Le mythe voulant qu’Israël soit en situation de légitime défense, propagé par le gouvernement
israélien et par ses lobbys au Canada, a été adopté par une partie de
l’élite politique canadienne et québécoise. Or ce mythe ne correspond
pas du tout à la réalité, ni du point de vue des rapports juridiques
entre Israël et les territoires occupés ni du point de vue du rapport de force réel entre les diverses parties.
Du point de vue juridique, Israël occupe
militairement les territoires palestiniens. C’est la position
officielle du Canada, des États Unis, et de l’ensemble des signataires
de la IVe Convention de Genève de 1949. Le site Web du ministère des
Affaires extérieures et du Commerce international du Canada le dit très
explicitement : «La Quatrième Convention de
Genève s’applique dans les territoires occupés et définit les
obligations d’Israël en tant que puissance occupante, en particulier en
ce qui concerne le traitement humanitaire des habitants des territoires
occupés. Comme le mentionnent les résolutions 446 et 465 du Conseil de
sécurité de l’ONU, les colonies de peuplement israéliennes dans les
territoires occupés sont contraires à la Quatrième Convention de Genève.»
La Cisjordanie et Gaza
ont été occupés militairement par Israël depuis 1967, c’est-à-dire
depuis 47 ans. Il ne s’agit donc pas d’une occupation temporaire, visant
à régler un différend, mais d’une intention de prendre le contrôle des
parties les plus stratégiques du territoire palestinien, intention
réitérée par les divers premiers ministres israéliens et illustrée par
l’expansion toujours croissante des colonies et du nombre de colons.
La réalité du terrain
Personne ne peut faire semblant de ne
pas le savoir. Même si les colonies ont été retirées de Gaza en 2005, le
contrôle israélien ne s’est pas terminé pour autant. Israël contrôle
les frontières, le ciel, le sous-sol et la mer de Gaza. Depuis 2006, le
blocus imposé à Gaza a signifié qu’Israël contrôle aussi la vie et la
mort des Gazaouis, puisque les denrées alimentaires, les médicaments,
les produits industriels ou manufacturés ainsi que les personnes ne
peuvent ni sortir ni entrer à Gaza sans autorisation israélienne, qui
est refusée pour nombre de produits de première nécessité. Et l’Égypte
est tenue par ses traités avec Israël de respecter ce blocus. Outre la
mort de plusieurs civils de Gaza, ce blocus a entraîné une détérioration
dramatique de la santé des habitants, qui ont eu recours à des tunnels
pour faire transiter des marchandises et, du même coup, des armes.
Du point de vue du rapport de force,
l’affirmation qu’Israël est en état de légitime défense est ridicule.
Mais le ridicule ne tue pas. Les bombes israéliennes, si. Près de 2000 morts durant le dernier round. Dès la première semaine (13 juillet), plus de 1000 tonnes de bombes avaient déjà été larguées sur la population palestinienne, lit-on dans le journal israélien Haaretz,
un chiffre que les médias ici ne citent pas. Du point de vue du ratio
civils/combattants tués, du côté israélien on dénombre trois civils tués
et [64] soldats, donc moins de 6 % de victimes civiles. La grande
majorité des victimes sont des soldats. Du côté palestinien, c’est 80 %
de victimes civiles [sur 1878 victimes, NDLR].
L’idée qu’Israël est en état de légitime
défense est donc une énorme fabulation. Pour prétendre à la légitime
défense, Israël devrait d’abord se conformer au droit international pour
cesser d’être dans la position d’agresseur en tant que puissance
occupante. Or, ce n’est pas le cas.
Le Hamas
Au moment de la signature des accords
d’Oslo en 1993, dans le cadre desquels l’Organisation de libération de
la Palestine [OLP] reconnaissait l’État d’Israël, la popularité du Hamas
était tombée à moins de 4 % et l’écrasante majorité des Palestiniens
avait approuvé la reconnaissance d’Israël contenue dans les accords
d’Oslo. Or ces mêmes accords ne reconnaissaient pas l’État palestinien,
terme qui n’apparaît nulle part, ni dans les accords eux-mêmes ni dans
la correspondance les entourant. Et de plus, Israël a profité des
négociations pour s’approprier encore plus de territoire palestinien. Et
vous parlez de légitime défense ?
Ce qu’Israël veut, c’est coloniser en
paix. Sans résistance. Ce qui est en jeu, ce n’est pas le droit d’Israël
d’exister, mais bien le « droit » qu’il revendique de coloniser ce qui
reste de la Palestine, et de le faire sans contestation. Même la
contestation pacifique et diplomatique est interdite. Quand les
Palestiniens ont voulu obtenir un statut d’observateur à l’ONU, les
sanctions israéliennes et américaines n’ont pas tardé à s’abattre tant
sur les Palestiniens que sur l’UNESCO.
Israël est prêt à tout pour empêcher que naisse un État palestinien reconnu par la communauté internationale. «Depuis la première guerre du Liban, il y a 30ans, la stratégie principale d’Israël a été de tuer des Arabes. La présente guerre dans la bande de Gaza n’y fait pas exception», nous disait le journaliste israélien Gideon Levy dans leHaaretz du 13 juillet.
Mais rien de cela ne compte pour les
partisans de la colonisation. Il faut l’appuyer et prétendre, de
surcroît, qu’Israël est victime. Tout autre point de vue est qualifié d’antisémitisme.
Pour cela, un dernier tour démagogique est nécessaire : celui
d’affirmer que c’est une guerre entre Israël et le Hamas, alors qu’en
réalité c’est une guerre contre la population civile palestinienne. Le
manque total d’empathie des partisans de la colonisation envers
l’ampleur du massacre et l’ampleur de la destruction de Gaza laisse
pantois. Honte à ceux qui appuient ce massacre.
Rachad Antonius
Publié initialement dans Libre de penser du quotidien montréalais Le Devoir.
Caricature : “Vous voyez ! On est juste en train de se défendre.”
La LDJ a réagi sur sa page Facebook au sujet de Patrick Bruel qui a nié avoir financé l'armée israélienne. Pour la LDJ, Bruel est "un lâche et un menteur !"
Voici le texte de la LDJ
"il a soutenu financièrement des organisations qui achètent du
matériel pour l'armée Israélienne ,nous en sommes témoins car nous
étions présents à ces soirées de gala ou nous y avons prêté mains fortes
pour assurer la sécurité !
il a même félicité nos membres pour nôtre combat !
Il aurai du être fier d'avoir soutenu l'armée la plus morale du
monde et celle grâce a qui il a pu venir se remplir les poches en
faisant ses concerts en Israel !"
Le footballeur
argentin Lionel Messi, s'est exprimé sur sa page Facebook en défendant
les droits des enfants dans les zones de conflit, en particulier dans
la bande de Gaza, où les enfants ont été les premières victimes. "En
tant que père et ambassadeur de l'UNICEF, je suis terriblement
attristé par les images provenant du conflit entre Israël et la
Palestine, où la violence a déjà fait tant de jeunes victimes et
blesser d'innombrables enfants," a écrit Messi sur sa page Facebook qui compte plus de 68 millions de fans.
La star de Barcelone, a également précisé que: «Les enfants qui n'ont pas créé ce conflit, en paient le prix fort ," et a exigé que "ce cycle de violence insensée doit immédiatement cesser."
Son message qui a été rédigé en anglais et en arabe a été illustré
d'une photo d'un enfant palestinien dont la tête est cerné d'un bandage
(voir ci-dessous).
Fin
juillet, de retour dans sa Norvège natale après avoir passé plusieurs
semaines dans l’enfer de Gaza, le chirurgien urgentiste Mads Gilbert,
ce héros inconnu en blouse blanche et auteur d’un cri du cœur,
désormais mondialement connu, lancé à Obama, est passé sans temps mort
du tarmac de l’aéroport à une grande manifestation de solidarité avec
Gaza, dont il était l’Homme du jour et le grand témoin.
C’est à Tromso précisément, une localité jumelée
avec l’enclave palestinienne, que le médecin urgentiste de renom s’est
mué en un orateur engagé devant un auditoire qui était tout ouïe. "Le cœur de la Terre bat à Gaza maintenant. Il saigne, mais il bat",
a clamé Mads Gilbert qui est mieux placé que quiconque pour évoquer
l'indicible tragédie vécue par les Gazaouis et louer l’extraordinaire
esprit de résistance qui les anime.
"La résistance du peuple palestinien à Gaza
est admirable, elle est juste et c'est une lutte que nous devons
soutenir. Nous ne voulons pas d’un monde cruel où ceux qui luttent pour
la justice soient les éternels persécutés. Les Palestiniens font face à
l'une des forces d'occupation les plus brutales de l'histoire moderne" a-t-il déclaré, en ajoutant :"La solidarité est une arme puissante".
Approuvant pleinement le mouvement Boycott,
Désinvestissement, Sanctions, Mads Gilbert a profité de cette tribune
pour interpeller le monde sur l'intolérable impunité d'Israël qui
perdure, alors même qu'un nouveau palier a été franchi dans la
barbarie.
Voici la traduction des passages marquants de son intervention :
"Je sais que vous applaudissez pour Gaza. Je sais que vous applaudissez pour ceux qui sont là, les héros de la bande de Gaza.
La Norvège a été construite sur le respect de la diversité, le respect de l'individu, le respect de la dignité humaine.
Imaginez que vous soyez en 1945, et
comprenez-moi bien quand je dis que je ne compare pas le régime nazi
allemand avec Israël. Non. Mais je compare l'occupation à
l'occupation. Imaginez si, en 1945, nous avions perdu la lutte de
libération.. Imaginez, l'occupant restant dans notre pays, envahissant
notre pays progressivement et sans trêve, depuis des décennies. Et nous,
nous retrouvant bannis, confinés dans les zones les plus paupérisées,
étroites et invivables, dans une prison à ciel ouvert
Imaginez toujours si, ici à Tromso, après sept
ans de détention, l’occupant avait commencé à nous bombarder, à
bombarder notre hôpital universitaire, le centre médical, puis tué nos
ambulanciers, tout en pilonnant des écoles où ceux qui auraient tout
perdu, dont leur maison, se seraient refugiés. S'ils avaient bombardé
notre centrale, fermé l'alimentation en eau. Qu'aurions-nous fait?
Aurions-nous renoncé, brandi le drapeau blanc? Non, certainement pas,
car pendant la seconde guerre mondiale, Tromso a résisté à l’occupant
nazi. Eh bien, c'est la situation actuelle à Gaza.
Ce n'est pas une bataille entre le terrorisme
et la démocratie. Le Hamas n'est pas l'ennemi. Israël mène une guerre
pour anéantir la capacité de résistance du peuple palestinien, pour
briser sa détermination inébranlable à ne pas se soumettre à
l'occupation!
Il en va de la dignité et de l'humanité du
peuple palestinien de refuser d'être traité comme des citoyens de
troisième, quatrième, voire cinquième rang.
En 1938, les nazis ont appelé les Juifs
"Untermenschen," sous-hommes. Aujourd'hui, les Palestiniens en
Cisjordanie, à Gaza, dans la Diaspora, sont traités comme des
sous-hommes, qui peuvent être bombardés, tués, massacrés par milliers,
sans qu'aucun homme de pouvoir ne réagisse.
Donc je suis rentré dans mon pays libre - et
ce pays est libre parce que nous avons eu un mouvement de résistance,
parce que nous avons dit que les pays occupés ont le droit de résister,
même avec des armes.
Vous êtes autorisés à combattre l'occupant, même avec des armes. Il faut bien sûr respecter le droit international ... Aucun peuple ne veut être occupé!
La guerre
israélienne contre la bande de Gaza est basée sur le mensonge du début à
la fin. Le menteur en chef et l’homme responsable de l’usage
disproportionné des armes israéliennes qui ont ôté la vie à presque 2000
Palestiniens — principalement des civils — contre 3 morts civiles
israéliennes, n’est autre que le premier ministre israélien Benjamin
Netanyahou.
L’attaque sur Gaza a été déclenchée le 29 juin mais l’incitation à la
guerre a commencé quand le premier ministre israélien a accusé de
manière irresponsable le mouvement islamique Hamas de Gaza d’avoir
soi-disant kidnappé 3 Israéliens. Les 3 Israéliens faisaient apparemment
de l’auto-stop, le 12 juin, et ils ont été enlevés par des personnes
non encore identifiées qui les ont tués peu de temps après, semble-t-il.
Un des 3 israéliens a appelé la police et sur l’enregistrement de
l’appel on entend le bruit d’un coup de feu. Netanyahou a immédiatement
donné la consigne de garder la mort des trois Israéliens secrète.
Dans le Jewish Daily Forward, J.J. Goldberg parle des “décisions
politiques et des mensonges” qui sont à l’origine de l’attaque contre
Gaza. “On a dit aux journalistes qui avaient entendu parler [de l’appel à
l’aide], que le Shin Bet voulait garder le secret pour faciliter les
recherches. Les autorités israéliennes ont annoncé officiellement
qu’Israël ’assumait qu’ils étaient vivants et agissait en conséquence’.
Ce qui était un mensonge pur et simple,” a écrit Goldberg.
Deux semaines après l’enlèvement et quantités de discours anti-Hamas,
l’attaque contre Gaza a été lancée sur la base d’une falsification de
la réalité. Faisant suite à l’arrestation de centaines de Palestiniens
et aux raids aériens israéliens quotidiens à Gaza, la mort d’un
combattant palestinien dans une frappe sur Gaza a engendré une escalade
de la situation. Le jour suivant, le Hamas, qui avait jusqu’ici respecté
le cessez-le-feu conclu en novembre 2012, a rétorqué en tirant un
barrage de roquettes. Cela a servi d’excuse à Israël pour commencer le
pilonnage de Gaza. Et on ne parle plus des raids aériens israéliens
lancés, les jours précédents, au prétexte fallacieux que les chefs du
Hamas avaient ordonné l’enlèvement et le meurtre des trois Israéliens.
La vérité est toujours la première victime de la guerre et l’attaque
de Gaza ne fait pas exception. Les Israéliens disent qu’ils ont essayé
de “frapper durement le Hamas,” mais en réalité ils s’en sont pris aux
civils palestiniens qui n’avaient rien à voir avec le Hamas. Le nombre
de combattants du Hamas tués dans l’agression est dérisoire en
comparaison du nombre de civils dont 300 enfants assassinés simplement
parce qu’Israël se moque de savoir qui se trouve à l’autre bout de ses
missiles.
Il y a eu une seconde série de mensonges à la fin de l’attaque
israélienne contre Gaza, le 2 août, le jour où une trêve de 72 heures
devait prendre effet. Israël a affirmé qu’un de ses soldats avait été
kidnappé 90 minutes avant le début de la trêve humanitaire. Le Hamas a
répondu qu’ils avaient combattu contre des soldats israéliens au coeur
de Rafah à 7 heures du matin, une heure avant la trêve, et qu’à 7 H 34
ils avaient annoncé la bataille sur twitter. Le Hamas a dit qu’ils
n’étaient pas au courant qu’un soldat israélien ait été kidnappé et que
le soldat avait sans doute été tué dans le combat. En réponse Israël a
lancé une de ses plus odieuses attaques contre la population de Rafah,
causant la mort de près de 100 Palestiniens, en grande majorité des
civils. Il s’en est suivi une tempête politique qui a atteint son apogée
quand le président des Etats-Unis et le secrétaire général de l’ONU ont
"exigé" que le Hamas libère sans conditions le soldat israélien
capturé.
Après cette odieuse démonstration de force militaire et de puissance
politique, Israël s’est calmé subitement, a reconnu que le soldat était
mort et l’a enterré rapidement dimanche après-midi. Quelques heures plut
tôt, les médias israéliens rapportaient que Netanyahou, hors de lui,
avait martelé à Dan Shapiro, l’ambassadeur étasunien à Tel Aviv, que les
Etats-Unis ne devaient plus jamais se substituer à Israël en ce qui
concerne le Hamas.
Ce n’est évidemment pas la première fois que Netanyahou ment comme un
arracheur de dents. Pour diaboliser le Hamas, le premier ministre
israélien l’a assimilé au mouvement radical de l’Etat Islamique (IS) et à
al-Qaeda, ce qui n’a rien à voir avec la réalité. En fait, selon Ali
Mamouri de Al-Monitor, l’IS considère le Hamas comme un apostat et ses
combattants ont brûlé le drapeau palestinien pendant l’offensive
actuelle.
Peter Jenkins, un respectable diplomate anglais, a recensé près de 35
affirmations discutables dans un discours que Netanyahu a prononcé
devant l’Assemblée Générale de l’ONU en octobre 2013 sur le programme
nucléaire iranien et la nécessité pour les Palestiniens de reconnaître
Israël comme un état juif s’ils voulaient la paix.
Netanyahou a à nouveau été épinglé en mai 2014 pour avoir qualifié le
mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) de mouvement
antisémite. “La passion avec laquelle Netanyahou a ridiculisé les voisin
d’Israël, menacé l’Iran et discrédité le mouvement BDS en le qualifiant
d’antisémite’ … prouve simplement qu’il aurait tout à perdre si la
situation venait à être sérieusement débattue. On se rapproche du moment
où les mensonges ne suffiront plus,” a écrit Dale Sprusansky, l’adjoint
du rédacteur en chef du Washington Report sur les Affaires du Moyen
Orient dans un article qui portait sur cinq mensonges prononcés par
Netanyahou dans son discours au Comité Américain des Affaires Public
d’Israël (AIPAC) en mai dernier.
Tout cela a été corroboré, en 2011, par le président étasunien Barack
Obama et l’ancien président français Nicolas Sarkozy qui, sans se
rendre compte que le micro était branché, ont convenu que Netanyahou
était un menteur.
Les politiciens ont la réputation de fournir des informations
trompeuses et/ou exagérées. Les medias dominants doivent normalement
vérifier les affirmations des politiciens, ce qui les incite à dire la
vérité. Mais ce que dit Netanyahou est rarement vérifié et il peut se
permettre de mentir effrontément sans être contredit. Ses mensonges ont
causé, le mois passé, des milliers de morts et de blessés. Il est
inacceptable qu’un dirigeant comme le premier ministre israélien
bénéficie d’une telle impunité. Il faut enfin dire la vérité et, comme
les Etats-Unis eux-mêmes l’ont affirmé, il faut que les responsables de
crimes de guerre rendent des comptes. On ne doit plus accepter que de
tels personnages puissent se cacher derrière des déclarations
mensongères et des belles paroles.
Le patron du
CRIF Roger Cukierman n' a pas du tout apprécié les termes "carnage" et
"massacre" utilisés par Hollande pour dénoncer la terrible agression
Israélienne contre Gaza dont le bilan est : Plus de 1 900 morts dont une majorité d'enfants,
des quartiers entiers totalement détruits, une population de Gaza
humiliée, privée de tout, qui subit depuis 8 ans un infâme blocus,
plus de 10 000 maisons détruites, 30 000 personnes se retrouvent sans abri et 170 000 ont été contraintes d'abandonner leur maison.
Mais pour le CRIF, le fait que Hollande parle de "massacres" est un
scandale. Roger Cukierman attend en fait de Hollande qu'il nie tout
simplement ces massacres, ou mieux encore qu'il applaudisse les crimes
d'Israël. Quand le boss du CRIF n'est pas content, il prend sa plume
et écrit à Hollande pour l'engueuler comme un petit écolier.
Lire ci-dessous la lettre du CRIF:
Le Président du CRIF écrit au Président de la République
Roger Cukierman, dans un courrier adressé le 5 aout à François
Hollande, a alerté le Président de la République sur l'utilisation des
termes "carnage" et "massacre" pour qualifier les opérations de l'armée
Israélienne à Gaza.
Le caractère disproportionné de ces termes a suscité de l'incompréhension et une vive émotion chez les Juifs français.
Roger Cukierman estime que le Président de la République et le
Ministre des Affaires étrangères ne tiennent pas compte des exactions
commises par le Hamas sur la population palestinienne de Gaza, utilisée
comme bouclier humain dans des écoles et des hôpitaux ou sont stockés
armes et missiles.
Ils ne tiennent pas compte des enlèvements et des assassinats de
civils israéliens, ni des tunnels creusés pour tuer, ni des milliers de
missiles lancés sur la population israélienne depuis 10 ans par les
terroristes du Hamas.
Un sondage de
la Commission européenne selon lequel la majorité des Européens voient
en Israël le pays qui menace le plus la paix mondiale était dénoncé
dimanche comme la preuve d'un antisémitisme rampant en Europe par des
responsables israéliens et la presse locale. Le journal espagnol El
Pais avait diffusé jeudi les résultats préliminaires de ce sondage dont
les résultats complets devraient être- pour des raisons "techniques",
selon Bruxelles- publiés lundi.
L'International Herald Tribune en a également fait état dans son édition de
vendredi. Toujours est-il que lundi, la présidence italienne de l'UE
s'est déclarée "surprise et contrariée" par ce sondage et affirmait que
ce résultat "ne reflètait pas la position de l'UE". "Le ministre des
Affaires étrangères Franco Frattini, au nom de la présidence de l'Union
européenne, exprime la surprise et la contrariété pour le signal faussé
qui sort du sondage d'opinion commandé par la Commission européenne",
indique un communiqué officiel. "Le résultat du sondage, à la suite
d'une question ambiguë, ne reflète pas la position de l'Union
européenne, exprimée par ses instances à de nombreuses reprises",
affirme le texte.
(...) Ces résultats choquants qui montrent qu'Israël représente la
plus grande menace pour la paix dans le monde, davantage que la Corée du
Nord et l'Iran, défient la logique et sont une fantaisie raciste", a
déploré le rabbin du centre Simon Wiesenthal basé à Los Angeles
(Etats-Unis), Marvin Hier. "Ils montrent seulement que l'antisémitisme
est profondément ancré dans la société européenne."Le ministre israélien
en charge des relations avec la diaspora Nathan Chtcharansky, estime
que derrière les critiques contre Israël, il y a de l'antisémitisme.
Prix Nobel de la paix, Elie Wiesel, le philosophe
américain rescapé du nazisme, fait figure de vénérable sage dans le
monde entier, lu par des millions de lecteurs, décoré des plus hautes
distinctions et écouté presque religieusement, autant de marques de
reconnaissance qui lui confèrent une immense influence sur les esprits.
Aussi, quand ce docteur honoris causa de plus
d’une centaine d’universités dans le monde va dans le sens du vent, en
se faisant l’ardent défenseur d’Israël et le plus intraitable des
censeurs contre le Hamas, on a toutes les raisons de craindre que sa
voix très partisane ne l’emporte sur la clameur de protestation
dénonçant, dans toutes les langues, les atrocités commises par
l’ultra-sionisme vengeur.
Il n’est pas aisé de dire non à Elie Wiesel, et
pourtant The Times l’a fait. En effet, la direction du célèbre quotidien
britannique a refusé de publier la récente tribune de l’éminent
intellectuel, dans laquelle celui-ci s’est assis sur ses grands
principes éthiques sans vergogne, pour reprendre à son compte, en
l'amplifiant, l’allégation selon laquelle le Hamas se sert des enfants
palestiniens comme de boucliers humains.
La diatribe, infiniment sournoise et violente,
parrainée par « The Values Network », une organisation fondée par le
rabbin Shmuley Boteach, a été jugée trop à charge et trop anxiogène par
les responsables du Times, qui ont estimé qu’elle était susceptible de
heurter une partie de leurs lecteurs, ainsi que l’a rapporté le New York
Observer.
C’est dans une encre trempée au vitriol qu’Elie
Wiesel, fort de son aura internationale, a jeté l’anathème contre le
Hamas, tout en enjoignant le monde entier, des puissants aux citoyens
ordinaires, à choisir le bon camp, celui d’Israël cela va de soi, en se
gardant bien de dire que la barbarie est pourtant de ce côté-là du mur
de la honte, et que la résistance à l'oppresseur assoiffé de vengeance
est du côté du Hamas.
Dans une condescendance insupportable, cet énième
ambassadeur de Netanyahou aux Etats-Unis joue les hommes de paix,
poussant le cynisme et la suffisance jusqu’à « exhorter les Palestiniens à trouver de vrais musulmans pour les représenter ».
C’est bien là le comble du racisme de la part d’un philosophe
pro-sioniste qui avance masqué, drapé dans sa respectabilité, dans un
Occident où le soutien à Gaza et à l’ensemble de la Palestine forme
désormais une immense chaîne de la solidarité par-delà les frontières
idéologiques, culturelles et cultuelles.
Voici le réquisitoire, truffé de sophismes insidieux, que le Times n’a pas publié :
"Dans ma vie, j’ai vu des enfants juifs jetés
dans le feu. Et maintenant, je vois des enfants musulmans utilisés comme
des boucliers humains, dans les deux cas, par des adorateurs du culte
de la mort qu’on ne peut différencier des adorateurs de Moloch.
Ce dont nous souffrons aujourd’hui, ce n’est
pas d’une guerre des Juifs contre les Arabes, ni d’une guerre des
Israéliens contre les Palestiniens. Il s’agit plutôt d’une guerre entre
ceux qui défendent la vie et ceux qui glorifient la mort. C’est un
combat de la civilisation contre la barbarie.
Est-ce que les deux cultures qui nous ont
donné les Psaumes de David et les riches bibliothèques de l’Empire
Ottoman ne partagent pas l’amour de la vie, de transmettre la sagesse et
un avenir à leurs enfants? Et, peut-on discerner cela dans le sombre
futur offert par le Hamas aux enfants arabes, d’être des kamikazes ou
des boucliers humains pour des roquettes?
Mais, avant que les mères incapables de
trouver le sommeil, à Gaza et à Tel Aviv, puissent trouver le repos,
avant que les diplomates puissent sérieusement amorcer la reprise du
dialogue… le culte de la mort du Hamas doit être regardé pour ce qu’il est.
J’appelle les Palestiniens à trouver
de vrais Musulmans pour les représenter, des Musulmans qui ne mettront
jamais délibérément un enfant en danger.
J’appelle le Président Obama et les dirigeants
du monde à condamner l’utilisation par le Hamas, d’enfants comme
boucliers humains. Et j’enjoins l’opinion publique
américaine à se tenir fermement aux côtés du peuple d’Israël qui lutte
une nouvelle fois pour sa survie, et aux côtés des habitants souffrant de Gaza qui rejettent la terreur et soutiennent la paix."
Diam's est l'une des rares artistes qui ont osé manifesté leur
soutien aux Palestiniens. A l'occasion de l'Aid El fitr, Diam's a réagi (
voir ci-dessous son texte publié sur sa page Facebook)
En ce jour de joie…
Tout d’abord, j’aimerais souhaiter à tous mes frères et sœurs dans
le monde une bonne fête de l’Aïd. Qu’Allah nous rapproche de Lui et nous
accorde Son amour.C’est certes un jour de fête, mais il reste pour
certains, un jour dans l’épreuve de la guerre et des bombardements…
J’ai une pensée particulière pour mes frères et sœurs Palestiniens
qui vivent des jours d’horreur, mais le lien qui les attache au Créateur
est lui incassable et indestructible…
Une pensée aussi à tous ces innocents dans le monde, victimes des assoiffés de pouvoir, d’argent, de haine et d’ignorance.
En ces temps de souffrance, j’ai conscience que ma voix sera
recouverte du bruit des bombes et des cris, mais je veux rappeler à tous
ceux qui m’interrogent souvent sur ma nouvelle vie, que l’Islam a bon
dos, que les musulmans sont souvent pointés du doigt, mais qu’on ne doit
pas réduire cette religion à quelques agissements d’ignorants
fanatiques.
N’en déplaise à ceux qui veulent nous monter les uns contre les autres dans la société française.
Une fois une dame nous a dit :
« - Et si l’Islam n’est pas violence comme vous le prétendez, pourquoi ne le dites-vous pas haut et fort ? »
Et bien je le dis haut et fort, l’Islam n’est pas violence et division.
L’Islam c’est le message éternel de la miséricorde divine, l’annonce de
l’amour du Seigneur Créateur pour ceux qui Le reconnaissent, Le
remercient et suivent les Prophètes.
Jamais tuer un innocent ne sera « islamique » comme jamais innocenter un meurtrier ne le sera non plus.
Je veux l’écrire, non pas pour convaincre d’y adhérer, mais pour
convaincre que cet Islam existe, comme il a toujours existé, éternel,
même si les voix de ceux qui le vivent sont étouffées par les donneurs
de leçons, les médias menteurs ou complaisants.
J’ai lu, j’ai cru et j’ai trouvé autre chose que les mensonges qu’on transmet et les images déformées.
On ne sera certainement jamais tous d’accord, mais si chacun apprenait à
connaître l’autre, nous aurions tant à gagner dans l’apaisement et le
respect.
Bonne fête à tous et plein de bisous à tous les enfants !!
Hollywood,
l’usine à rêves en trompe-l’œil ou machine dantesque à cauchemars, est
un univers impitoyable grouillant de requins pro-israéliens qui n’aiment
rien moins que des stars, de surcroît oscarisées, s’autorisent à avoir
une conscience et une once de courage en dénonçant le génocide perpétré à
Gaza par Israël.
Quand les bombes pleuvent sur la capitale mythique
du septième art, elles sont puantes et sont décochées telles des
flèches empoisonnées pour frapper en plein cœur, en l'occurrence deux
acteurs espagnols très bankable, qui ont endossé un rôle contestataire
pas très politiquement correct et fort peu oscarisable…
Dans la ligne de mire de Ryan Kavanaugh,
l’omnipotent directeur général de Relativity Media, Pénélope Cruz et
Javier Bardem, couple à la ville, comme à l’écran, essuient une salve de
critiques assassines pour avoir osé signer un manifeste, avec d’autres
grands noms espagnols, condamnant l’escalade terrifiante de la soif de
vengeance des criminels de guerre israéliens.
Marquées au fer rouge de l’antisémitisme, la
fameuse accusation fabriquée de toutes pièces qui produit toujours son
petit effet dévastateur, même si son leurre grossier n’opère plus aussi
facilement qu’auparavant, les deux vedettes espagnoles ont mis les nerfs
à vif de leur employeur, Ryan Kavanaugh : "Ils me font bouillir le sang", s’est emporté ce dernier dans le magazine Variety.
Se disant peu surpris que la mobilisation pro-palestinienne émane d’Espagne, Ryan Kavanaugh a redoublé de férocité : "Tous
ces Juifs qui pensent qu'un autre Holocauste ne pourrait pas arriver
devraient aller visiter l'Espagne et de nombreuses parties de l'Europe",
a-t-il lancé furibond.
Manifester de la compassion envers les Gazaouis
persécutés et massacrés n’est pas glamour à Hollywood, et loin de
susciter l’ovation générale, c’est plutôt un lynchage médiatique que cet
élan d’humanité et de lucidité provoque. Si les portes des prestigieux
studios risquent fort de se refermer devant ceux qui ont pris parti pour
le camp des opprimés, la grande famille des acteurs se montre également
sans pitié, à l’image de Jon Voight, le père d’Angelina Jolie, qui a
fustigé Pénélope Cruz et Javier Bardem :"Je suis écoeuré que des
gens comme Penelope Cruz et Javier Bardem attisent l'antisémitisme
partout dans le monde et soient inconscients des dégâts qu'ils ont
causés", avant de renchérir dans Variety : "Ils ignorent de toute évidence l’histoire de la création d’Israël."
Il ne manquait plus que la chaîne de télévision
Fox News, conservatrice et islamophobe en diable, s’en mêle en traitant
Pénélope Cruz de « folle de la semaine », pour finir de clouer
au pilori les deux stars espagnoles, lesquelles, sous ce tsunami de
réactions outrées, ont été contraintes, elles aussi et après Séléna Gomez et Rihanna entre autres, de se fendre d’un communiqué nuançant leurs propos.
Selon le quotidien espagnol El Pais, Pénélope Cruz
a écrit une lettre au quotidien américain USA Today, dans laquelle elle
admet qu'elle n’est "pas un expert de la situation" et qu'elle n’était "consciente de sa complexité", en précisant : "Mon seul souhait c’est que la paix puisse voir le jour en Israël et à Gaza". De son côté,son mari Javier Bardem a tenté d’apaiser la colère noire d’Hollywood en ces termes : nous "détestons l'antisémitisme autant que nous détestons les conséquences horribles et douloureuses de la guerre", a rapporté le quotidien espagnol.
Si l’industrie à fabriquer des super-productions
pharaoniques est gouvernée par les passions et l’argent roi, il ne fait
plus l’ombre d’un doute qu’elle est aussi régentée par des magnats liés à
Israël, farouchement et indéfectiblement.
Il n’y aura jamais de qualificatifs assez forts
pour décrire l’insoutenable vision des villages martyrs de la bande de
Gaza, entièrement dévastés et dépeuplés, qui portent les stigmates
profonds des atrocités commises par Israël, et même le titre glacial de
l’article paru dans Paris Match "La maison de l’horreur", digne d’un film d’épouvante, est encore au-dessous de l’effroyable réalité.
Photos à l’appui, qui sont autant de preuves
accablantes des massacres planifiés et mis à exécution par les criminels
de guerre israéliens, le reportage de Frédéric Helbert, envoyé spécial à
Gaza, révèle les coulisses de l’abomination, à l’aune d’un châtiment
collectif monstrueux qui a fait du village de Khouza’a un nouvel
Oradour-sur-Glane palestinien. Si le village martyr de la Haute-Vienne
fut érigé en symbole de la folie meurtrière nazi, le village défiguré et
martyrisé de Khouza’a ne hante guère les nuits de la communauté
internationale, toujours si prompte à nous rappeler à notre
imprescriptible devoir de mémoire quand il s’agit du nazisme, mais
incapable de reconnaître l’empreinte de la barbarie au Proche-Orient…
Les témoignages poignants des quelques rescapés de
ces crimes de guerre font tous le même récit terrifiant d’une offensive
israélienne d’une extrême violence, déterminée à rayer de la carte la
bourgade de Khouza’a et à exterminer sa population, d’abord sous une
pluie torrentielle de bombardements, suivie de l’incursion de chars
israéliens qui ont « entièrement encerclé, puis occupé (le village). Et le calvaire effroyable a commencé pour nous. Une punition barbare», comme le relate un Palestinien âgé qui croyait avoir tout vu, avant d’être confronté à l’innommable.
"Des crimes de guerres ont été commis contre une population sans défense", précise un chauffeur de taxi assis devant sa maison détruite. Son taxi jaune est enseveli sous les décombres. «Vous
en voulez la preuve? Il y en a partout mais allez au bout du village.
Vous y trouverez une des rares maisons intactes. On l’appelle "la maison
de l’horreur"».
La « Maison de l’horreur », c’est là où sept
jeunes Palestiniens ont été détenus pendant deux jours, alors que les
obus israéliens s’acharnaient à réduire en cendres leur village, avant
d’être froidement assassinés.
Extraits choisis d’un reportage aux confins de l’horreur à lire absolument :
« En apparence, vu de l’extérieur, rien ne
trahit ce que je vais découvrir. Moaz, 24 ans monte la garde devant une
bâtisse aux murs en béton gris, entourée de verdure. Le propriétaire lui
a confié les clés. Lorsque la porte en fer forgé s’ouvre, immédiatement
une odeur terrible de mort me prend à la gorge. Les chambres sont en
désordre mais intactes. C’est au bout d’un couloir que l’on découvre ce
qui devait être une salle d’eau. Cinq mètres carrés à peine. La pièce de
l’horreur à l’état brut. Des murs truffés d’impacts, maculés de sang. A
terre, les restes noirâtres en état de décomposition avancée des corps
de sept jeunes Palestiniens retenus prisonniers pendant deux jours,
alors que l’offensive battait son plein, avant d’être froidement
exécutés".
Et de poursuivre : "Moaz, qui était l’ami des
victimes livre un récit aussi méticuleux que possible : «Au début, mes
amis, dont 6 appartenaient à la famille Al Najjar, la plus importante du
village, ont tenté de se cacher au mieux alors que les bombardements
étaient intenses et que 3000 personnes environ n’avaient pas réussi à
fuir avant que le village soit totalement bouclé. Ils voulaient rester
ensemble, solidaires. Un jour, je ne me souviens plus lequel, ils ont
décidé de tenter de fuir à travers les ruelles du village, évitant la
route principale où les chars israéliens avaient pris position. Mais ils
sont tombés sur une patrouille israélienne. De sa fenêtre, un vieil
homme a vu le premier châtiment. Une balle dans le genou pour chacun
d’entre eux». Les sept Palestiniens capturés sont alors ramenés dans la
maison dont ils ne sortiront pas vivants. Un autre voisin raconte qu’il
entendait des cris affreux. «Comme ceux de gens que l’on torture.» Mais
personne ne pouvait rien faire. Deux jours plus tard, soudain, le même
voisin entend des rafales claquer. «J’ai compris tout de suite que
c’était la fin, une fin atroce pour des jeunes qui n’avaient rien à se
reprocher, et j’ai pleuré», bredouille-t-il, hanté par le souvenir.
Retour dans la maison de l’horreur. Tout concorde. L’image des traces de
sang, les murs déchirés par les balles… Des douilles de fusil d’assaut
au sol. Et le magma de chair décomposée… Hier, raconte Moaz, «un des
parents de mes amis assassinés est venu brièvement voir. Il a fondu en
larmes et s’en est allé précipitamment."
Et de conclure en constatant, avec ce dépit plein d'amertume, ce que l'on ne sait que trop
: "A ce jour, je n’ai vu aucun enquêteur indépendant, aucun
responsable de l’ONU ou d’une quelconque ONG n’est venu enquêter dit-il.
Maintenant, nous le savons. Israël peut nous tuer comme il l’entend. En
toute impunité. Le sang du peuple palestinien ne vaut rien".
Notre envoyé spécial à Gaza raconte comment il a découvert la scène d'un massacre dans une maison du petit village de Khouza'a.
A l’heure d’une trêve respectée par toutes les parties, nombre
de réfugiés tentent de regagner leurs villages. Le plus souvent pour y
découvrir des théâtres de dévastation totale. A une demi-heure de route
de la ville de Gaza, le village-martyr de Khouza'a, qui fut un point
stratégique pour les Israéliens. Leurs forces, dès les premiers jours de
la guerre, ont franchi la frontière, pour occuper le village et en
faire une place forte. «Nous avons d’abord subi d’intenses bombardements
raconte un vieux Palestinien rescapé d’une offensive d’une violence
inouïe. Puis les les chars israéliens sont arrivés. Le village a été
entièrement encerclé, puis occupé. Et le calvaire effroyable a commencé
pour nous. Une punition barbare».
«Des crimes de guerres ont été
commis contre une population sans défense», ajoute un chauffeur de taxi
assis devant sa maison détruite. Son taxi jaune est enseveli sous les
décombres. «Vous en voulez la preuve? Il y en a partout mais allez au
bout du village. Vous y trouverez une des rares maisons intactes. On
l’appelle "la maison de l’horreur"». Après quelques minutes de marche,
je m’enfonce dans une petite ruelle. Elle mène vers le domicile d’un
médecin proche du Fatah -l’organisation rivale du Hamas- qui a fui.
En
apparence, vu de l’extérieur, rien ne trahit ce que je vais découvrir.
Moaz, 24 ans monte la garde devant une bâtisse aux murs en béton gris,
entourée de verdure. Le propriétaire lui a confié les clés. Lorsque la
porte en fer forgé s’ouvre, immédiatement une odeur terrible de mort me
prend à la gorge. Les chambres sont en désordre mais intactes. C’est au
bout d’un couloir que l’on découvre ce qui devait être une salle d’eau.
Cinq mètres carrés à peine. La pièce de l’horreur à l’état brut. Des
murs truffés d’impacts, maculés de sang. A terre, les restes noirâtres
en état de décomposition avancée des corps de sept jeunes Palestiniens
retenus prisonniers pendant deux jours, alors que l’offensive battait
son plein, avant d’être froidement exécutés. Tous les témoignages que je
vais recueillir pendant plusieurs heures concordent. Et confirment
l’insoutenable vision.
Des cris affreux, "comme des gens que l'on torture"
Moaz,
qui était l’ami des victimes livre un récit aussi méticuleux que
possible : «Au début, mes amis, dont 6 appartenaient à la famille Al
Najjar, la plus importante du village, ont tenté de se cacher au mieux
alors que les bombardements étaient intenses et que 3000 personnes
environ n’avaient pas réussi à fuir avant que le village soit totalement
bouclé. Ils voulaient rester ensemble, solidaires. Un jour, je ne me
souviens plus lequel, ils ont décidé de tenter de fuir à travers les
ruelles du village, évitant la route principale où les chars israéliens
avaient pris position. Mais ils sont tombés sur une patrouille
israélienne. De sa fenêtre, un vieil homme a vu le premier châtiment.
Une balle dans le genou pour chacun d’entre eux». Les sept Palestiniens
capturés sont alors ramenés dans la maison dont ils ne sortiront pas
vivants. Un autre voisin raconte qu’il entendait des cris affreux.
«Comme ceux de gens que l’on torture.» Mais personne ne pouvait rien
faire. Deux jours plus tard, soudain, le même voisin entend des rafales
claquer. «J’ai compris tout de suite que c’était la fin, une fin atroce
pour des jeunes qui n’avaient rien à se reprocher, et j’ai pleuré»,
bredouille-t-il, hanté par le souvenir. Retour dans la maison de
l’horreur. Tout concorde. L’image des traces de sang, les murs déchirés
par les balles… Des douilles de fusil d’assaut au sol. Et le magma de
chair décomposée… Hier, raconte Moaz, «un des parents de mes amis
assassinés est venu brièvement voir. Il a fondu en larmes et s’en est
allé précipitamment».
Il faudra
attendre la première trêve humanitaire pour que les cadavres soient
extraits de la maison et enterrés à la hâte tous ensemble. Les familles
veulent alors se rendre dans le cimetière le plus proche, mais il a été
ravagé par les chars israéliens. «Un sacrilège, murmure sur place un
homme en train de creuser une nouvelle tombe. Regardez par vous même».
De fait, le cimetière a été bombardé, avant que des chars ne le
traversent pour prendre position dans le village. La terre est
complètement retournée. En se penchant sur un caveau défoncé, on
distingue des squelettes, des crânes, des ossements. «Ce n’est pas un
crime infâme, ça?», hurle le gardien du cimetière.
Les sept jeunes
Palestiniens assassinés reposent désormais ensemble sous une tombe
encore fraiche, dans un autre cimetière situé à l’écart du village. «Il a
fallu faire vite, dit un employé. Car cette trêve là a été très vite
rompue». Je pars à la recherche des familles, mais elles demeurent
invisibles, murées dans leur chagrin. «Ils ne veulent pas parler
aujourd’hui», m’explique un de leurs proches. «Mais moi je peux. Et je
vous jure devant Dieu que ce qui a été accompli dans la maison de
l’horreur n’est pas le seul crime de guerre à Khouza'a. Il y en a eu
d’autres, beaucoup d’autres». L’armée israélienne s’est vengée
sauvagement selon lui d’un fait de guerre survenu en 2008. Un commando
israélien avait fait une incursion par delà la frontière. Ils sont
rentrés dans un ferme déserte qui avait été minée. Près de 10 soldats
sont morts. Pour les rescapés de la destruction de Khouza'a, village où
il faisait bon vivre disent tous ceux qui l’ont connu avant l’offensive,
c’est là qu’il faut trouver l’explication d’un tel acharnement et de
telles exactions.
"Ils nous ont tiré dans le dos"
D’autres
habitants racontent comment un groupe de 400 personnes, parmi
lesquelles de nombreux vieillards, des femmes, des enfants, ont tenté de
sortir pour échapper à la furie des bombardements en avançant sur la
route principale, mains levées, drapeau blanc hissé. «Ils ont d’abord
été contraints à faire marche arrière parce qu’un char a tiré à la
mitrailleuse lourde. Et ce n’étaient pas que des tirs d’avertissements.
Certains ont été touchés et sont morts sur le coup. D’autres ont agonisé
dans leur sang». Le jour suivant, nouvelle tentative. A hauteur de la
station-service de Khouza'a, réduite en miettes, l’armée israélienne les
a contraint à nouveau à stopper leur marche, et à ne pas bouger pendant
24 heures. Un père a vu son fils déjà blessé agoniser devant lui. Un
frère a, des heures durant, tenu dans ses bras sa soeur handicapée,
mortellement touchée par un tir de sniper alors qu’il la poussait sur
une chaise roulante. Un jeune Palestinien a réussi à appeler la
Croix-Rouge, qui a envoyé des ambulances. Mais interdiction leur a été
faite de passer à coups de «warning shots» tirés par les chars. «Puis
les Israéliens ont fini par nous laisser partir», raconte un blessé
retrouvé à l’hôpital Al Najjar, dans une commune voisine. «Mais ils nous
ont tiré dans le dos. C’est là que j’ai été touché, derrière l’épaule.
Je peux m’estimer "heureux"». Au moins quatre personnes dont un
vieillard de 92 ans sont morts à ce moment là.
Retour à Khouza'a,
dans la maison de l’horreur, une dernière fois. Là où a été récupéré,
parmi les douilles, le couteau d’un soldat israélien taché de sang.
Sinistre signature. Moaz veille toujours. «A ce jour, je n’ai vu aucun
enquêteur indépendant, aucun responsable de l’ONU ou d’une quelconque
ONG n’est venu enquêter dit-il. Maintenant, nous le savons. Israël peut
nous tuer comme il l’entend. En toute impunité. Le sang du peuple
palestinien ne vaut rien».