Sinistre date anniversaire que ce 2 novembre, où fut signée en 1917 la Déclaration Balfour par laquelle les autorités anglaises rendaient officiel leur soutien pour l’établissement d’un foyer juif en Palestine.
- Manifestation en Cisjordanie sous occupation
Il faut dire, au passage, que les Palestiniens ont rarement de quoi se réjouir, dans les dates anniversaires qui jalonnent leur histoire !
A l’aube de l’hiver, après les derniers massacres perpétrés il y a quelques semaines à peine par l’une des plus puissantes armées qui soit contre un peuple abandonné par l’ensemble des Nations, aucun média mainstream ne revient sur la situation dramatique des 1.800.000 habitants de Gaza dont le tiers du territoire a été détruit par plus de 50 jours de bombardements intensifs. Dont je rappelle le bilan :
2.200 morts dont une grande majorité de civils ;
20.000 blessés dont certains seront handicapés à vie ;
100.000 logements détruits ;
500.000 personnes sans toit…
Nos médias semblent vouloir coûte que coûte nous distraire avec d’autres faits, bien éloignés de ce terrible conflit qui voit l’un des Etats les plus méprisables du monde, s’attaquer avec des moyens toujours plus meurtriers, à une population exsangue, prise en otage de toutes parts.
Et pourtant…
Pourtant, loin des discours officiels auxquels plus personne ne croit et qui tourne en boucle autour d’une solution à deux États – sinistre farce que je dénonce personnellement depuis des années ! – quand vous rencontrez des Palestiniens ordinaires et que vous dialoguez avec eux, pas un n’imagine que l’État israélien puisse perdurer. Chacun vous dira que la situation est « provisoire » et que cet État qui les occupe, gangréné jusqu’à la moelle par sa funeste idéologie, disparaîtra dans les poubelles de l’Histoire. Les juifs qui le souhaitent resteront des citoyens comme les autres dans une Palestine historique réhabilitée, et ceux qui ne supporteront par la défaite rentreront dans leur pays qu’ils n’auraient jamais dû quitter !
Cela vient d’ailleurs de se passer, mais aucun média – tiens donc ! – ne paraît s’y arrêter : après l’enfer qui s’est abattu sur Gaza cet été, et la courageuse résistance qui a tenu l’armée israélienne en échec, des milliers de juifs ont quitté le territoire israélien pour s’en retourner dans leur pays d’origine. Pourquoi ? Tout simplement parce que la résistance gazaouie s’est défendue avec les armes, ce qui embarrasse tellement nos chancelleries ! Le rapport de forces est donc en train de changer. Et sans doute que bientôt – si ce n’est déjà le cas – n’importe quel endroit d’Israël pourra être atteint par les roquettes et missiles utilisés par cette exemplaire résistance. On comprend dès lors l’insistance avec laquelle le gouvernement israélien, et quelques derniers de ses misérables vassaux, s’étranglent à exiger une démilitarisation de la Bande de Gaza, sachant que ce petit lambeau de terre douloureusement laminé, sera toujours l’épine dans le pied de l’arrogance sioniste qui ne verra jamais aboutir son nauséabond projet.
Ces mêmes Palestiniens vous diront droit dans les yeux que les Français sont restés 130 ans en Algérie, et qu’ils ont donc le temps devant eux pour réduire le projet sioniste à néant. Après plus de 65 ans de dépossessions et de crimes plus sournois et vicieux les uns que les autres perpétrés à leur encontre ; après plus de 65 ans d’un Droit international qui les ignore et les voit suffoquer ; après plus de 65 ans de souffrances et d’humiliations quotidiennes que personne dans nos confortables villes occidentales ne peut imaginer, une telle détermination force le respect. Et invite au soutien actif tant les injustices y sont flagrantes. Aussi bien tout État que tout individu qui supporte de près ou de loin l’imposture sioniste foule des pieds le plus élémentaire principe démocratique. Et devra rendre des comptes.
Dès lors, tout citoyen qui en appelle à plus de justice dans le monde, peut participer activement là où il est, dans la campagne initiée par les organisations palestiniennes elles-mêmes, à savoir le BDS – Boycott, Désinvestissement, Sanctions – dont l’objectif est clairement de mettre l’économie israélienne à genoux. Puisqu’il est clair et évident que depuis des années les Palestiniens n’ont pas de partenaires israéliens pour la Paix, il s’agit de faire payer à ces derniers, le prix le plus fort ! Et chacun sait – ou devrait désormais savoir – qu’il n’y a que leurs intérêts qui font bouger les gouvernements.
Le message est donc sans la moindre ambiguïté. Plus aucun compromis n’est possible tant cet État mortifère perpétue sa politique criminelle à l’encontre d’une population privée de tout, écrasée dans d’inacceptables conditions et dans l’indifférence générale de nos gouvernements quand ceux-ci ne favorisent pas une collaboration avec l’occupant !
Il faut arrêter de parler d’un « processus de paix » inexistant ! Il faut arrêter de parler d’une solution « à deux États » rendue caduque par les objectifs non-avoués des dirigeants sionistes ! Il faut arrêter de multiplier « réunions et sommets » qui n’ont pour seuls résultats que d’asphyxier un peu plus la population palestinienne ! Il faut arrêter de reconstruire avec nos impôts ce que l’armée d’Israël se fait un plaisir de démolir sans passer à la caisse par la suite ! Il faut arrêter de relayer les mensonges de cette infréquentable extrême-droite au pouvoir en Israël et repris ici par quelques intellos pédants qui se succèdent sur nos plateaux-télé !… La coupe est plus que pleine et déborde en cascades.
Aujourd’hui, il faut commencer à penser l’après Israël. Et dans la foulée, l’après Autorité palestinienne, défaillante sur tous les points. Il convient donc de prendre la parole – parce qu’elle ne nous sera jamais donnée – à ceux qui la monopolisent depuis trop longtemps sur base de plans foireux. Afin de la rendre au peuple palestinien qui est le seul à même de pouvoir réorganiser son État après des siècles d’occupations diverses. Cela prendra du temps, cela sera difficile, cela aura un coût. Tant humain qu’économique. Mais c’est la seule issue pour échapper à une catastrophe plus grande encore, qui serait la disparition dans l’effondrement de toute la région dont on voit à travers ce qui se passe en Afghanistan, en Égypte, en Libye, en Irak et en Syrie, que cela peut arriver là où nos « experts & spécialistes de salons » n’avaient rien vu venir…
* Daniel Vanhove est Observateur civil et membre du Mouvement Citoyen Palestine
Il a publié aux Ed. Marco Pietteur - coll. Oser Dire :
Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes - 2004
La Démocratie mensonge - 2008
2 novembre 2014 - Transmis par l’auteur