Avant l’invasion de Gaza par Israël en juillet dernier, Farah Baker était une adolescente palestinienne comme les autres, grandissant dans cette bande de terre assiégée et bordant la mer Méditerranée. Mais une utilisation persuasive de Twitter l’a catapultée au rang de célébrité internationale.
Le 23 août, elle a envoyé le message suivant : « Comment est-ce de vivre librement et pacifiquement, sans occupation ? Je n’ai jamais connu ça ! Est-ce si beau ? » Plus de 1000 personnes ont alors re-tweeté son message. Chaque jour, elle écrit plusieurs fois, traduisant en mots ses inquiétudes et ses rêves, surtout pendant la guerre. Sa maison, située près de l’hôpital al-Shifa de Gaza, donne un aperçu exceptionnel - au-delà de ses années - de la vie pendant la guerre.
En effet, les enfants constituent l’une des populations les plus vulnérables en temps de guerre. La guerre de Gaza a gravé dans la conscience du monde les images d’enfants abattus dans les terrains de jeux et les écoles, sur la plage et dans des abris des Nations Unies.
Le rapport indique également : « Au moins 373 000 enfants ont besoin d’un soutien psychologique et social direct et spécialisé [PSS] Les enfants présentent de plus en plus des symptômes de détresse, dont l’énurésie et les cauchemars, s’accrochant à leurs parents. »
Pour exemple, l’article 38, N°4 stipule : « Conformément à leurs obligations en vertu du droit humanitaire international de protéger la population civile dans les conflits armés, les États signataires prennent toutes les mesures possibles pour assurer la protection et les soins des enfants qui sont touchés par un conflit armé ».
Al-Jazeera a demandé Aaron Sagui, porte-parole de l’ambassade d’Israël à Washington, de répondre aux accusations selon lesquelles Israël viole la Convention.
« J’espère que al-Jazeera English concentrera ses enquêtes sur les crimes de guerre commis par le Hamas, qui place ses roquettes dans les maisons, les hôpitaux, les écoles et les mosquées. Le Hamas à la fois cible des civils, et tirs des roquettes en se cachant derrière des civils. C’est un double crime guerre, et donc tous les morts de civils, aussi regrettable qu’ils soient, sont de leur responsabilité. »
Lorsqu’on l’interroge sur les violations par Israël de la Convention sur les droits de l’enfant lors de son invasion de la bande de Gaza, le porte-parole du Département d’Etat américain, Jen Psaki répond à al-Jazeera : « Je pense que tout au long de ce conflit, nous avons exprimé à plusieurs reprises notre préoccupation pour les civils, y compris les enfants. Nous avons également précisé que nous pensions qu’Israël devrait prendre des mesures supplémentaires pour prévenir et réduire - prévenir est vraiment le terme le plus important ici - les victimes civiles. »
Mais les États-Unis restent opposés au souhait des Palestiniens de porter leurs griefs contre Israël devant un forum international.
« Passer par les organismes internationaux, en ce moment même, n’est pas, peut-être, l’étape la plus productive », a déclaré Psaki.
Responsabilité israélienne et couverture des États-Unis
Le CRC s’appuie sur la
Déclaration de Genève sur les droits de l’enfant de la Société des Nations et signée en 1924, qui a mis sur le papier les droits fondamentaux des enfants, lesquels « doivent être les premier à recevoir des secours en cas de détresse ».
« Israël, puissance occupante ... est tenu, en vertu des Conventions de Genève, d’assurer le bien-être de la population palestinienne, y compris les enfants », a déclaré Alex Abuata, chargé de la communication et avocat à
War Child International Network, une coalition d’organisations humanitaires et indépendantes qui aident les enfants touchés par la guerre.
Il a déclaré que la bande de Gaza est toujours considérée comme un territoire occupé en vertu du droit international, car Israël continue de contrôler ses frontières, l’espace aérien et les eaux territoriales, ainsi que toutes les activités de transports de biens et de mouvements de personnes. « Pourtant, Israël ... opprime systématiquement les Palestiniens et les enfants palestiniens en toute impunité », a déclaré Abuata à Al Jazeera.
La question de la responsabilité est cruciale, a déclaré Brad Parker de l’organisation
Defence for Children International (DCI)-Palestine (DCI) - Palestine. Il explique qu’Israël a constamment violé les lois internationales en toute impunité, souvent avec la protection du gouvernement des États-Unis dans les enceintes internationales. De 1972 à 2011, les États-Unis
ont exercé 41 fois leur droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies, en votant contre les résolutions qui ont tenté de tenir Israël pour responsable de violations dans les territoires palestiniens occupés.
Plus récemment, Washington - qui fournit près de
3 milliards de dollars en aide américaine à Israël chaque année - a émis le seul vote négatif sur
une résolution du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies de mener une enquête indépendante sur les allégations de violations des droits de l’homme dans les territoires occupés. Le Conseil a également condamné « les violations généralisées, systématiques et flagrantes des droits de l’homme et des libertés fondamentales garantis au niveau international » découlant des opérations militaires israéliennes. La résolution a été adoptée en dépit du vote négatif des États-Unis.
« Une génération blessée »
« Les enfants sont les premières victimes de cette violence », a déclaré Parker lors d’une conférence à Capitol Hill. « [Ils] sont arrêtés à leur domicile dans le milieu de la nuit par des soldats lourdement armés ... les yeux bandés ... les mains attachées avec des cordes en plastique derrière le dos. »
Près de trois enfants sur quatre arrêtés par les forces israéliennes subissent une certaine forme de violence physique au cours de l’arrestation, du transfert ou de l’interrogatoire.
Parker a déclaré que bien qu’en 2011 l’ordonnance militaire d’Israël 1676 ait relevé de 16 à 18 ans l’âge considéré comme adulte devant les tribunaux militaires, les enfants palestiniens âgés de 16 et 17 ans peuvent encore être condamnés comme des adultes. Aucune règle de ce genre ne s’applique aux enfants israéliens, y compris ceux qui vivent dans des colonies dans les territoires occupés.
En outre, la justice militaire israélienne conduit devant des tribunaux militaires des enfants âgés d’à peine 12 ans, et donnent des instructions sur les peines maximales.
« Des infractions mineures, comme jeter une pierre, peut conduire à plusieurs années de prison », a déclaré Abuata. « Les enfants israéliens sont jugés par des tribunaux civils où les sentences sont beaucoup plus légères. »
« Je suis profondément inquiet que, après trois guerres en six ans [à Gaza], nous ayons créé une génération en permanence blessée », dit-il.
Bill Corcoran est président et responsable de la direction de
American Near East Refugee Aid (ANERA), une organisation non gouvernementale qui intervient dans les territoires occupés, au Liban et en Jordanie. « A leur manière, les enfants de Gaza expriment qu’ils n’ont pas d’avenir, » dit-il.
Le Professeur Wessells dit craindre que leur vie d’aujourd’hui puisse créer un modèle de comportement dans les zones de guerre, où « les enfants vont probablement devenir plus enclins à participer un jour à une lutte armée contre Israël, poursuivant ainsi les cycles de violence ».
Lors de l’annonce du cessez le feu le 26 août, Farah Baker a tweeté, « Je suis âgée de 16 ans et j’ai survécu à trois guerres et une Intifada ! J’ai eu de la chance et je ne veux pas traverser une quatrième guerre #Gaza. »
Plus tard dans la journée, elle a écrit : « La moderne Anne Frank que je suis a eu plus de chance que la vraie Anne Frank, car la moderne a pu survivre à la guerre. »