IRIB-....Ce qui se passe dans la région, ô mes frères et sœurs, sert les intérêts de l’ennemi, ce qui est vraiment malheureux, et
lui permet de profiter des occasions présentes. Et nous devons
reconnaître à notre ennemi qu’il est habile, qu’il est très fort pour
profiter des occasions qui se présentent. Et malheureusement, nous
sommes une communauté (les musulmans) qui gâche bien des occasions.
(L’ennemi) sait très bien saisir les occasions pour imposer de nouvelles
réalités – en Palestine, en Syrie, au Liban, dans (toute) la région.
Lorsque l’ (ennemi) israélien regarde
autour de lui, et se rend compte que ceux qui se taisaient (face à ses
agressions) se font encore plus silencieux – peut-être que si je disais
« ils n’ont jamais osé dire un mot (en faveur de la Palestine) », il y
aurait de l’amertume dans mon propos – et qu’il se rend compte que les
pays concernés sont accaparés par des défis majeurs, pourquoi l’ennemi
ne profiterait-il pas de l’occasion ? Pourquoi donc ? Naturellement, il
va en profiter.
Lorsque l’ennemi se rend compte que les
dirigeants arabes, aujourd’hui – oui, aujourd’hui même, soulignez ce mot
de deux gros traits – sont encore plus prêts à faire des concessions
sur leurs droits après le Printemps arabe (qu’auparavant),
malheureusement, malgré le Printemps arabe. Durant les mouvements du
Printemps arabe, durant les soulèvements populaires, l’ennemi était dans
un état d’effondrement, de terreur et de confusion complète, et les
attentes du peuple palestinien, qui a fondé de grands espoirs sur le
Printemps arabe, de même que les mouvements de Résistance, nous y
compris, nous avions l’espoir que le Printemps arabe allait engendrer
des Etats qui rendraient la position arabe officielle plus ferme, plus
forte, plus active et plus efficace, plus attachée aux droits, moins
prête à faire des concessions, mais malheureusement, (quand on voit)
l’image de tous ces ministres des affaires étrangères arabes, avec au
milieu le Secrétaire d’Etat américain, et parmi eux des ministres des
gouvernements issus du Printemps arabe, des ministres de pays
bouleversés par le Printemps arabe, qui sont prêts à faire de
dangereuses concessions sur la cause palestinienne et sur les terres
palestiniennes, n’est-ce pas là quelque chose qui doit attrister les
amis (de la Palestine) et remplir de joie l’ennemi ?
Je ne vais pas donner de noms, car nous
avons bien assez de problèmes comme ça. Il vous suffit de vous reporter à
la photo (des ministres arabes), et de voir (qui est présent).
Et donc face à cela, quelle a été la réaction israélienne ? Il y a là une leçon à tirer.
Vous, les Arabes, vous vous avancez sur
des ruines – vous les considérez comme des ruines mais avec la Grâce de
Dieu ce ne sont pas des ruines – car dans votre vision, vous avez acculé
la résistance palestinienne dans un coin et vous l’avez mises en
pièces, la Syrie fait face à une guerre très violente, le Liban, vous
savez ce qui se passe au Liban, et donc (vous considérez que) le moment
est venu – l’Iran, vous le considérez assiégé et menacé – et donc (pour
vous) le moment est venu d’offrir aux Américains ce que vous ne pouviez
pas, ce que nous n’osiez pas leur offrir par le passé. Non pas ce que
vous n’étiez pas convaincus de devoir céder par le passé – je vous le
dis aujourd’hui, sous ma responsabilité ici-bas et dans l’au-delà, ces
dirigeants arabes se comportent vis-à-vis de la Palestine, du peuple
palestinien, de la mosquée Al-Aqsa, de la Maison de la Sainteté
(Jérusalem), de la Basilique de la Résurrection (Eglise du
Saint-Sépulcre) et des réfugiés palestiniens comme s’ils étaient une
souillure historique. Une souillure (dont il faut se débarrasser). Pas
une cause (à défendre). Ils sont prêts et décidés à en finir (avec tout
ça) depuis longtemps. Mais ils ont un problème. Ils ont besoin des
circonstances adéquates, de suffisamment d’audace, ils doivent oser.
Telle est la vérité.
Et c’est pourquoi on peut voir que tous
les changements qui ont eu lieu les conduisent de manière plus décidée à
plus de concessions, à plus de gratifications en faveur de l’ennemi
(israélien), car ils voient que personne ne leur demandera de comptes,
alors (ils y vont en se disant) « à la grâce de Dieu. »
Et aujourd’hui, les dirigeants arabes,
même sur la question de la mosquée Al-Aqsa – il y eut un temps où on
disait que si quiconque osait ne serait-ce que toucher à la mosquée
Al-Aqsa, ou au dôme du Rocher [mosquée de ‘Umar], si on touchait à une
seule pierre de la mosquée Al-Aqsa, le monde arabe se soulèverait en
masse. Cela m’attriste de vous dire que certains dirigeants de
mouvements islamiques aujourd’hui font des discours dans certaines
mosquées et reprennent ce qu’a dit (Bill) Clinton après les négociations
de Wye Plantation (en 1998) entre le Président défunt Yasser Arafat et
(Ehud) Barak. Je me souviens qu’un jour, Bill Clinton avait déclaré :
« Franchement, je ne comprends pas la mentalité des gens du
Moyen-Orient, ils se disputent pour une vieille mosquée ; nous, si vous
voulez on peut vous donner et vous construire les plus belles mosquées
du monde ! » Voilà ce qu’il a dit.
Malheureusement, aujourd’hui, il y a des
gens qui disent que la priorité n’est pas la mosquée Al-Aqsa, et (ils
demandent) « Qu’est-ce que c’est la mosquée Al-Aqsa ? Des murs, des
piliers… » Oui, c’est ce que disent certains dirigeants de mouvements
islamiques, et viendra le jour où on pourra révéler qui (a tenu ces
propos) et à quelle occasion.
Eh bien, la priorité s’est déplacée
ailleurs. La priorité, c’est comment on va s’entretuer en Syrie, comment
on va s’entretuer en Irak, comment on va s’entretuer en Afghanistan, au
Pakistan, comment on va mener le Liban au chaos, comment… comment…
Telles sont les priorités.
Même la mosquée Al-Aqsa, qui est l’un des principaux lieux saints de l’Islam [le 3e après celles de La Mecque et Médine] depuis les temps les plus reculés de l’histoire, n’est pas une priorité.
Eh bien qu’est-ce qu’on peut faire avec
des dirigeants arabes pareils ? Comment est-ce qu’ils réfléchissent ?
Quelles sont leurs convictions ?
Eh bien, quelle a été la réaction
israélienne (face à ces concessions arabes) ? Ils ont dit – Netanyahu,
comme l’a rapporté un ministre de son gouvernement, a dit que cette
histoire d’échanges de territoires n’est qu’un détail à traiter au cours
des négociations, mais que la question réelle n’est pas là. Le problème
avec le peuple palestinien, avec les Palestiniens et avec les Arabes
est la reconnaissance du caractère juif de l’Etat (d’Israël).
C’est-à-dire qu’en échange de leurs concessions énormes, (les Arabes)
n’ont rien obtenu, et que le type (Netanyahu) en a demandé encore plus :
vous me parlez d’une parcelle de terre ici ou là, mais la question
n’est pas là. Ce qui est demandé, c’est une reconnaissance arabe
officielle – et non pas une reconnaissance palestinienne seulement – du
caractère juif de l’Etat (israélien). Et le plan (de paix) que négocie
actuellement John Kerry dans la région consiste en la demande faite aux
Arabes de reconnaître le caractère juif de l’Etat (d’Israël).
Je n’ai pas le temps de le développer
maintenant, mais je demande aux savants, aux prêcheurs, aux
intellectuels, aux écrivains, aux journalistes de le faire : nous devons
expliquer à nos peuples et à l’opinion publique ce que signifierait la
reconnaissance du caractère juif de l’Etat (israélien), et ce
qu’impliquerait notre acceptation officielle du caractère juif de l’Etat
(d’Israël). Ce que sont les dangers de la reconnaissance du caractère
juif de l’Etat (d’Israël) pour les réfugiés (palestiniens), pour les
lieux saints, et même sur les Palestiniens de 1948, jusqu’aux luttes du
peuple palestinien menées depuis des dizaines d’années. Si demain il est
considéré que cette terre est juive, le peuple palestinien sera
considéré comme le spoliateur, et ceux qui devront payer des dommages et
intérêts sont les Arabes. Et les Arabes sont prêts à payer de telles
compensations.
Ils ne sont pas prêts à dépenser leur
argent, parmi les centaines de milliards de dollars qu’ils possèdent, ni
pour fournir du pain ou de la farine aux centaines de milliers de
musulmans sunnites en Somalie qui meurent de faim, ni à tendre une main
véritablement secourable aux déplacés syriens, à l’extérieur et à
l’intérieur de la Syrie, (les dirigeants Arabes préférant) les laisser
vivre cette vie misérable et forcer le gouvernement libanais, le
gouvernement jordanien et qui sais-je encore à aller mendier de l’argent
dans le monde entier – pas plus qu’ils ne sont prêts à apporter un
soutien véritable aux habitants d’Al Qods (Jérusalem) pour qu’ils
puissent rester sur leurs terres. Ils ne sont pas mêmes prêts à donner
le prix d’un village olympique des Jeux Olympiques, ou de la coupe du
monde de football, mais ils sont prêts à payer des dommages et intérêts
aux juifs (israéliens), de sorte que nous tous, nous, nos pères et nos
ancêtres, jusqu’au deuxième calife [‘Umar, qui a conquis la Palestine]
et aux armées musulmanes, avant les conquêtes arabes et après, nous
devrons payer des dommages et intérêts pour tous ces siècles dès lors
que cette terre sera considérée comme étant à eux, et pas au peuple
palestinien. Quoi qu’il en soit, de très grands dangers
civilisationnels, culturels, sécuritaires, démographiques, humains,
économiques, etc., pèsent (sur la région), et il faut absolument en
informer les peuples Arabes.
Certaines personnes s’élèvent et
disent : « Oh vous là ! c’est quoi votre problème ? leur pays existe,
leur Etat est juif, ils veulent juste ces deux mots (de reconnaissance),
donnez-leur ces deux mots ! » Deux mots, puis deux mots, puis deux
mots, et après 65 ans, voyez où on en est.
Parmi les efforts israéliens – et c’est
ce que j’appelle l’art qu’a l’ennemi de saisir les opportunités,
malheureusement – (il faut regarder) ce qui se passe actuellement autour
de la mosquée Al-Aqsa elle-même. Al Qods (Jérusalem) est judaïsée,
comme on a encore pu le voir hier avec les agressions contre les
Palestiniens de Jérusalem menées par des colons (israéliens),
l’arrestation de Son Eminence le Mufti d’Al Qods durant de nombreuses
heures, etc.
Eh bien, jusqu’où (les Israéliens)
vont-ils aller ? Je vous le dis, il y a un risque réel qu’ils
investissent la mosquée Al-Aqsa, et que cela devienne tout à fait
normal. Cela ne s’est pas encore produit, car le peuple palestinien a
réalisé des sacrifices depuis 1967 (après l’occupation de l’Ouest d’Al
Quds – Jérusalem) pour la défense de la mosquée Al-Aqsa avec sa chair
nue, avec sa poitrine, avec ses femmes et ses enfants, comme nous
l’avons vu hier. Mais à la fin, il n’y a plus de monde arabe, il n’y a
plus de monde musulman… Vous leur dites « Al-Qods » (Jérusalem), ils
répondent « la Syrie », vous leur dites « Palestine », ils répondent je
ne sais où.
Eh bien, viendra le moment où ils
imposeront un (nouveau) fait accompli à la mosquée Al-Aqsa, comme cela
s’est produit par le passé au Tombeau des Patriarches : ils s’approchent
et fomentent problème sur problème, jusqu’à ce qu’il y ait un
accord disant que la moitié de la mosquée est pour les musulmans, pour
qu’ils puissent y prier, et que l’autre moitié est pour les juifs. Et
cela serait accepté aujourd’hui. Telle est la crainte aujourd’hui, avant
même de parler de la destruction de la mosquée ou de la structure de
l’édifice : (le risque principal est la) confiscation de la mosquée.
Eh bien, comment doit-on faire face à
cela, que peut-on faire ? Cela demande une prise de position ferme, et
j’y reviendrai brièvement à la fin de mon discours.
Mais la question qui se renouvelle pour
le peuple palestinien après 65 ans, pour tout frère palestinien et toute
sœur palestinienne, ce peuple endurant et combattant, sacrifié, noble,
qui a supporté l’insupportable, l’abandonné, le délaissé, depuis des
décennies, sur le dos duquel se font toutes les transactions, et qui a
fourni des sacrifices considérables. Chacun peut se demander, après 65
ans, sur qui doit-on compter ? Sur ces dirigeants arabes ? Seulement
parce que quelques noms ont changé, ou quelques formes, ou… quoi ? Sur
quoi peut-on compter ?
Ou bien faut-il changer de perspective ?
Oui, changer de perspective. Comme je le disais toujours, sortir des
détails et regarder les choses de manière globale, du haut de la
montagne. Sortons de notre intolérance, de nos haines, de nos
animosités, de notre factionnalisme, de notre sectarisme, de notre
intransigeance, etc., tenons-nous au sommet de la montagne, et
considérons la situation. Demandons-nous où va la Palestine, où va le
Liban, où va la Syrie, où va l’Irak, où va la Jordanie, où va toute
notre région ? Et prenons ensuite la position la plus sage.
Bien entendu, au regard de la position
pénible et affligeante des pays arabes, nous nous devons de mentionner
le vote du Parlement jordanien [en faveur de l’exclusion de
l’Ambassadeur d’Israël], et de le saluer avec le respect qui lui est dû.
Quant à savoir si le pouvoir jordanien va répondre favorablement, je
n’en sais rien, mais en des temps si difficiles, que le Parlement
jordanien prenne une telle position est une avancée très encourageante
et très forte.
Allain Jules