Par Ibrahim Alloush
Publié, en anglais, sur Free Arab Voice le 2 mars 2014
Quand il est aux Etats-Unis, un arabe ou un musulman peut entendre ce genre d'objection de la part des américains : "... mais les chrétiens ont le Vatican, et les musulmans ont La Mecque. Alors pourquoi les juifs n'auraient pas Jérusalem ?"
La condamnation implicite contenue dans cette question rhétorique fait
des Palestiniens, des Arabes, des musulmans et des partisans de la cause
palestinienne de méprisables imposteurs fanatiques, des "antisémites"
patentés qui conspirent avec le reste du monde pour refuser au judaïsme
un saint siège bien à lui !
Par extension, la question suivante est fréquemment posée : "Pourquoi
les arabes et les musulmans sont-ils si furieux que les juifs creusent
sous la Mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher à la recherche du Temple de
Salomon ?!" Lire : "Qu'avez-vous à cacher ? Avez-vous peur qu'on
trouve le Temple de Salomon, ce qui prouverait de fait que ces lieux
saints arabes islamiques et chrétiens ont été construits sur des biens
juifs volés par 'une occupation arabe' ? Laissez-les creuser à la
recherche de leur temple perdu, pour l'amour de Dieu, et s'ils ne
trouvent rien, qu'est-ce que vous avez à perdre ?!"
Bien entendu, les fouilles entreprises sous la Mosquée Al-Aqsa sont si
profondes et vastes qu'elles ont atteint l'ère cananéenne pré-hébraïque
vieille de plusieurs millénaires, sans trouver le Temple de Salomon, ni
le moindre soupçon de judéité !
Plus grave, la terre sous la structure de la Mosquée Al-Aqsa a été
tellement labourée et le sous-sol tellement défoncé qu'une explosion
souterraine un peu puissante ou un tremblement de terre provoquerait
probablement l'écroulement de l'édifice saint musulman comme un château
de cartes.
Ainsi, il ne fait plus aucun doute, pour les gens concernés de par le monde, que l'objectif réel des fouilles, de l'important réseau souterrain de tunnels, de percées et de synagogues financés par l'Etat est simplement de saper les fondations de la Mosquée al-Aqsa et du Dôme du Rocher ; c'est-à-dire d'usurper l'identité arabe de Jérusalem et d'écrire l'histoire juive à partir de rien du tout !
Par conséquent, contrairement à ce qui peut sembler à première vue, ces questions ne concernent pas purement la religion mais l'identité de la terre, et si elle est arabe ou pas. Car ici les questions archéologiques et religieuses ne sont rien d'autre qu'un mince vernis pour une question épineuse contemporaine et mondiale : Jérusalem est-elle, et par extension la Palestine, arabe ou juive ? Qui a le droit de naissance ? Et donc, qui doit la garder et la gouverner ? CECI est le cœur du problème sur lequel les individus laïques à l'Ouest et à l'Est font l'impasse lorsqu'ils jubilent ou râlent contre "les fanatiques des deux côtés" qui s'entretuent pour des dalles de terre et de pierre.
Par exemple, dans le film The Kingdom of Heaven (2005) de Ridley Scott, que beaucoup ont pris pour une peinture pro-arabe atypique, le héros Balian d'Ibelin (joué par Orlando Bloom) se demande devant les Croisés envahisseurs qui se préparent à l'attaque arabe imminente : "Qu'est-ce que Jérusalem ? Vos lieux saints se trouvent sur le temple juif que les Romains ont démoli. Les lieux de culte musulmans se trouvent sur les vôtres. Lesquels sont les plus saints ? Le Mur ? La Mosquée ? Le Sépulcre ? Qui peut revendiquer la propriété ? Aucun... et tous !"
Donc si personne ne peut y prétendre, certainement les arabes non plus ! Et si tous peuvent la revendiquer, certainement les arabes ne peuvent pas affirmer que Jérusalem est arabe, si ? Au final, la question est de savoir qui détient ici le pouvoir politique et de justifier la présence d'envahisseurs en Palestine, non pas en tant que pèlerins la parcourant mais en tant que gouvernants. Certes nous ne parlons pas ici de liberté de culte (qui était garantie plus que toute autre sous la domination musulmane à Jérusalem). Nous parlons de falsification de l'histoire pour chercher une justification à des occupations étrangères. Si les arabes sont une occupation, alors ils ne devraient pas se plaindre d'une autre occupation qui les a remplacés, surtout si elle les a soi-disant précédés. Mais après plus de six décennies d'occupation sioniste, on n'a trouvé aucun temple juif, et s'il y en a jamais eu un en Palestine, qui va dire qu'il se trouvait exactement à l'endroit actuel de la Mosquée Al-Aqsa et du Dôme du Rocher ?! Peu importe que de présumés vestiges archéologiques juifs aient été extrêmement rares et suspects. Peu importe que même selon la Torah, les Cananéens existaient en Palestine bien avant, pendant et après que les Hébreux l'aient prétendument traversée. Peu importe que les Cananéens soient descendus de la Péninsule arabique et que leur langue soit un arabe ancien. Après tout, ce n'est pas un débat académique abstrait sur l'histoire.
Pourtant, lorsque certains prétendent que la Palestine n'appartient à personne, nous devons souligner qu'elle est arabe depuis des temps immémoriaux, face à toutes les occupations étrangères passagères et que nous avons les liens historiques et culturels qui le prouve, dont la Mosquée al-Aqsa et le Dôme du Rocher.
Ainsi, il ne fait plus aucun doute, pour les gens concernés de par le monde, que l'objectif réel des fouilles, de l'important réseau souterrain de tunnels, de percées et de synagogues financés par l'Etat est simplement de saper les fondations de la Mosquée al-Aqsa et du Dôme du Rocher ; c'est-à-dire d'usurper l'identité arabe de Jérusalem et d'écrire l'histoire juive à partir de rien du tout !
Par conséquent, contrairement à ce qui peut sembler à première vue, ces questions ne concernent pas purement la religion mais l'identité de la terre, et si elle est arabe ou pas. Car ici les questions archéologiques et religieuses ne sont rien d'autre qu'un mince vernis pour une question épineuse contemporaine et mondiale : Jérusalem est-elle, et par extension la Palestine, arabe ou juive ? Qui a le droit de naissance ? Et donc, qui doit la garder et la gouverner ? CECI est le cœur du problème sur lequel les individus laïques à l'Ouest et à l'Est font l'impasse lorsqu'ils jubilent ou râlent contre "les fanatiques des deux côtés" qui s'entretuent pour des dalles de terre et de pierre.
Par exemple, dans le film The Kingdom of Heaven (2005) de Ridley Scott, que beaucoup ont pris pour une peinture pro-arabe atypique, le héros Balian d'Ibelin (joué par Orlando Bloom) se demande devant les Croisés envahisseurs qui se préparent à l'attaque arabe imminente : "Qu'est-ce que Jérusalem ? Vos lieux saints se trouvent sur le temple juif que les Romains ont démoli. Les lieux de culte musulmans se trouvent sur les vôtres. Lesquels sont les plus saints ? Le Mur ? La Mosquée ? Le Sépulcre ? Qui peut revendiquer la propriété ? Aucun... et tous !"
Donc si personne ne peut y prétendre, certainement les arabes non plus ! Et si tous peuvent la revendiquer, certainement les arabes ne peuvent pas affirmer que Jérusalem est arabe, si ? Au final, la question est de savoir qui détient ici le pouvoir politique et de justifier la présence d'envahisseurs en Palestine, non pas en tant que pèlerins la parcourant mais en tant que gouvernants. Certes nous ne parlons pas ici de liberté de culte (qui était garantie plus que toute autre sous la domination musulmane à Jérusalem). Nous parlons de falsification de l'histoire pour chercher une justification à des occupations étrangères. Si les arabes sont une occupation, alors ils ne devraient pas se plaindre d'une autre occupation qui les a remplacés, surtout si elle les a soi-disant précédés. Mais après plus de six décennies d'occupation sioniste, on n'a trouvé aucun temple juif, et s'il y en a jamais eu un en Palestine, qui va dire qu'il se trouvait exactement à l'endroit actuel de la Mosquée Al-Aqsa et du Dôme du Rocher ?! Peu importe que de présumés vestiges archéologiques juifs aient été extrêmement rares et suspects. Peu importe que même selon la Torah, les Cananéens existaient en Palestine bien avant, pendant et après que les Hébreux l'aient prétendument traversée. Peu importe que les Cananéens soient descendus de la Péninsule arabique et que leur langue soit un arabe ancien. Après tout, ce n'est pas un débat académique abstrait sur l'histoire.
Pourtant, lorsque certains prétendent que la Palestine n'appartient à personne, nous devons souligner qu'elle est arabe depuis des temps immémoriaux, face à toutes les occupations étrangères passagères et que nous avons les liens historiques et culturels qui le prouve, dont la Mosquée al-Aqsa et le Dôme du Rocher.
La Palestine n'est pas une terre sans identité, pas plus qu'elle n'est une terre sans peuple. Jérusalem appartient aux Palestiniens et la Palestine
appartient aux Arabes, comme la Seine appartient aux Français et que
Shanghai appartient aux Chinois. Par ailleurs, lorsque ceux qui nous
disent que Jérusalem n'appartient à personne et à tous
déclareront que leurs propres pays n'appartiennent à personne et à tous,
nous promettons solennellement d'examiner sérieusement leurs
propositions pour Jérusalem.
Laissons de côté les questions d'histoire et d'identité. Le problème reste que Jérusalem, à l'époque moderne, est devenue le lieu de contradictions politiques persistantes à plusieurs niveaux. Pour les Arabes, Jérusalem est un symbole de la défaite arabe face au colonialisme occidental. Pour les Palestiniens sous occupation et dans la diaspora, Jérusalem représente l'essence du conflit avec le mouvement sioniste sur le droit de propriété de la terre ici et maintenant. Pour le monde islamique, Jérusalem signifie une autre incursion croisée sur les plans culturel et religieux. Enfin, pour les anti-impérialistes du monde entier, Jérusalem se rapporte à la lutte de libération contre le sionisme et l'impérialisme sur le front même où ce monstre bicéphale a jeté toute sa puissance colossale. Bien que Jérusalem puisse signifier plus de ceci et moins de cela pour différentes personnes, il ne fait aucun doute que la disparition d' "Israël" et la libération de la Palestine marqueront un tournant dans l'histoire humaine, car elles aideront à sonner partout le glas de l'ordre impérialiste.
Certes Jérusalem n'est pas un substitut de la Palestine.
C'est juste la mascotte de la cause de la libération palestinienne. Pas
plus que la Mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher ne sont des substituts
de Jérusalem. Ce sont ses joyaux de la couronne, avec
tous les autres lieux saints arabo-musulmans et chrétiens de la cité. Le
mur septentrional de la Mosquée Al-Aqsa, le soi-disant "mur des
lamentations", que nous appelons en arabe le Mur du "Bouraq" [le
coursier envoyé par l'archange Gabriel au prophète pour qu'il le porte
de Jérusalem au ciel, ndt.] n'est certainement pas non
plus un substitut de la Mosquée Al-Aqsa. Par conséquent, il n'est pas
étonnant, à la veille de l'occupation de 1967 du secteur est de la
ville, où est située la Mosquée al-Aqsa, que Moshe Dayan, ex-ministre
"israélien" de la Défense ouvertement areligieux, ait emmené un groupe
de rabbins prier au Mur du Bouraq. Il a compris que l'importance de ce
mur était plus que religieuse car elle condense les fragments de la
lutte arabo-sioniste en un bloc, littéralement.
Pour mettre en évidence le lien décrit ci-dessus, il convient de souligner qu'aujourd'hui, l'ensemble de Jérusalem
et ses environs, pas seulement la Mosquée al-Aqsa et le Dôme du Rocher,
est soumis à un processus de judaïsation forcée. L'infâme "mur de
séparation" qui serpente à travers la Cisjordanie a effectivement séparé Jérusalem de la Cisjordanie
et subdivisé les Arabes à l'intérieur de la ville en trois cantons
semi-isolés. Le mur a coupé la cité des villages arabes de sa
périphérie, et les quartiers arabes de Jérusalem-Est de
la vieille ville où se trouvent la Mosquée al-Aqsa et le Dôme du
Rocher. Pendant ce temps, des centaines de Jérusalémites voient leurs
cartes d'identité retirées par les autorités de l'occupation sioniste
chaque année. Des dizaines de maisons arabes sont confisquées ou
démolies, tandis que que des lieux se voient attribués des noms hébreux à
la place des noms arabes, comme par exemple "Har Homa" pour le Mont
"Abu Ghnaim".
La transformation du Mont Abu Ghnaim en colonie sioniste Har Homa
En attendant, la colonisation et la construction sionistes
dans la ville continuent à se développer et à croître au détriment des
Arabes, comme elles l'ont fait depuis la première moitié du XXème
siècle. Les chrétiens arabes ont été de fait évacués de Jérusalem, et il n'en reste que quelques milliers. Maintenant les sionistes
travaillent à la diminution du nombre d'Arabes musulmans. Pour
préserver l'identité arabe de la ville, il faut que toutes les parties
concernées par le soutien des Jérusalémites restent inébranlables dans
leur ville, au moins jusqu'à sa libération.
Source : Free Arab Voice
Traduction : MR pour ISM