt entre leurs rôles de régisseurs de l’héritage antique et leurs rôles de colons, et celui de gens qui veulent vraiment déposséder les Palestiniens de Silwan. »

Des Palestiniens qui soupçonnent les colons et sont inquiets des fouilles, dont certaines arrivent directement sous leurs maisons.
Ils se sont plaints à la municipalité de Jérusalem, mais les fonctionnaires disent qu’ils ne sont pas responsables du projet.

« Je ne suis pas sûr d’être très heureux de l’implication d’une ONG privée et d’individus dans le patrimoine national, » dit Yakir Segev, fonctionnaire au conseil de la ville de Jérusalem. « Mais ce sont eux qui, je pense, ont levé et apporté les fonds pour faire les fouilles dans le parc dont vous parlez. Et donc ils ont leur mot à dire. Mais réellement, ce n’est pas l’affaire de la municipalité.»

Cette emphase sur le passé à un poids important sur le présent.
Par leur contrôle de ces sites archéologiques, les colons éduquent une nation selon leur propre manière de penser : Jérusalem a toujours été et sera toujours juive – et ne sera jamais divisée.

Source : Al Jazeera

Traduction : MR pour ISM