mercredi 31 mars 2010

At-Tuwani contre Havat Ma'on : Microcosme de l'épuration ethnique en cours

Palestine - 30-03-2010
Par Khaled Amayreh 
Aucun catalogue de l’oppression israélienne et de sa persécution du peuple palestinien ne saurait être complet sans le calvaire continu des villageois de Tuwani, au sud de la Cisjordanie. Le petit hameau, dont les résidents disent que son existence remonte à des temps immémoriaux, est la cible fréquente du harcèlement, du vandalisme, d’attaques et d’agressions de toutes sortes partant de l’avant-poste colonial juif voisin, nommé Havat Ma’on.
















Instituteurs et écoliers devant l'école Al-Fakheit, à At-Tuwani (photo CPT)
Havat Ma’on, ancien avant-poste militaire, est habité par 300 à 400 colons fanatiques, dont certains sont originaires de lieux aussi lointains que Moscou et Baltimore. Endoctrinés dans l’idéologie messianique juive, ces colons sont considérés comme faisant partie des éléments les plus criminels du mouvement colonial. Ils croient qu’ils ont reçu, directement de Dieu, mission de harceler, de martyriser et de tuer les « goyim », ou non-juifs.
« La criminalité est la tournure d’esprit de ces gens. Ils pensent que leur pratique du judaïsme est proportionelle à la somme des persécutions et des agressions infligées à leurs voisins palestiniens, » dit Ahmed al-Hreini, habitant de Tuwani.
« Ils sont plus que simplement de mauvais voisins, plus qu’une épine dans notre pied. Ils sont un cancer. »
Ils veulent s’emparer de notre terre
Saber Hreini, 55 ans, est le chef du conseil local de Tuwani. Il dit que le but ultime des colons de Ma’on est d’obliger les habitants du petit village à partir pour s’emparer de leur terre.
« Et pour atteindre leur but criminel, ils commettent tous les crimes imaginables contre notre population, y compris empoisonner nos sources, nos moutons et notre bétail, agresser nos bergers, tabasser nos enfants lorsqu’ils vont à l’école ou en reviennent, arracher nos arbres et nous terroriser presque quotidiennement. »
« Il ne se passe guère un jour sans incident. Ils veulent nous maintenir sur la corde raide, constamment sur le qui-vive, pour que nous en arrivions au point où nous n’en pourrons plus et où nous partirons. »
Hreini a quelques témoins qui peuvent attester la véracité de ses accusations. C’est un petit groupe d’activistes principalement nord-américains, appelés Christian Peacemaker Teams ou CPT, qui maintiennent une présence ininterrompue à Tuwani depuis 15 ans.
De façon générale, ces militants chrétiens, qui promeuvent la résistance non violente à l’occupation israélienne, surveillent les violations des droits de l’homme par Israël dans les territoires occupés, en particulier en Cisjordanie du sud.
A Tuwani, leurs activités consistent principalement à accompagner tous les jours les enfants palestiniens à l’école, et à aller les chercher au retour, ainsi que les bergers et les fermiers à leurs champs où ils sont exposés aux attaques des colons extrémistes.
Cet activisme leur vaut le courroux des colons et la colère du gouvernement et de l’armée israéliens. En de nombreuses occasions, les CPT ont été attaqués et grièvement blessés par des voyous masqués et chaque fois que les victimes ont cherché réparation, la police et les tribunaux ont demandé des preuves impossibles à obtenir, telles que les noms, photos et adresses des auteurs.
« La collusion entre les colons d’Havat Ma’on et l’armée et le gouvernement israéliens est claire. Leur objectif commun est de harceler les Palestiniens jusqu’à ce qu’ils partent de manière à étendre la colonie, » dit un des membres de CPT originaire des Etats-Unis. « Je puis affirmer que les colons opèrent en synergie avec l’armée israélienne, ils sont plus ou mois les deux faces d’une même médaille. »
Des bêtes féroces
Saber Hreini, montrant du doigt la petite forêt voisine, explique la « contradiction » qui existe entre la nature et les colons. « Vous voyez ce paysage magnifique, cette petite forêt, ces arbres hauts. Difficile de croire que dans la forêt existent des bêtes humaines féroces qui seraient heureuses d’étrangler et d’assassiner des écoliers sur le chemin de l’école ou de retour à la maison. Est-ce que des gens comme eux existent ailleurs sur terre ? »
En plus de planter des boulettes empoisonnées dans les champs de Tuwani, qui ont tué des moutons, des gazelles et autres animaux domestiques ou sauvages, les colons surveillent aussi toute nouvelle construction dans le village.
« Dès qu’ils voient qu’une famille ou un individu construit une nouvelle maison, ils appellent l’armée qui vient et la détruit. »
Hreini dit que l’armée a détruit la sienne deux fois.
« Ils veulent nous voir nous évaporer dans le néant. Ils veulent que nous disparaissions de la surface de la terre. Ils veulent nous faire ce que « l’homme blanc » a fait aux indigènes d’Amérique. »

Ni eau, ni électricité, ni route
Selon les villageois, l’ensemble des maisons de Tuwani, y compris la petite mosquée locale et la clinique, est menacé de démolition par les autorités israéliennes d’occupation. Les Israéliens considèrent que ces structures sont des facteurs qui encouragent les villageois à rester. Ces installations sont considérées par les Israéliens comme des facteurs qui encouragent les villageois à rester.
Le 19 mars 2009, Tony Blair, envoyé spécial du Quartet au Moyen-Orient, s’est rendu à Tuwani et a assuré les villageois que les autorités militaires israéliennes avaient donné leur accord oral pour que les travaux de raccordement du village à l’électricité commencent.
Il a dit : « Sans un système nouveau et différent s’appliquant à la Zone C [le secteur de Cisjordanie sous contrôle israélien militaire et civil], il est très difficile que les Palestiniens jouissent du niveau de vie qu’ils auraient et pourraient développer comme ils le feraient en liberté. »
Toutefois, Blair, considéré par beaucoup de Musulmans comme un criminel de guerre pour son rôle dans l’invasion et l’occupation de l’Irak par les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux, n’a pas tenu parole, ou, plus probablement, les Israéliens ne l’ont pas pris au sérieux.
Quelques semaines après, l’armée israélienne a lancé un ordre de démolition contre les pylônes électriques qui venaient d’être construits à At-Tuwani.
Le 25 mai 2009, les troupes de l’occupation israélienne ont fait irruption à Tuwani et ordonné aux villageois de stopper le chantier de construction des nouveaux pylônes électriques dans le village. Aucun ordre écrit n’a été remis. Saber Hreini a écrit à Blair pour lui demander son aide et obtenir la permission écrite de poursuite des travaux d’électricité.
« Nous espérons qu’étant donné votre rôle d’envoyé du Quartet, vous pourrez nous aider en prenant contact avec le gouvernement israélien pour obtenir la permission écrite de ces projets. Nous craignons que sans autorisation écrite, nos problèmes continueront. » Blair n’a jamais répondu.
Le 20 décembre 2009, l’armée israélienne a confisqué tout l’équipement d’électrification du village. De plus, l’armée a pris une autre ordonnance interdisant la réhabilitation et le pavage de l’entrée du village, une mesure dont Hreini dit « qu’elle est l’incarnation d’une mentalité profondément raciste. »
« Israël, qui se nomme lui-même une démocratie, essaie de tuer notre communauté. Ils ne nous autorisent pas à avoir l’eau courante, l’électricité ni une route d’accès décente qui nous relierait au monde extérieur. »
« Mais nous nous accrochons à notre terre comme jamais auparavant. Je vous assure que Tuwani, qui a précédé Ma’on de nombreuses décennies, voire de nombreux siècles, demeurera longtemps que Ma’on sera parti. »
Malheureusement, l’auteur de ces lignes n’a pu accéder à la colonie juive pour entendre le côté « colon » de l’histoire. L’un d’entre eux a tourné son fusil automatique dans notre direction en nous disant en hébreu, « partez ou je tire. »

Voir les photos prises à At-Tuwani par les activistes de CPT.http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13643&type=temoignage&lesujet=Nettoyage%20ethnique

Le peuple palestinien a commémoré hier la journée de la Terre dans la douleur

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Israël, guerre à la paix
Le peuple palestinien a commémoré hier le 34e anniversaire de la Journée de la Terre, une date symbolique qui marque son combat contre l'occupation israélienne et l'expropriation de ses terres par les colons juifs. L'occupant israélien a adopté une politique visant à judaïser les terres arabes et à éloigner le peuple palestinien de sa terre, en commettant des massacres odieux à son encontre et en accaparant ses biens. Le peuple palestinien était sorti le 30 mars 1976 lors de manifestations pacifiques contre l'expropriation de ses terres mais les forces d'occupation ont réprimé les manifestants, tuant six d'entre eux. L'Organisation de libération de la Palestine a dénoncé à cette occasion, la politique d'agression israélienne et a appelé la communauté internationale à " intervenir en urgence pour mettre un terme à l'occupation israélienne".
A cette occasion, les Palestiniens des camps de réfugiés ont organisé une série de rassemblements au Liban dont un rassemblement organisé lundi par le Front Démocratique de libération de la Palestine (FDLP) à Nahr El Bared au nord du Liban. Les manifestants ont tenu à cette occasion à réaffirmer l'attachement des Palestiniens à leur terre, à leur identité nationale et à leur droit à l'existence. De son côté, la commission ministérielle de l'initiative arabe de paix a souligné dans un communiqué publié en marge des travaux de la 22e session ordinaire du sommet arabe de Syrte qu'il n'y aura pas de négociations sans l'arrêt de la colonisation et que le retrait israélien de tous les territoires palestiniens constituait une condition incontournable pour l'instauration d'une paix juste et durable au Proche-Orient. 

Jérusalem offerte aux sionistes avec l'accord de l'autorité

Palestine - 30-03-2010  
Mounir Chafiq
Par Mounir Chafiq 
Le Quartet des "médiateurs pour la résolution du conflit du Proche-Orient" réuni à Moscou les 17-18 mars a entériné la confiscation de AlQods des mains des Palestiniens, des Arabes et des musulmans et appelé à résoudre son statut "par le biais de négociations qui réalisent les aspirations des deux parties".
Le communiqué publié à l'issue de cette réunion est un nouvel exemple de l'état de pourrissement de la cause palestinienne dans le cadre des "négociations pour trouver une solution au conflit". La réaction officielle palestinienne et celle de certains gouvernements arabes, qui considèrent que ce communiqué est positif et qui réclament son application, est un exemple supplémentaire de l'effondrement honteux où se trouve le camp palestinien et arabe dans ces négociations, car à notre avis le contenu de ce communiqué est proprement scandaleux.














Le "quartet de médiateurs" : Tony Blair, Hillary Clinton, Ban Ki Moon et Catherine Ashton, autour de Serguei Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe (Photo EPA)
D'abord, le communiqué tente de dissimuler son parti pris pro-sioniste presque total et son adhésion à la conception états-unienne actuelle des négociations "de paix" en mettant en avant son opposition à la décision du gouvernement israélien de construire 1600 nouveaux logements à AlQods et en revendiquant l'arrêt de la colonisation (en accord avec un précédent projet de Netanyahou à ce sujet).
Le communiqué ajoute que le Quartet vise à établir un Etat palestinien "viable", et à réaliser ce faux rêve palestinien, de manière à clore le dossier de la question palestinienne une fois pour toutes.
Cependant, le communiqué introduit de nouvelles et dangereuses concessions au profit de l'entité sioniste qui touchent à l'essence de la cause palestinienne et qui n'ont pas été répercutées par la presse. Si le représentant officiel de la Palestine et tous ceux qui ont jugé que le communiqué était "positif" n'ont pas remarqué ces concessions dans le texte du communiqué, c'est grave ; mais s'ils les ont bien lues et qu'ils les ont néanmoins approuvées, alors la situation est encore plus grave.
Le plus étrange est que Saeb Erekat, négociateur palestinien, a demandé au Quartet l'application du communiqué, il n'a pas remarqué que ce qu'il demandait d'appliquer était le plus grave ; il n'a pas non plus remarqué que l'opposition à la construction des nouveaux logements a été contournée par Netanyahou lorsque ce dernier s'est excusé auprès du vice-président états-unien Joseph Biden du mauvais timing de l'annonce concernant ces constructions.
Il est évident que la réaction européenne et états-unienne à l'annonce de ces constructions a embarrassé Netanyahou. Il en a peut-être conclu que cette décision gênait son plan de retourner à la table des négociations indirectes pour masquer son annexion des mosquées d'Abraham et de Bilal ainsi que la pression militaire exercée autour de la mosquée d'Al Aqsa et la construction du temple juif à proximité.
Les points du communiqué qui ont été évacués grâce au tintamarre autour de la décision de construction des 1600 logements sont les suivants :
1) Le communiqué demande aux deux parties de se contrôler et de mettre un terme aux provocations et aux déclarations enflammées sur les sujets "à forte sensibilité culturelle et religieuse". Cela signifie qu'il faut mettre un terme aux réactions palestiniennes à l'annexion des mosquées d'Abraham et de Bilal ainsi qu'à la pression militaire exercée autour de la mosquée d'Al Aqsa et à la construction du temple juif. En d'autres termes, on tourne la page sur ces annexions et on n'en parle plus.
2) Le statut final de la ville de AlQods doit être réglé, selon le communiqué, par des négociations entre les deux parties. On remarque qu’en ce qui concerne les terres occupées en 1967, les deux parties sont considérées comme étant au même niveau et la notion d'occupation d'un peuple, d'une terre, de villes et de villages est totalement occultée. Enfin, on remarque aussi que la partie ouest de la ville de AlQods a disparu du discours. Le communiqué ajoute que le Quartet reconnaît que la "partie orientale" de AlQods est d'une extrême importance "pour les Israéliens et les Palestiniens, pour les juifs, les musulmans et les chrétiens" [dans cet ordre, NdT]. C'est ainsi que le droit des sionistes sur la ville sainte occupée en 1967 est clairement énoncé au grand dam des Palestiniens et des Arabes.
L'occupation a aussi disparu. AlQods a donc une importance égale pour les juifs, les chrétien et les musulmans et elle est donc confisquée des mains de ses titulaires musulmans et chrétiens arabes, dès lors que les églises russe et grecque ont concédé aux sionistes le loisir de gouverner la partie chrétienne de la ville, alors qu'elles avaient par le passé insisté sur l'internationalisation de la ville.
Netanyahou est donc rendu maître des négociations sur AlQuds. Enfin, l'estocade finale se trouve dans la formulation "par le biais de négociations qui réalisent les aspirations des deux parties". Voilà le point sur lequel Saeb Erekat est si pressé de passer à l'application !
3) Le projet de pseudo-Etat palestinien est confirmé par le Quartet, qui entérine ainsi le plan de Salam Fayad qui consistait à déclarer l'Etat palestinien lorsque les administrations auront été établies dans les deux ans, sur le modèle de l'établissement des organes de sécurité sous le contrôle de Dayton. Comme si ce qui est nécessaire à un Etat, ce sont les administrations et pas le territoire ! A cet égard, le Quartet précise que l'Etat doit être "viable" et qu'il doit "entretenir des relations de voisinage responsables avec tous les pays frontaliers". Notez que le seul pays frontalier, c'est Israël. Par ailleurs, le communiqué mentionne de manière singulière le seul nom de Salam Fayad et fait état de ses réalisations sur le plan sécuritaire, et omet celui de Mahmoud Abbas. Serait-ce pour le pousser à se remettre rapidement de son malaise physique (*) ? Mahmoud Abbas parviendra sans doute à avaler cette couleuvre mais comment l'organisation du Fatah va-t-elle avaler un tel constat de sa disparition définitive des écrans ?
4) Le quatrième point du communiqué du Quartet concerne la Bande de Gaza : la fin du blocus est conditionnée par la restauration de l'union nationale et la réunification avec la Cisjordanie sur la base des engagements de l'OLP, c'est-à-dire sur le modèle de l'autorité sécuritaire de Salam Fayad et la reconnaissance des conditions du Quartet. Le blocus sera levé lorsque le Hamas et la Bande de Gaza se seront soumis aux conditions du Quartet. Ce qui confirme la participation directe du Quartet à l'imposition du blocus et à sa poursuite. C'est probablement ce point qui a soulevé l'enthousiasme de Saeb Erekat au sujet du caractère si positif du communiqué.
Bien entendu, le Quartet n'a pas oublié de mentionner les violations des droits de l'homme dans la Bande de Gaza et la nécessité de prendre en considération et de répondre aux "appréhensions légitimes d'Israël en matière de sécurité". Il a également réitéré l'interdiction de la contrebande des armes et dénoncé les tirs de roquettes et les actes de violence et de terrorisme en se fondant sans doute sur le modèle à l'opposé, celui de l'autorité dayton-ramallesque si exemplaire aux niveaux sécuritaire et politique dans son traitement des droits de l'homme et de la considération des "appréhensions légitimes d'Israël en matière de sécurité".
Enfin, dans un dernier jet de poudre aux yeux, le Quartet s'est rappelé qu'il existait des résolutions internationales et des accords antérieurs, sans pour autant éprouver la moindre gêne de les avoir annihilés en proposant de régler la question palestinienne par des négociations directes entre les parties. Or, si les négociations directes sont le seul moyen de régler le "conflit", tout le blabla sur les résolutions internationales et les accords n'est que tromperie et forfaiture et mépris pour la raison humaine. Mais lorsque le Quartet se réfère aux accords antérieurs, telle la feuille de route, c'est pour expliquer à la partie palestinienne que son application ne se fera pas de manière réciproque, ainsi par exemple que la colonisation ne s'arrêtera pas nécessairement lorsque le côté palestinien appliquera les mesures sécuritaires requises. Il faudra que la partie palestinienne accomplisse les mesures exigées d'elle sans demander de contrepartie, et cela en vue de favoriser la confiance et d'instaurer un climat positif !
(*) Mahmoud Abbas a prétexté un malaise physique pour justifier une absence de quelques jours.

Lieberman: Abbas a incité "Israël" à renverser le Hamas durant la guerre à Gaza

30/03/2010  
Le ministre israélien des Affaires Etrangères, Avigdor Lieberman, a mis en cause, lundi, l'attitude du président palestinien Mahmoud Abbas lors de la guerre israélienne contre Gaza (2008-2009).
Lieberman a accusé Abbas d'avoir incité "Israël" à renverser le pouvoir du Hamas avant de retourner sa veste en accusant l'entité sioniste de crimes de guerre.
Une telle hypocrisie soulève des questions sur la capacité du dirigeant palestinien à être un véritable partenaire de paix pour "Israël", ajoute Lierberman dans une interview au quotidien Maariv.
"Au cours de l'année écoulée, j'ai pu voir (Abbas) au sommet de son art. Lors de l'opération 'plomb durci', il nous a appelé personnellement, faisant pression pour que nous renversions le Hamas", raconte Avigdor Lieberman.
"Un mois après la fin de l'opération, il a déposé plainte contre nous devant la Cour internationale de justice de La Haye pour crimes de guerre", poursuit-il, faisant apparemment référence à la Cour pénale internationale (CPI).
Dans son interview au Maariv, Lieberman ne fait aucun cas des perspectives de reprise des négociations avec Abbas, qui se sont éloignées un peu plus ce mois-ci avec l'annonce d'un projet de colonisation au nord de la Ville sainte de Jérusalem occupée.
Un porte-parole du ministre israélien s'est refusé à dire sur quoi celui-ci se fondait pour formuler ses accusations. Mais un ancien responsable du gouvernement d'Olmert a assuré qu'elles étaient "essentiellement exactes".
ABOU ROUDAINA DEMENT
De son coté, le conseiller d'Abbas, Nabil Abou Roudaïna, a nié avec les accusations du ministre israélien des Affaires étrangères. "Ce n'est pas vrai. C'est la poursuite d'une campagne de dénigrement visant à créer un climat qui détruirait toute chance de sauver le processus de paix", a-t-il assuré.
Le Hamas, qui avait déjà accusé Mahmoud Abbas d'avoir applaudi à la guerre israélienne, a dit voir dans les propos d'Avigdor Lieberman une justification des soupçons qu'il nourrit à l'égard du président de l'Autorité palestinienne.
"Cette grave déclaration confirme que Mahmoud Abbas, qui a conspiré contre son peuple pendant une guerre, n'est plus digne de représenter notre peuple", a déclaré Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas.

Dahlane recueille des informations sur les auteurs de l'opération de Khan Younes

30/03/2010  
Le ministère de l'intérieur et de la sécurité nationale au gouvernement palestinien sortant, dirigé par le Hamas, a accusé le membre du comité central du mouvement Fatah Mohammad Dahlane de recueillir des informations détaillées sur les auteurs de l'opération militaire de Khan Younes au sud de la bande de Gaza, un jour après avoir accusé le Hamas d'emprisonner les responsables de l'opération.
Dans un communiqué dont une copie est parvenue à l'agence "Associated Press", le ministère a rapporté d'un ancien officier de la sécurité préventive que "Dahlane l'a appelé personnellement vendredi soir, juste après l'opération de Khan Younes, dans laquelle un officier et un soldat israélien ont été tués,  et l'a chargé de recueillir le plus rapidement possible toutes les informations sur les auteurs de l'attaque, dont entre autre, les mouvements auxquels ils appartiennent, leurs adresses, les numéros et les couleurs de leurs voitures, les lieux qu'ils fréquentent et leurs coordonnées.
Selon le Hamas, Dahlane a transmis à l'officier en question des noms de dirigeants du Hamas et du Jihad islamique à Khan Younes, afin de déterminer rapidement leurs résidences via le programme "Google Earth".
Toujours selon le communiqué du ministère, "l'officier en question a réalisé le danger de cette demande et de ses répercussions catastrophiques, préférant ainsi dénoncer Dahlane auprès du Hamas".
Le ministère de l'intérieur et de la sécurité nationale a mis en garde contre toute coopération avec des parties suspectes et contre toute livraison d'informations sur les combattants et les dirigeants de la résistance, imputant à Dahlane la responsabilité de sa collaboration dangereuse avec l'occupation dans le but de liquider et de poursuivre les dirigeants de la résistance. "Le jour où Dahlane et sa bande de traitres et de collaborateurs seront traduits en justice viendra, et le peuple n'oubliera jamais leur traitrise continue", a conclu le communiqué. 

Les USA, l’UE, l’ONU, le quartette ; à quand le Conseil de sécurité ?

mardi 30 mars 2010 - 06h:53
Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran
Pour une fois, les Etats-Unis, l’ONU, le quartette pour le Proche-Orient et l’Union européenne, approuvés par le reste de la communauté internationale, imputent sans nuance à l’Etat israélien et à son gouvernement d’être responsables du blocage de la perspective de paix.
Toute la question est maintenant de savoir si ces acteurs internationaux sont déterminés à aller plus loin que le seul constat, c’est-à-dire exercer de décisives pressions sur l’Etat sioniste afin qu’il cesse de se comporter avec arrogance et de défier la communauté internationale.
S’ils sont réellement déterminés à agir pour relancer le processus de négociations entre Palestiniens et Israéliens, ils ne doivent pas se suffire d’exprimer leur consternation, leur désolation et autres regrets quant à l’entêtement du gouvernement Netanyahu dans sa politique de blocage. Ensemble, ils ont la capacité de le contraindre à changer d’attitude.
L’initiative forte dans ce sens serait alors que ces acteurs internationaux ne se contentent plus de s’adresser à l’Etat sioniste séparément. Il existe un cadre où leur volonté de parler d’une même voix à cet Etat a l’obligation de s’exprimer sans équivoque. Celui du Conseil de sécurité de l’ONU. Seule instance habilitée au nom de la communauté internationale à faire des résolutions contraignantes. C’est à ce niveau-là seulement que l’opinion mondiale pourra vérifier la sincérité de ces Etats et ensembles à vouloir faire avancer la cause de la paix au Proche-Orient et entre Palestiniens et Israéliens.
C’est au Conseil de sécurité uniquement que l’on saura par exemple si les Etats-Unis sont prêts à traduire leur réprobation des agissements de leur allié israélien par un acte consistant à voter une résolution contraignante et à agir avec la communauté internationale pour l’obliger à s’y soumettre.
Le quartette pour le Proche-Orient a fait preuve d’inertie dans la prise en charge du dossier du conflit israélo-palestinien. Il a surtout servi d’alibi aux Etats-Unis et à l’Union européenne pour empêcher qu’il y ait saisine du Conseil de sécurité de l’ONU.
Pour les Palestiniens et les Etats arabes, la démarche doit consister à exiger cette saisine du moment qu’il y a convergence et consensus internationaux sur les causes et les responsabilités qui bloquent le processus de paix. Ils ne doivent plus se contenter de ce que disent séparément avec plus ou moins de conviction ces acteurs internationaux. Le dossier israélo-palestinien a atteint une phase cruciale. L’inaction des grandes puissances ne peut qu’encourager Israël dans son arrogance et son attitude de défi.
Dans cette impasse où se trouve la situation au Proche-Orient, deux voies sont possibles pour l’en sortir. Celle d’une action ferme, concertée et impartiale de la communauté internationale, ou celle d’un embrasement régional concomitant avec le retour à la résistance armée des Palestiniens pour recouvrer leurs droits spoliés et la défense de leur cause nationale. Il n’y en a pas d’autre et surtout pas celle qui consiste à fermer les yeux sur une politique israélienne qui fait du temps son allié pour mettre le monde devant le fait accompli de son refus d’un Etat palestinien.
30 mars 2010 - Le Quotidien d’Oran - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.lequotidien-oran.com/?ne...

La barrière métallique égyptienne met à rude épreuve les habitants de Gaza

mardi 30 mars 2010 - 15h:09
IRIN - News
L’achèvement imminent par l’Égypte de l’installation d’une barrière en acier souterraine et en surface le long de sa frontière avec la bande de Gaza met les Gazaouis sur les nerfs : comment vont-ils survivre sans l’important commerce qui passe par les tunnels ?
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Un travailleur descend dans un tunnel près de Rafah, au sud de Gaza. L’Égypte a presque terminé la construction d’un mur métallique le long de sa frontière avec Gaza pour essayer d’en finir avec la contrebande par les tunnels - Photo : Suhair Karam/IRIN
Un trafic de contrebande lucratif transite par les tunnels pour toute une gamme de produits depuis qu’Israël a imposé un embargo économique contre la bande de Gaza après la prise de pouvoir par le Hamas en juin 2007. La Banque mondiale et les économistes palestiniens estiment qu’au moins 80 pour cent des importations totales vers Gaza passent par les tunnels.
« Creuser des tunnels et y travailler est l’un des rares emplois disponibles pour les jeunes Gazaouis », a dit Omar Sha’ban, économiste à Gaza.
« Les personnes qui travaillent dans les tunnels gagneraient 25 dollars par jour, une somme énorme pour l’économie palestinienne actuelle. Mais ils sont exposés aux bombardements quotidiens ... par les forces aériennes israéliennes, à l’effondrement des tunnels et aux incendies ».
Ziad al-Zaza, ministre de l’Économie du gouvernement du Hamas, a dit qu’environ 20 000 personnes travaillaient dans les tunnels avant l’opération militaire israélienne à Gaza, début 2009, et qu’ils ne sont maintenant plus que la moitié. L’armée israélienne a dit qu’elle avait endommagé ou détruit 60 à 70 pour cent des tunnels lors de l’offensive.
Abu Antar*, propriétaire et gérant d’un tunnel, âgé de 45 ans, a dit que fermer les tunnels entre Gaza et Rafah, en Égypte, signifierait que lui et les centaines d’autres personnes qui travaillent grâce aux tunnels n’auraient plus de revenus.
« Nous avons réussi à traverser la clôture égyptienne, mais maintenant, ce que nous craignons c’est que les Égyptiens l’électrifient et ajoutent des capteurs sismiques pour détecter notre présence sous terre, ce qui rendrait notre mission impossible. Les tunnels sont notre unique source de revenus », a dit à IRIN ce père de sept enfants.
La barrière en acier posée par l’Égypte fera 10 à 11 kilomètres de long et descendra jusqu’à 18 mètres sous terre, ont dit les autorités égyptiennes. Le quotidien égyptien al-Shorouqa récemment annoncé que « le chantier du mur principal était dans sa quatrième et dernière phase », après quoi des caméras et des détecteurs seront installés.
Cette opération devrait durer quelques semaines et une période d’essai devrait ensuite avoir lieu avant que l’installation ne devienne complétement opérationnelle.
Un travail dangereux
Abu Antar a dit que 50 personnes travaillaient dans son tunnel.
« Chaque jour, nous travaillons dans les tunnels et nous nous demandons si nous allons sortir vivants. La terre s’est effondrée de nombreuses fois... La mort est inévitable dans ce genre de travail. Nous avons peur 24 heures sur 24. Beaucoup de gens sont morts. Chaque mois, il y a de nouvelles victimes des bombardements aériens [israéliens] dans les tunnels », a-t-il dit.
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Palestine Square, à Gaza (photo d’archives). Au moins 80 pour cent des importations vers Gaza passent par les tunnels - Photo : Erica Silverman/IRIN
Les accidents sont fréquents dans les tunnels. Selon l’organisation palestinienne de défense des droits humains Al-Mezan, 120 trafiquants travaillant dans les tunnels ont été tués au cours des trois dernières années.
Les personnes travaillant dans les tunnels estiment qu’il existe plus de 1 000 tunnels entre Gaza et la ville de Rafah, du côté égyptien de la frontière. Ils font de 15 à 35 mètres de profondeur et jusqu’à un kilomètre de long.
« Une catastrophe humanitaire »
« [La construction] d’un tunnel coûte environ 200 000 dollars, alors lorsqu’ils seront détruits par les avions israéliens, ou qu’ils seront bloqués par le mur égyptien, la pauvreté et le chômage augmenteront de plus en plus », a-t-il dit. « Bloquer les tunnels entraînera une terrible catastrophe humanitaire. Tous les habitants de la bande de Gaza dépendront alors de l’aide alimentaire des Nations Unies », a dit le ministre du Hamas, M. al-Zaza.
« Nous appelons les gouvernements égyptien et israélien à désinvestir Gaza et à laisser les Palestiniens travailler sur terre et non sous terre et les Gazaouis vivre dans la dignité et la fierté », a dit M. al-Zaza.
Israël a imposé à la bande de Gaza de strictes restrictions à l’importation après la prise de pouvoir par le Hamas en 2007 et en guise de représailles après les tirs de rockets de Gaza sur Israël. L’interdiction d’importer touche tout ce qui pourrait aider le Hamas à fabriquer des armes, notamment le fer, l’acier et la plupart des matériaux de construction. Toutes les exportations sont interdites et les importations sont limitées à quelques biens humanitaires. Les articles tels que les cahiers scolaires, les bureaux, le matériel médical, les appareils ménagers et les abris montables accusent d’importants retards.
Israël a salué les efforts de l’Égypte pour combattre la contrebande. L’Égypte dit que sa sécurité était menacée par le flux croissant de biens illicites et de militants vers son territoire par les tunnels.
Israël accuse le Hamas d’utiliser les tunnels pour importer des armes, une allégation niée par le Hamas.
Lors d’une visite à Gaza, plus tôt ce mois-ci, le coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies, John Holmes, a mis en garde contre de gros problèmes si les tunnels étaient bloqués.
« Si ces tunnels sont bloqués, si indésirables qu’ils puissent être, et aussi indésirables que puissent être leurs conséquences sur la société et l’économie de Gaza, la situation sans les tunnels serait complètement insoutenable », a dit M. Holmes. Il a renouvelé ses appels à Israël pour mettre fin au blocus du territoire palestinien.
30 mars 2010 - Irin News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.irinnews.org/Fr/ReportFr...

Apartheid en Israël

mercredi 31 mars 2010 - 05h:40
Jaume Saladrigas
La vanguardia (Esp)
Quiconque a vécu dans l’Afrique du Sud de l’apartheid et voyage aujourd’hui en Israël observera des choses désagréablement familières.
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Carlos Latuff
Il est courant de lire des articles sur le malaise que ressentent les politiques Israéliens devant l’actuel climat d’antisémitisme qui, selon eux, s’est installé en Espagne. Par antisémitisme, certains entendent les opinions opposées ou qui interrogent les actions de l’actuelle administration israélienne. L’État hébreu est celui de l’apartheid, entend-on souvent. Pourquoi les autorités israéliennes s’indignent-elles chaque fois que quelqu’un en vient à faire des comparaisons avec l’ancien système d’apartheid en Afrique su Sud ? Et dites-moi en quoi est-il antisémite de dire quelque chose de ce genre ?
Dans les années 1950, DF Malan, premier ministre d’Afrique du Sud, créa un système de lois qui rappelaient celles de Nuremberg, à l’époque d’Hitler : la loi sur l’état civil qui classait la population en fonction de la race. Des lois qui interdisaient les relations sexuelles ou matrimoniales entre personnes de races différentes. Des lois qui excluaient les noirs du monde du travail blanc.
Les origines de l’antisémitisme des Afrikaners remonte à une décennie avant 1948,année qui vit le Parti Nationaliste remporter pour la première fois des élections législatives. DF Malan avait déclaré son opposition à l’acceptation par l’Afrique du Sud de réfugiés Juifs supplémentaires venant d’Allemagne. A cette fin, il proposa des lois anti-immigration. Dans un discours au parlement, il défendit ainsi sa position : "On m’accuse souvent de discrimination envers les Juifs pour le simple fait d’être Juifs. Je vous dis en toute sincérité que c’est le cas ; je les discrimine parce qu’ils sont Juifs."
La présence de communautés juives en Afrique du Sud est antérieure aux événements de la seconde guerre mondiale. Au 19ème siècle, arrivèrent des familles entières ou ce qui restait de familles décimées qui fuyaient les pogroms en Lituanie et en Lettonie. Avec Staline, les persécutions contre les Juifs s’accentuèrent, ce qui provoqua une deuxième vague de réfugiés vers l’Afrique du Sud. Avec la découverte en 1860 des riches gisements de diamants de Kimberly et l’enrichissement notable de certains membres de la communauté juive, l’antisémitisme s’accrut. Les préjugés, les clichés : "le Juif est avare" étaient déjà à l’époque très répandus. La guerre anglo-boer à la fin du 19ème siècle servit aussi d’argument à des politiciens mal intentionnés. Ces derniers ne tardèrent pas à accuser les Juifs de s’enrichir aux dépens des perdants [les Boers].
Hendrik Verwoerd, rédacteur en chef de l’influent journal Die Transvaler et fondateur du mouvement Apartheid, soutenait que les Juifs en Afrique du Sud et dans le monde poursuivaient le même objectif : contrôler l’ensemble de l’économie. Les outils de communication (presse et radio) entre les mains de l’appareil du parti Nationaliste ne rataient aucune occasion de lancer une campagne antisémite.
Il faut se souvenir que les Afrikaners s’étaient montrés favorables à la cause d’Hitler tandis que les Sudafricains d’origine anglaise - dont étaient issus presque tous les membres du gouvernement - soutenaient le camp allié.
Don Krausz, survivant de l’holocauste (sa famille a eu moins de chance) et président de l’association des survivants de l’holocauste en Afrique du Sud, le rappelle bien : "Les Afrikaners, et en particulier les adhérents ou sympathisants du Parti Nationaliste, nous haïssaient. La presse afrikaans était un calque du journal hitlérien "Der Stürmer". Les Juifs vivaient dans une anxiété constante sous la menace des Afrikaners. A Potschefstroom, d’où est ma femme, les milices des Chemises Grises jetaient des pierres sur les magasins juifs. Ou pire encore, ils y mettaient le feu ou les faisaient exploser. Ces gens là seront au pouvoir en 1948. Peu de ministres n’avaient pas la nostalgie du IIIème Reich et du nazisme."
Après la guerre, le Parti nationaliste remporta les élections de 1948 et lança un vaste processus de transformation politique. Peu importaient les différends avec les anglophones (représentés par le Parti de l’Unité et le Parti Progressiste ; l’opposition). Ensemble, il s’agit maintenant de construire une société nouvelle. L’apartheid est l’affaire de tous. La même année, le parlement, avec l’appui de tous les partis, opposition comprise, approuvait un nouveau système de lois pour l’Afrique du Sud. Un Ordre Nouveau : l’apartheid. La communauté juive d’Afrique du Sud n’avait rien à craindre. Le train de nouvelles lois ségrégationnistes ne touchait pas aux Juifs. Il s’agissait de créer un État dans lequel il serait possible de construire deux sociétés distinctes et différentes entre elles : les blancs d’un côté, les noirs et le reste des communautés non blanches de l’autre (à l’époque l’Afrique du Sud avait un déficit important en matière de population d’origine européenne). Et eux, les Juifs, étaient blancs.
Que s’était-il passé ? Qu’est-ce qui avait changé entre les Afrikaners et la communauté juive ? En 1961, le Parti nationaliste obtint l’approbation majoritaire au parlement d’un nouveau statut et de la décision de proclamer la république. Ce changement avait contrarié le Royaume Uni qui n’y pouvait cependant pas grand chose. Sauf exercer une pression maximum pour expulser l’Afrique du Sud du Commonwealth britannique, ce qui se produisit effectivement.
Les blancs d’Afrique du Sud - qu’ils soient Boers ou d’origine anglo-saxonne - et Israël s’étaient toujours vues comme deux nations authentiquement démocratiques et soucieuses de défendre les valeurs occidentales dans un environnement le plus souvent hostile. En conséquence elles exigeaient le respect mutuel.
L’Afrique du Sud percevait sa destinée somme quelque chose de très proche de celle d’Israël. "Les Israéliens sont une minorité qui vit entourée de 200 millions de fanatiques musulmans qui, en outre, reçoivent l’appui de pays communistes. Un îlot de gens civilisés entourés de 200 millions d’Arabes barbares et sauvages. Quant aux Afrikaners, 5 millions de personnes au milieu de centaines de millions de noirs aidés par les communistes," avait déclaré en une occasion John Vorster dont les propos seront répétés des années plus tard par le premier ministre PW Botha.
Pendant la deuxième guerre mondiale, le futur premier ministre d’Afrique du Sud, John Vorster, fut interné dans un camp de concentration allié. Vorster était un admirateur fervent des nazis, chose qui ne cadrait pas bien avec un pays comme l’Union Sud Africaine qui était en guerre aux côtés des alliés. Trois décennies plus tard, en 1976, il se rendait à Jérusalem. en qualité de premier ministre cette fois. Le gouvernement de Yitzhak Rabin, Menahem Begin et le légendaire général Moshe Dayan ne tarissaient pas d’éloges à l’égard de leur hôte.
Israël et l’Afrique du Sud oublièrent leurs divergences idéologiques du passé et inaugurèrent une relation cordiale et très fructueuse. A l’époque Israël et l’Afrique du Sud ont travaillé à des projets en vue de développer des technologies militaires de très haut niveau. Israël apportait à l’Afrique du Sud une aide militaire dans le conflit contre l’Angola. L’ennemi à combattre était le communisme.
Dans les années 1970 et 1980, quand la communauté internationale, sous la pression d’organismes comme l’ONU, décida d’imposer des sanctions économiques à Pretoria, PW Botha, le premier ministre du pays, durcit encore plus l’apartheid et en conséquence, l’Afrique du Sud s’enfonça dans une spirale de l’horreur. Les manifestations, les révoltes, les arrestations, les exécutions et les assassinats politiques firent parti du quotidien. Les grandes multinationales étrangères choisirent de quitter l’Afrique du Sud. L’occident tourna le dos à l’Afrique du Sud. Rien de tout cela n’ébranla le gouvernement. Dans le même temps, les passeports sud africains ne permettaient plus de voyager à l’étranger, sauf en Israël, l’ami fidèle.
Alon Liel, ex ambassadeur israélien à Prétoria, a déclaré dans une interview que ce fut précisément l’État d’Israël qui assuma la responsabilité d’aider l’Afrique du Sud à se doter du potentiel militaire nécessaire (le plus important du continent). L’Afrique du Sud avec ses énormes réserves de trésorerie issues de sa puissante industrie minière, put financer divers programmes de développement technologique en Israël et, en contrepartie, des scientifiques Israéliens apportèrent leur savoir faire à l’Afrique du Sud.
C’est ainsi, par exemple, que ces deux pays obtinrent la technologie essentielle pour développer leur arsenal nucléaire. Peu de gens en étaient informés. Du côté israélien, Shimon Peres et Rabin le savaient (mais ils essayaient de le cacher). Ces deux hommes, avant d’être des politiciens, faisaient partie de l’équipe de techniciens militaires qui travaillait avec le gouvernement de Prétoria.
Antérieurement à la mise en place d’obstacles aux frontières, de checkpoints et autres dispositifs pour contrôler la population palestinienne qui entrait et sortait quotidiennement d’Israël, des spécialistes de la sécurité anti terroriste Sudafricains apportèrent une aide logistique à leurs coreligionnaires Israéliens. La même chose s’est produite avec la construction de ce qui est peut-être le plus important symbole de la répression et de la ségrégation raciale en Israël : le Mur. La gigantesque clôture de béton et d’acier qui serpente autour d’un périmètre qui ne cesse de s’agrandir.
Vers 1986, sous la pression de la situation internationale, des sanctions économiques, des résolutions successives de l’ONU condamnant à chaque fois l’apartheid, Israël décida de prendre ses distances avec le régime de Prétoria. Cette évolution des relations avec l’Afrique du Sud préoccupa les responsables de l’appareil sécuritaire en Israël. "Qui aurait pu penser ? Est-ce que nous sommes tous soudain devenus fous ? Comment allons-nous faire sans l’assistance militaire de l’Afrique du Sud ? Que va devenir notre industrie aéronautique ? Nous ne pourrons pas survivre sans son soutien. N’oubliez pas que les Sudafricains, depuis les années 1970 n’ont cessé de nous aider et sont nos meilleurs clients."
Aujourd’hui, quand on évoque des personnalités juives sudafricaines, les noms qui nous viennent à l’esprit sont ceux d’Helen Suzman, une éminente militante anti apartheid ou celui de Nadine Gordimer, prix Nobel de littérature. Et peut-être aussi celui de Johnny Clegg, musicien de rock célèbre dans les années 1980. Tous trois s’opposèrent à l’apartheid. Rares sont cependant ceux qui connaissent le nom de Percy Yutar.
Yutar appartenait à l’autre bord. C’était le procureur qui en 1963 a réussi à mettre Nelson Mandela derrière les barreaux. Il avait fait valoir des preuves qui incriminaient apparemment Mandela dans un prétendu sabotage et de vouloir conspirer contre l’État. Mandela purgea une peine de 27 ans et Percy Yutar fut récompensé par le gouvernement avec le poste de procureur général de l’État Libre d’Orange et, peu après, du Transvaal. Pendant des dizaines d’années, la Fédération Sioniste et le Groupe des Députés Juifs d’Afrique du Sud honorèrent des hommes comme Percy Yutar, Juif anti communiste et bon Sudafricain.
Pour Alon Liel, l’image que le monde devait avoir (et continuer à avoir) des Juifs d’Afrique du Sud est le modèle classique des militants contre l’apartheid. Les Juifs déploraient dans leur majorité le racisme mais insuffisamment. C’est que ce système leur apportait deux garanties fondamentales : un bon niveau de vie et une vie sans crainte du communisme. Devant les atrocités endurées au quotidien par les noirs et les autres communautés non blanches, les Juifs liés à l’establishment ont détourné le regard. Les choses iront mieux pour nous, disaient-ils, si nous les laissons telles quelles.
"Il faut oublier le passé," recommandait Shimon Peres lors d’un entretien avec un correspondant sudafricain. Shimon Peres parlait en connaissance de cause. Ce n’est pas pour rien qu’il a été ministre de la défense à l’époque de la visite de Vorster à Jérusalem et deux fois premier ministre dans les années 1980, à l’époque précisément où les relations entre l’État hébreu et l’Afrique du Sud blanche étaient au mieux .Peres goûte peu le charabia moraliste. "Je ne regarde jamais en arrière. Le passé ne m’intéresse pas. Je ne peux pas le modifier, à quoi bon m’en préoccuper maintenant ?" Quand on lui demande comment il est possible que deux nations aux idéologies aussi différentes, antagonistes, aient pu s’apporter un soutien mutuel et s’il a douté à l’occasion, il répond : "Toutes les situations ne correspondent pas forcément à un idéal. Toute décision tient compte de deux alternatives imparfaites. Le mouvement noir en Afrique du Sud encensait Arafat depuis des années, et Arafat était notre ennemi chez nous. A la vérité, nous n’avions pas le choix. Nous n’avons cependant jamais cessé de dénoncer l’apartheid. Nous ne l’avons jamais soutenu."
Personne en Israël n’a honte du passé. Le sous directeur général du ministère des affaires étrangères, Gideon Meyer, le justifie ainsi : "Notre handicap majeur a toujours été la sécurité. Aucune nation au monde n’est plus menacée que la nôtre. Il en est ainsi depuis ses tout premiers jours, depuis la naissance de l’État d’Israël. La géopolitique d’Israël en est le résultat."
Quiconque a vécu dans l’Afrique du Sud de l’apartheid et se rend aujourd’hui en Israël observera des choses étrangement familières. Il n’existe certes pas en Israël de pancartes où on annonce aux noirs l’interdiction de ceci ou de cela, "blancs seulement", "non européens seulement". Le fait est que ça revient au même ; en Israël comme en Afrique du Sud par le passé, prévaut un climat de ségrégation raciale. Les Israéliens préfèrent cependant ne pas s’en rendre compte.
Les soldats de l’État hébreu humilient très souvent les Palestiniens qui se présentent aux checkpoints, les postes frontaliers. Les colons s’amusent à tracer des peintures xénophobes sur les humbles demeures des Palestiniens à Hébron. La police de Jérusalem Ouest exerce son autorité de manière routinière, interpelle systématiquement toutes les personnes d’apparence arabe et contrôlent leurs identités. Certaines colonies et communautés juives refusent complètement l’entrée de "leur" zone aux palestiniens. L’argument qui justifie ce refus est l’appartenance à deux mondes culturellement distincts.Le maire d’un de ces hameaux de colons juifs en est venu à proposer que les palestiniens portent un quelconque signe distinctif qui les identifie comme tels. Renversement de la notion de ghetto ? Possible.
Dans les années 1990, des groupes d’extrême droite juifs avaient exigé que les commerçants qui employaient des Palestiniens licencient ces derniers. Ceux qui s’étaient pliés à cette exigence avaient reçu un autocollant où on lisait "nous n’employons pas d’Arabes." Dans les matchs de football qui opposent des équipes israéliennes et palestiniennes, les supporters juifs crient "mort aux Arabes."
Celui qui a le rare honneur (ou selon le cas, tout le contraire) d’être invité à dîner chez une famille juive de la classe moyenne, il se peut qu’avec le dessert - peut-être que c’est l’été et que nous soyons sur la terrasse à profiter du parfum que répandent les citronniers du jardin du voisin - la conversation animée porte sur la cause palestinienne. Nos amphitryons discutent, tentent de nous convaincre qu’en réalité les Palestiniens ne "méritent" pas d’avoir leur propre État. L’intifada et les attentats suicide justifient mille fois les 37 années d’occupation de leurs terres. Des crimes contre les Palestiniens ? Certainement pas. Les criminels sont les Palestiniens.
Ça rappelle beaucoup les discussions sur les noirs qu’il y a vingt ou trente ans, j’avais avec des gens que je connaissais en Afrique du Sud. Les mêmes clichés, les mêmes préjugés, la même étroitesse d’esprit. On fait régulièrement des enquêtes d’opinion en Israël. Les Israéliens sont une majorité pour penser que les Arabes sont des gens "sales", "primitifs",faisant peu de cas de la vie humaine et d’un naturel violent.
Rehavam Ze’evi, ancien ministre du tourisme sous Sharon, avait proposé l’expulsion de tous les Arabes du territoire juif. Dans le plus pur style de l’apartheid. Même la presse juive l’avait traité de raciste. Ze’evi est mort en 2001, victime d’un attentat terroriste.
La liste d’exemples est longue qui démontre de manière claire qu’Israël, actuellement, continue à se prévaloir de pratiques propres à l’apartheid sud africain. "Il y a toujours eu des fanatiques pour exiger un Grand Israël," explique Krausz, survivant de l’holocauste qui réside à Johannesbourg. "Il y a des types, des tarés, il n’y a pas d’autre mot, qui insistent pour prouver que c’est dans la Bible ; cette terre est à nous, par la volonté divine. C’est du fascisme."
Hirsch Goodman avait décidé d’émigrer en Israël. C’était il y a trente ans, peu après avoir terminé son service militaire (obligatoire en Afrique du Sud). Son fils, après avoir achevé son service dans l’armée israélienne a émigré en Afrique du Sud. "L’armée l’avait envoyé dans les territoires occupés et il dit qu’il n’oubliera jamais ce qu’on l’a obligé à faire," déclare Goodman qui travaillait comme analyste des systèmes de sécurité à l’université de Tel Aviv.
Selon lui, le terme "apartheid" est peut être un peu exagéré. "Si Israël persiste à vouloir se maintenir dans les territoires occupés, sans doute devrons nous accepter ce terme. Nous ne pourrons alors plus parler d’État démocratique. Ce qui arrivera alors seront des formes distinctes de développement et la discrimination systématique dans tous les domaines : éducation, santé, légal. Mais on ne peut pas dire aujourd’hui que nous pratiquons l’apartheid alors que 76 % de la population d’Israël désire sincèrement un accord avec le peuple palestinien. Il est vrai que nous discriminons les Arabes, ceux qui sont venus d’Éthiopie et d’autres, mais ce n’est pas pour autant qu’on peut nous coller l’étiquette de racistes. Je déteste qu’on banalise le mot apartheid. C’est quelque chose de trop affreux."
23 mars 2010 - Cet article peut être consulté ici :
http://www.lavanguardia.es/lectores...
Traduit de l’espagnol par Djazaïri

L’AP de Ramallah prête la main aux forces d’occupation pour disperser une manifestation à Bethlehem

mardi 30 mars 2010 - 06h:39
Ma’an News
L’Autorité palestinienne [de Ramallah] et les forces israéliennes d’occupation ont réprimé des manifestants lors d’un rassemblement à Bethléem ce lundi pour protester contre la détention prolongée des détenus de la journée du « Dimanche des Rameaux », et marquant la « Journée de la Terre ».
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La boucle est bouclée... Non contente de collaborer avec l’occupant israélien pour pourchasser la résistance palestinienne en Cisjordanie, l’AP prête à présent la main aux forces d’occupation pour réprimer les manifestations dans les Territoires Occupées. L’Histoire enseigne qu’il n’y a jamais de demi-mesure dans la collaboration... Quelle sera l’étape suivante ? - Photo : MaanImages/Haytham Othman
 
Plus de 200 manifestants avaient rejoint la manifestation organisée par le Fatah et des membres de l’OLP, après la détention sans précédent d’un officiel de haut rang du Fatah dimanche dernier, Abbas Zaki.
On trouvait notamment parmi les manifestants le membre du comité central du Fatah, Jamal Muheisin, le responsable de l’Initiative Nationale Palestinienne, Mustafa Barghouti, le gouverneur de Bethléem Abdul Fattah Hamayil, et les responsables des comités populaires de Bethléem, de Beit Sahour, de Beit Jala et d’Hébron. L’épouse de Zaki était également présente.
La marche a commencé à la Mosquée Bilal Ibn Rabah, adjacente à la soit-disant tombe de Rachel, pour se diriger vers le checkpoint de Gilo qui sépare Bethléem de Jérusalem, là où ont eu lieu les détentions de la veille [manifestation du « Dimanche des Rameaux »]. Les soldats israéliens placés dans l’installation militaire ont tiré des bombes lacrymogènes et des grenades assourdissantes sur les manifestants qui, à leur tour, ont riposté en lançant des bouteilles vides et des pierres.
Un porte-parole de la police israélienne en Cisjordanie n’a pas voulu faire de commentaires.
Durant la marche, Muheisin a rappelé le droit des Palestiniens à la résistance non-violente et a condamné la politique israélienne contre les sites musulmans et chrétiens, ainsi que les restrictions imposées aux fidèles palestiniens des deux confessions pour l’accès aux sites de Jérusalem afin célébrer des cérémonies religieuses.
« Le jour où Israël détruira Al-Aqsa, Israël sera détruit », a-t-il dit.
Mustafa Barghouti, qui participe souvent aux manifestations contre le Mur en Cisjordanie, a déclaré : « Nous sommes venus à Bethléem aujourd’hui, pour affirmer depuis ce checkpoint qui nous sépare de la ville de Jérusalem, que nous refusons le mur de l’apartheid, la judaïsation [de Jérusalem] et le nouveau siège qu’Israël impose aux Palestiniens à Bethléem et à Jérusalem. »
La détention des manifestants du « Dimanche des Rameaux » dont faisait partie Zaki, est une procédure « tyrannique israélienne », a déclaré Barghouti, visant à dissuader la résistance populaire non-violente. De tels actes « n’arrêteront jamais la résistance contre le mur de séparation, contre les activités de colonisation, et contre le siège ... La résistance finira par triompher », a-t-il ajouté.
Des affrontements ont éclaté près du dit tombeau de Rachel, quand les forces de l’Autorité palestinienne [AP] de Ramallah sont intervenues contre la marche, attaquant les manifestants. De très vives discussions s’ensuivirent entre les journalistes couvrant l’événement et les forces de l’AP. Finalement les journalistes ont entamé un sit-in près de la tombe.
Le porte-parole du Fatah à Bethléem, Muhammad Lahham, a déclaré à Ma’an que « la sécurité palestinienne se comportait mal, et alors que nous tenions compte des accords de sécurité avec les autorités israéliennes, ces attaques portées contre les journalistes et les manifestants ne sont jamais justifiées. »
Lahham a aussi déclaré qu’il avait parlé avec le chef des services de sécurité à Bethléem, Suleiman Umran, qui lui a assuré qu’une commission serait créée pour enquêter sur l’incident, promettant de poursuivre tout agent de sécurité reconnu coupable d’agression contre des journalistes ou des manifestants [les sbires de l’AP de Ramallah ont beaucoup appris des Israéliens... Même à promettre des enquêtes qui n’aboutissent jamais - N.d.T].
29 mars 2010 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/eng/ViewDet...
Traduction : Info-Palestine.net

Une idée à creuser

publié le mercredi 31 mars 2010
Hmida Ben Romdhane
 
Compte tenu de l’isolement de plus en plus accentué d’Israël et du mépris et de la révolte de plus en plus prononcés que suscite la politique de ce pays au sein de la communauté internationale, les conditions sont nettement plus favorables qu’avant pour entreprendre une action sérieuse de nature à mettre un terme au banditisme politique israélien et à l’impunité qui le nourrit depuis des décennies.
La seule décision concrète prise par le sommet de Syrte est l’octroi de 500 millions de dollars aux Palestiniens dans le cadre du « plan de soutien à Al Qods ».
Le reste relève soit des déclarations auxquelles on est habitué, soit des ballons d’essai, comme ceux lancés par le secrétaire général de la Ligue, Amr Moussa, et qui sont restés en suspens en attendant le prochain sommet extraordinaire que les dirigeants arabes ont décidé de tenir avant la fin de cette année.
Le refus du sommet de tout dialogue avec les Israéliens tant que ceux-ci n’ont pas arrêté la construction des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est vient annuler une précédente décision de la Ligue arabe qui avait accepté au début de ce mois que les Palestiniens s’engagent dans des négociations indirectes avec Israël. Une décision qui n’a plus aucun sens au vu de l’arrogance du gouvernement israélien de Benyamin Netanyahu qui semble se délecter des annonces quasi-quotidiennes de la construction de nouvelles colonies que ce soit en Cisjordanie ou dans ce qu’il appelle « la capitale éternelle d’Israël ».
Face à la « folie » israélienne de s’approprier la totalité de la ville sainte, comme l’a si justement dit le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, invité au sommet, les dirigeants arabes présents à Syrte n’avaient pas pris d’initiatives concrètes de nature à dissuader Netanyahu et sa coalition de fanatiques de faire marche arrière. Prendre à témoin les Etats-Unis, l’Union européenne et le Quartette et les inciter à faire pression sur Israël, ne constitue en rien une nouveauté, car on ne compte pas les fois où les sommets arabes demandaient de telles pressions aux alliés américain et européens d’Israël qui n’avaient jamais pu ou voulu les exercer sérieusement et efficacement.
Quand on dit qu’on attend des dirigeants arabes des décisions concrètes pour s’opposer à « la folie » israélienne qui dure depuis 43 ans, cela ne veut pas dire un appel à la guerre. Certes, il y en a qui la souhaitent vivement, ce qui équivaudrait à vouloir répondre à une folie par une autre. Aucun pays arabe n’est en mesure de supporter une guerre régionale forcément dévastatrice et dont nul ne peut prévoir l’ampleur, ni les conséquences désastreuses.
Mais cela ne veut pas dire se croiser les bras et se contenter des communiqués habituels de condamnation et de dénonciation. Compte tenu de l’isolement de plus en plus accentué d’Israël et du mépris et de la révolte de plus en plus prononcés que suscite la politique de ce pays au sein de la communauté internationale, les conditions sont nettement plus favorables qu’avant pour entreprendre une action sérieuse de nature à mettre un terme au banditisme politique israélien et à l’impunité qui le nourrit depuis des décennies.
L’avantage le plus récent et le plus déterminant est le changement de cap de l’Etat turc qui, d’ami et d’allié d’Israël, est devenu un ardent opposant à la politique de ce pays et un défenseur de poids des causes arabes et islamiques, au premier plan desquelles la cause palestinienne. Cet avantage mérite d’être exploité au maximum, par exemple en créant une commission arabo-turque qui entreprendrait une vaste offensive diplomatique auprès des grands centres de décision dans le monde (Amérique, Europe, Asie) en vue de les convaincre de l’absurdité du statut spécial dont continue de jouir Israël, c’est-à-dire un pays au dessus des lois et immunisé contre toute espèce de sanction et contre toute obligation de rendre compte de ses actions extrêmement dommageables pour ses victimes.
L’aboutissement logique d’une telle offensive diplomatique serait un débat au Conseil de sécurité. Evidemment, cela ne servirait à rien si un tel débat empruntait les sentiers battus habituels avec interventions pour et contre, vote, veto américain et classement du dossier en attendant la prochaine plainte.
L’atmosphère internationale se caractérise actuellement par au mieux un embarras et au pire une révolte contre la politique israélienne et les politiciens qui l’initient et l’appliquent. Les conditions sont favorables à l’approfondissement des divergences qui séparent Washington de Tel Aviv, mais les pays arabes ne semblent pas suffisamment mobilisés pour exploiter l’occasion et contribuer à l’accentuation de ce désamour naissant entre les Etats-Unis et Israël.
A supposer que des forces intérieures américaines (Lobby, Congrès) arrivent à colmater les brèches et à empêcher la Maison blanche de faire ce qu’elle aurait dû faire depuis des années : tenir tête à la folie israélienne. Cela ne devrait pas décourager les efforts et les initiatives tendant à provoquer un débat au Conseil de sécurité sur les colonies en Cisjordanie, à Jérusalem et dans le Golan syrien, un débat qui soit entamé dans le cadre du chapitre VII de la charte de l’ONU, le seul qui vaille la peine dans la mesure où ce chapitre prévoit des sanctions appropriées dans le cas de non observation de la résolution du Conseil, et même l’usage de la force internationale pour l’appliquer.
On entend déjà les voix qui s’élèvent pour dire que jamais Washington n’exposerait Israël à un débat au Conseil de sécurité dans le cadre du chapitre VII. Certes. Mais les Etats-Unis n’ont-ils pas trouvé la combine pour déjouer le veto soviétique et faire passer en 1950 une résolution dans le cadre du chapitre VII qui leur avait permis d’utiliser la force contre la Corée du nord sous couverture internationale ? Ne peut-on pas s’inspirer de cette combine américaine pour déjouer un éventuel veto américain contre l’utilisation du chapitre VII ? Qu’est ce qui empêcherait le prochain sommet arabe extraordinaire de creuser une telle idée ?
publié par la Presse de Tunisie 

Des nouvelles de Salah

publié le mercredi 31 mars 2010
Comité national de soutien à salah Hamouri

 
Privé de livres et de journaux français, notre jeune compatriote, emprisonné depuis 5 ans par les autorités d’occupation israéliennes, est maintenant aussi privé de courrier. C’est honteux ! ECRIVONS LUI QUAND MEME !
Salah aura 25 ans le 25 avril prochain.
Il ne peut plus, comme déjà indiqué, ni recevoir des livres ni lire des journaux français.
Tout est bloqué, pour lui mais aussi pour tous ses compagnons d’infortune.
A cela j’ajoute un nouveau fait : depuis un mois et demi il est privé de son courrier. Tout le courrier qu’il reçoit étant traduit pour informer de son contenu l’administration pénitentiaire, il lui a été indiqué « qu’il n’y a plus de traducteur disponible. »
Voilà le sort de notre compatriote qui est l’objet d’une illégale « détention arbitraire », mesure formellement condamnée dans le rapport Goldstone car contraire au droit.
Combien de temps encore « là-haut » on se refusera d’écouter les dizaines de milliers de Français qui disent « Ca suffit Monsieur le Président de votre propre arbitraire ! Agissez pour sa libération sans condition ! Recevez sa famille ! »

Le 25 avril : encore un anniversaire en prison pour Salah…
On lui écrit !
Par milliers !

Salah Hamouri
Doar nah Guilboa
10900-Beit shean
Israël
intro : C. Léostic, Afps

Pour aller à Jérusalem...

publié le mardi 30 mars 2010
Délégation Générale de Palestine En France

 
Le droit de se déplacer et le droit de culte sont inscrits dans la Déclaration des Droits de l’Homme. Les autorités israéliennes ne la reconnaîtraient donc pas ?*
Communiqué de la Délégation générale de la Palestine :
Durant cette période des fêtes de Pâques, la vieille ville de Jérusalem aurait dû être un lieu de rassemblement, de procession et de prières pour l’ensemble du monde chrétien, en particulier autour du Saint sépulcre. Malheureusement cette année encore les forces d’occupation israéliennes à Jérusalem-Est en ont décidé autrement, faisant de la ville sainte un lieu d’exclusion et de tensions où la police impose un ordre arbitraire et violent, bien loin de l’esprit pacifique de la Semaine sainte.
Hier, dimanche, quelques centaines de Palestiniens avaient entamé une procession pour aller prier à Jérusalem, bravant l’interdiction qui leur est imposée par Israël de célébrer le Dimanche de rameaux. Le cortège pacifique, qui portait comme titre « marche pour la liberté de circulation et la liberté de culte » scandait des chants religieux et arborait des drapeaux palestiniens. Le défilé, dont les participants tenaient à la main des rameaux de palme, est parti de Bethléem pour arriver une heure plus tard à Jérusalem. Traversant la porte sud de la ville, les Palestiniens ont poursuivi leur avancée sous les yeux éberlués des militaires israéliens qui se sont empressés de demander des renforts. Tout s’est ensuite accéléré : plusieurs dizaines de pacifistes palestiniens (dont Abbas Zaki, député et membre du Comité exécutif du Fatah) qui n’en revenaient pas d’avoir pu aller si loin ont été arrêtés par la police. Loubna, une participante, a déclaré à France Presse « C’est ça la résistance populaire. Demain on ira plus loin, on arrivera au Saint Sépulcre puis à l’Esplanade des Mosquées ».
Au-delà de cet événement, c’est l’ensemble du peuple palestinien qui demeure toujours la cible de la politique israélienne d’occupation de Jérusalem-Est. Depuis ce matin, l’accès à l’esplanade des mosquées, 3ème lieu saint de l’islam, est interdit aux habitants de Cisjordanie et limité aux Palestiniens de plus de 50 ans détenteurs d’une carte de résident permanent à Jérusalem-Est. Ce lieu saint est également interdit aux non musulmans sans que l’on sache pour le moment combien de temps dureront ces restrictions. Au-delà de Jérusalem-Est, c’est toute la Cisjordanie qui a été bouclée jusqu’au 6 avril. Jérusalem, ville historiquement berceau des trois religions est devenue cette année la ville uniquement réservée à la Pâque juive. Cette politique de judaïsation de la ville justifie cette année toutes les privations de liberté et d’occupation.
Ces violences et ces mesures discriminatoires contre l’ensemble du peuple palestinien a qui la liberté de culte est refusée, sont contraires à la 4ème Convention de Genève ainsi qu’à l’article 18 de la Déclaration des Droits de l’homme qui stipule que chacun à le droit « de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. ». Cette situation est malheureusement tragique et fait suite aux affrontements qui ont déjà eu lieu mi-mars, faisant des morts, des blessés et des arrestations.
La Délégation générale de la Palestine en France appelle tous les amis de la paix, les mouvements de solidarité ainsi que la Communauté internationale à exercer des pressions contre le gouvernement israélien afin que cessent l’occupation et la colonisation pour qu’enfin le peuple palestinien recouvre l’ensemble de ses droits. Cette mainmise israélienne sur la ville de Jérusalem, sur la Cisjordanie et dans la Bande de Gaza est contraire au droit international.
المفوّضية العامّة لفلسطين في فرنسا
COMMUNIQUE DE PRESSE lundi 29 mars 2010
14, rue du Commandant Léandri - 75015Paris - tel .01 48 28 66 00/ fax. 0148 28 50 67
* Titre et intro : C. Léostic, Afps

« Les abrutis engendrent des insectes »

publié le mardi 30 mars 2010
Nurit Peled Elhanan
 
En mémoire de quatre jeunes Palestiniens tués cette semaine : Muhamad Awarta, Salekh Kwrick, Muhamad et Usaid Kadus.
Ici, en Israël, la façon dont nous traitons les enfants palestiniens a longtemps été guidée par l’adage : « Les abrutis engendrent des insectes ». Certains le disent ouvertement, d’autres partagent ce point de vue en silence. Il n’y a pas de mois sans que plusieurs enfants palestiniens soient tués sous des prétextes douteux, que personne ne comprend, jusqu’à ce qu’un journaliste suédois essaie de deviner et que toute la grosse artillerie soit déployée pour le faire taire. La plupart du temps les Autorités d’Occupation s’arrangent pour falsifier l’âge des petites victimes et pour leur prêter des intentions criminelles ou subversives et quand rien de tout cela ne marche, ils s’excusent eux-mêmes comme des joueurs de ping-pong en disant « Oh, désolé ! ». Et cette fois encore, les experts en meurtres de l’Armée israélienne ont dit : « Peut-être que ça aurait pu être arrangé autrement ! »
Peut-être !! En vérité ! Dans la presse israélienne les enfants palestiniens sont toujours décrits comme une terrifiante menace surgissant de toutes parts : d’en-haut, d’en bas, ou en face des soldats qui tirent , lesquels soldats, ne l’oublions pas sont armés des pieds à la tête comme des « robocops », mais sont décrits dans les rapports de presse comme des jeunes perdus, frappés de terreur lorsqu’ils sont confrontés à des enfants en T-shirts en route pour le travail des champs avec leur binette, ou font face à des enfants qui les attaquent avec des frondes, Goliath hurlants confrontés à des David fluets , agiles et inébranlables qui obstinément insistent pour continuer à vivre en dépit de ce que nous leur avons déjà expliqué des milliers de fois.
La fumée flottant au-dessus de Gaza massacrée et ensanglantée n’est pas encore dispersée et les voilà de nouveau sortant pour le combat. De nouveau ils attaquent ou veulent attaquer ou rêvent d’attaquer ou semblent attaquer quand ils lèvent une fourche pour faire les foins ou simplement énervent nos soldats par leur présence même. Nos soldats, héroïques, adultes, responsables, qui déambulent avec des armes effrayantes dans les rues de la ville et tous les lieux publics sont décrits dans les communiqués de presse qui rapportent les meurtres comme manquant de jugement, glacés d’épouvante,ou comme des meurtriers sans cœur, sans conscience et sans intelligence qui ne savent pas comment expliquer et ne jugent pas que ce soit nécessaire, et qui ne savent pas quoi faire, en bref qui ne savent pas.
Comme dans le film « Valse avec Bachir » , comme dans le film « Juste pour voir si je souris » comme dans les innombrables témoignages de soldats traumatisés , ils se demandent juste ce qu’ils sont venus faire là. Ils m’ont posté là, alors j’ai tiré, alors j’ai bombardé, alors je les ai fouillés, alors j’ai cassé les manifestations, alors j’ai obéi, alors j’ai tué. Parce que j’avais peur, j’avais terriblement peur, de loin on avait l’impression qu’ils tenaient des pierres, des frondes, des fourches ou quelque chose comme ça comment pourriez-vous savoir, comment pourriez-vous voir avec ce casque qui vous tombe sur les yeux, avec la sueur qui vous coule dans les yeux, mais je ne suis pas coupable, parce que… pourquoi m’ont-ils posté là ? ??
Et les enfants morts dont le sang irrigue les champs ? Dont le sang crie depuis la profondeur de la glaise ? Dont les cris de mort ne seront pas étouffés par un millier de colonies, en l’honneur de qui on ne déplacera pas le moindre projet immobilier mais il est presque sûr que leurs corps seront recouverts de vastes immeubles destinés à des colons qui ne veulent rien connaître de leur histoire mais qui chanteront et danseront sur leur sang encore et encore pour tenter de le faire taire. Seuls ces enfants morts qui sont allés rejoindre ma propre petite fille dans ce Royaume souterrain des enfants morts sur lequel ce pays du béton se construit sans arrêt, eux seuls savent que Satan n’a pas encore créé la vengeance pour le sang d’un petit enfant [1]. Eux seuls savent que toutes les danses et les chants, que les marches et les drapeaux, les tanks et les bulldozers et les lois racistes et liberticides qui apparaissent chaque jour subrepticement , ne laveront pas le sang que nous avons sur les mains, le sang des enfants bruns en T-shirts, presque morts de faim qui se lèvent chaque matin en quête de travail, en quête de leur pain quotidien, en quête d’un peu de dignité sans jamais renoncer. C’est leur vengeance. Que leur mémoire soit bénie.
[1] « Une telle vengeance, la vengeance pour le sang d’un petit enfant / Satan ne l’a pas encore créée » du poème « Sur le Massacre » composé par le poète Hébreu Haïm Nahman Bialik pour commémorer les victimes du pogrom de Kishinev en 1903.
Traduit de l’Anglais par Roseline Derrien

Proche-Orient ; Constat d’échec

publié le mardi 30 mars 2010
Mohammed Larbi

 
La situation au Proche-Orient rappelle en certains points celle de 1996, avec des menaces israéliennes à l’endroit des Palestiniens accusés de durcir leurs positions, sauf qu’à cette époque, il y avait un processus de paix que le monde avait accueilli favorablement en raison des perspectives qu’il ouvrait pour la région, et le monde d’une manière générale. Cette fois, s’accorde-t-on à dire, c’est le vide sidéral, à la différence qu’une unanimité s’est faite pour aller vers la paix, et qu’Israël est accusé de bloquer toute perspective de paix.
L’Amérique, qui a entamé un nouveau processus dès janvier 2009, n’hésite plus à dire que la persistance de ce conflit menace ses intérêts. De leur côté, les pays arabes, qui avaient au début de ce mois encouragé les Palestiniens à s’engager dans des pourparlers indirects avec Israël, constatent qu’il n’est plus possible de maintenir leur offre de paix, en raison de la politique israélienne qui suscite une colère à l’échelle de la planète, et le Pape en était hier à dénoncer d’une certaine manière la politique de judaïsation de la ville d’El Qods. En 1996, il était question de suspension des relations avec Israël pour ceux des pays arabes qui en avaient noué. Le sommet a donné une chance à la paix, laquelle a connu un autre frémissement, il est vrai, mais en empruntant des chemins tortueux en raison de blocages israéliens.
Ou plus simplement de la politique israélienne, comme vient de le souligner Benjamin Netanyahu, ce qui est donc une constante en ce qui concerne les Palestiniens et les Arabes d’une manière générale. C’est certainement pour cette raison que le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a appelé, samedi, à l’ouverture du sommet arabe, les dirigeants arabes à « discuter de la possibilité existante d’un échec total du processus de paix » israélo-palestinien. Ce qui implique un changement de politique. A ce sujet, M. Moussa a révélé que le comité de suivi de l’initiative de paix arabe était « sur le point d’élaborer des plans alternatifs et des démarches pour faire face » à l’éventualité d’un échec. « Il y a plusieurs options pour une nouvelle stratégie arabe vis-à-vis du conflit avec Israël », selon un haut responsable de la Ligue arabe, se gardant de les dévoiler.
Ce qui n’a pas empêché le président palestinien, Mahmoud Abbas, d’évoquer l’éventualité de « guerres qui risquent d’éclater » si Israël persiste dans sa politique d’occupation. Et personne, apparemment, ne veut accepter une telle éventualité, à l’image du Premier ministre turc, et avant lui des Américains qui ont déjà fait savoir aux Israéliens que leur politique est dangereuse. C’est ainsi que le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a indiqué, le 25 mars dernier, que la situation au Proche-Orient « sape les intérêts américains ». Et, fait important, même les militaires américains en parlent de la même manière, comme vient de le faire le chef du CentCom, le général David Petraeus. Une double unanimité s’est faite contre d’abord l’occupation israélienne, et d’y mettre fin ensuite. Mais par quel biais ? Toute la question est là, et il faut aussi que le concept de paix soit univoque, c’est-à-dire qu’il soit pleinement accepté par toutes les parties.

La « Journée de la terre » : un mort et plusieurs blessés palestiniens

31/03/2010
Les soldats israéliens ont riposté aux jets de pierres des 
manifestants par des tirs à balles réelles. Abbas Momani/AFP
Les soldats israéliens ont riposté aux jets de pierres des manifestants par des tirs à balles réelles. Abbas Momani/AFP
Un adolescent palestinien a été abattu par des soldats israéliens alors qu'il s'approchait de la clôture de sécurité à l'est de la ville de Rafah.
La « Journée de la terre », commémorée chaque année par les Palestiniens et les Arabes israéliens pour protester contre les spoliations foncières, a été endeuillée hier par la mort d'un adolescent à Gaza. Mohammad Zeid al-Fermawi, 15 ans, a été tué par des tirs israéliens alors qu'il s'approchait de la clôture de sécurité séparant l'enclave palestinienne du territoire israélien, à l'est de la ville de Rafah, selon des sources médicales et des témoins. L'armée israélienne a démenti être impliquée dans cet incident.
Selon des témoins, l'adolescent était arrivé en avance à proximité de la barrière frontalière afin de participer à un rassemblement pour la « Journée de la terre », en souvenir de la mort de six Arabes israéliens en 1976 durant une manifestation contre la confiscation de terres arabes par Israël. Un autre adolescent, âgé de 14 ans, a été blessé par balle au cours d'une marche similaire dans le camp de réfugiés de Maghazi (centre de la bande de Gaza), a précisé à l'AFP Moawiya Hassanein, le chef des services d'urgences palestiniens à Gaza. Enfin, dix protestataires, dont des enfants, ont été blessés lors d'un défilé de plusieurs centaines de personnes jusqu'à la frontière à l'est de la ville de Khan Younès (sud de la bande de Gaza), selon le docteur Hassanein. Un garçon de neuf ans, Riad Abou Namous, est dans un état grave, ont précisé des sources hospitalières. Les manifestants ont lancé des pierres contre les soldats israéliens stationnés le long de la clôture qui ont riposté par des tirs à balles réelles, selon des témoins.
Interrogée, l'armée israélienne a expliqué qu'elle avait ouvert le feu « en suivant la procédure » dans une « zone de guerre » interdite aux Palestiniens. C'est dans la même zone, près de Khan Younès, que des accrochages violents ont eu lieu le week-end dernier entre l'armée israélienne et des combattants palestiniens qui ont coûté la vie à deux soldats et à deux Palestiniens. Cette flambée de violence à Gaza est la plus sérieuse depuis la fin de l'offensive dévastatrice de l'armée israélienne, il y a 14 mois, contre le territoire palestinien contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Ailleurs, la « Journée de la terre » a été marquée par des manifestations en Israël, dans la ville majoritairement arabe de Sakhnin (Nord), ainsi que dans les territoires occupés. À Sakhnin, plusieurs milliers de manifestants ont agité des drapeaux palestiniens, certains brandissant des bannières islamistes et les portraits des chefs du Hamas et du Hezbollah, selon un photographe de l'AFP.
« La Journée de la terre est devenue pour nous une occasion d'affirmer notre identité et notre appartenance à la Palestine », a affirmé à l'AFP le député arabe israélien Mohammad Barakeh, qui siège à la Knesset. Israël compte 1,2 million d'Arabes, pour un total de 7 millions d'habitants. Ils sont les descendants des 160 000 Palestiniens restés dans le pays lors de la fondation de l'État hébreu en 1948.
Les Arabes israéliens accusent le gouvernement de politique discriminatoire, se plaignant d'être les laissés-pour-compte de la société israélienne avec un taux de chômage et de pauvreté élevé.
En Cisjordanie, des dirigeants de l'Autorité palestinienne ont planté des oliviers - le symbole du mouvement national palestinien - tandis que le Premier ministre Salam Fayyad prenait part à un rassemblement populaire près de la ville de Salfit.