Par Rim al-Khatib
La bataille sur la souveraineté de la mosquée al-Aqsa, et sur la ville d’al-Quds par extension, est-elle engagée ? C’est ce que semblent prouver les récentes mesures prises par l’occupation, profitant des fêtes juives pour fixer de nouvelles règles, la première étant l’instauration de la souveraineté sioniste sur un des lieux saints les plus prestigieux du monde arabo-musulman. Profitant des guerres inter-arabes, de la nouvelle guerre déclenchée par les impérialismes contre la région, sous couvert de combattre « Daesh », et de la soumission de l’Autorité palestinienne à la « communauté internationale », les autorités de l’occupation ont lancé une véritable guerre contre la présence palestinienne dans al-Quds et notamment dans la mosquée al-Aqsa.
Ce faisant, elles se vengent de la défaite cuisante de l’entité coloniale que la résistance palestinienne a asséné à Gaza, au cours des mois de juillet et août, en prenant pour cible les Maqdissis, les femmes et les hommes, les jeunes et les enfants. Des rapports alarmants signalent la torture des enfants palestiniens dans les prisons et les centres d’arrestations et le nombre des Palestiniens arrêtés au cours de ces derniers mois montre que, même sans la couverture arabe et musulmane requise, les Maqdissis ont décidé de résister et d’affronter l’occupant, sur chaque parcelle de la ville d’al-Quds, et dans chaque maison. Le visage hideux de la colonie sionisten’est plus à démontrer. Le calme colonial ne règne pas sur la ville d’al-Quds.
I - Al-Quds occupée : asphyxie et purification ethnico-religieuse
L’entité coloniale poursuit ses crimes en chassant les bédouins palestiniens de la région maqdissie, pour agrandir ses colonies de peuplement et entièrement judaïser la région d’al-Quds. Les bédouins palestiniens furent déjà expulsés en 1948 de la région d’al-Naqab, après son occupation. Les autorités sionistes planifient d’étendre la zone coloniale A1 et d’expulser 15000 Palestiniens qui y vivent vers la région d’Ariha, et encercler la ville d’al-Quds par une présence juive massive. La zone A1 visée a une superficie de 12 kms2, et les autorités coloniales y ont déjà détruit plus de 23 villages bédouins, soit 350 maisons et de nombreuses écoles ont été fermées.
Les colons protégés par la police de l’occupation s’emparent le 30 septembre de 10 immeubles et maisons dans le quartier de Selwan, appartenant aux familles Beydoun, Karaki, Abu Sbeih, Zawahra, Abbassi, Khayat, Qara’in, Yamani.
L’occupant oblige un Maqdissi à démolir sa maison, dans la quartier Soueih, région de Ras al-Amoud, près de la mosquée al-Aqsa, sous le prétexte que la maison n’a pas été autorisée par l’occupation.
L’administration coloniale a l’intention de construire 600 unités d’habitation dans les colonies installées dans al-Quds, Maale Adumim et Gilo, Neve Yakob et Pesgat Zeev, Har Homa.
Les tombes fictives : depuis plusieurs années, les autorités de l’occupation construisent un peu partout sur la terre de Palestine des « tombes fictives » pour prétendre que les Juifs ont habité et sont morts en Palestine occupée. La dernière en date de cette falsification historique est la plantation de tombes fictives sur le terrain Saloudha, prétendant qu’il est un cimetière juif. Ce terrain de 34 dunums appartenant au waqf musulman est menacé d’expropriation, depuis les années 80. Le 28 septembre, un groupe de colons tente de planter des tombes fictives dans le quartier Wadi Rababa, à Selwan, au sud de la mosquée al-Aqsa. En parallèle, l’occupant détruit les tombes des musulmans comme il l’a fait le 21 septembre en détruisant 20 tombes appartenant à des familles maqdissies dans le cimetière Youssefiya, près de la porte al-Asbat.
Le chercheur maqdissi, Hayel Soundouqa a déclaré que les autorités de l’occupation ont accéléré la judaïsation dans l’ancienne ville d’al-Quds. 170 unités de colonisation se trouvent à l’intérieur de la ville intra-muros, avec 4500 colons. Les Maqdissis sont par contre pourchassés et leurs maisons démolies.
Le président de l’Union des parents d’élèves dans la ville d’al-Quds, Abdel Karim Lafi a mis en garde contre la détérioration des écoles, au niveau des bâtiments et du programme scolaire imposé par l’occupation. Il a signalé le manque de 3055 classes dans les écoles d’al-Quds, et depuis l’année scolaire 2011-2012, les programmes scolaires ont été modifiés pour correspondre à l’idéologie de l’occupation. Des pressions sont exercées sur les directions des écoles palestiniennes pour qu’elles adoptent les programmes sionistes. Il a de même dénoncé la répression des enfants et élèves, qui sont assassinés (Mohammad Abu Khdayr, Mohammad Sonoqrot et Malak Abu Sanina) ou arrêtés.
II – Al-Quds occupée : répression
Un sondage d’opinion parmi les sionistes montre que 84% d’entre eux appuient la fermeture de la mosquée al-Aqsa face aux fidèles musulmans lors des fêtes juives, c’est-à-dire lorsque les sionistes profanent la mosquée. Le ministre de l’intérieur dans la colonie menace de fermer la mosquée face aux fidèles, pour la première fois depuis son occupation en 1967.
Des responsables du mouvement islamique dans les territoires occupés en 48 ont déclaré que des parties arabes ont récemment fait pression sur leur mouvement et proposé de cesser les cours dispensés dans la mosquée al-Aqsa (Massateb al-‘ilm, programme d’études qui assure une présence permanente dans la mosquée, en vue de la protéger contre les colons) en contrepartie de reculer le moment du partage de la mosquée. Ces parties arabes non spécifiées agissent pour le compte de l’occupation. Elles ne font que répéter l’intervention des « parties arabes » lors de la révolution de 36-39, qui a abouti à faire avorter la révolution contre les Britanniques et lessionistes à la fois.
Le premier ministre sioniste Netanyahu réclame une main de fer contre les Palestiniens, accusés de troubler la tranquillité de l’institution occupante. En réunion avec la police coloniale, il a réclamé une répression plus féroce contre les jeunes et les enfants, et les manifestations et marches qui se sont multipliées ces derniers mois. Juste après, les policiers ont attaqué les fidèles dans la mosquée al-Aqsa, et ont profané la mosquée al-Qibali qui s’y trouve, en lançant des grenades sur les fidèles. De violents affrontements ont eu lieu à l’intérieur de la mosquée, où les Palestiniens ont résisté autant que possible.
Parmi les prisonniers maqdissis détenus, Samer et Shirine Issawi. Samer Issawi avait mené la plus longue grève de la faim pour réclamer sa libération (272 jours), et Shirine, sa sœur, ancienne détenue et avocat. Le 23 juin dernier, Samer et Shirine Issawi sont arrêtés dans le cadre de la répression sauvage qui a touché la ville d’al-Quds et plusieurs villes de la Cisjordanie , avant et après l’agression contre Gaza. Aujourd’hui, l’état de santé de Samer Issawi est en train de se détériorer.
Amjad Abou Mos’ab, président du comité des familles des prisonniers dans la ville occupée d’al-Quds, a signalé que depuis l’assassinat du jeune Mohammad Abu Khdayr, 700 Maqdissis ont été arrêtés, et 120 d’entre eux sont toujours détenus et ceux qui ont été libérés sont souvent sous ordre administratif de détention à domicile. Il a rappelé qu’il y a 270 prisonniers maqdissis, dont 36 condamnés à la perpétuité, et 5 condamnés à plus de 20 ans de prison, et parmi ces prisonniers, deux femmes et 250 enfants (fin septembre).
Un enfant âgé de 9 ans est arrêté le 24 septembre dans le quartier Jabal Zaytoun, accusé de lancer des pierres sur un véhicule de colons. L’enfant Mohamad Khaled Zaghal, 11 ans, a également été arrêté après que des colons aient tenté de l’enlever. L’enfant a été accusé de lancer des pierres. Les forces armées sionistes ont reconnu avoir arrêté pendant une semaine du mois de septembre 64 Maqdissis, dont 53 mineurs.
Les forces de l’occupation arrête le 7 octobre 6 jeunes Maqdissis près de la porte Hatta, qui donne accès à la mosquée al-Aqsa. Elles ont également arrêté le jeune Louay Rajabi, à Selwan, qui fut lourdement tabassé. Deux autres jeunes Ali Daana et Mohammad Dweik, âgés de 19 ans, ont été arrêtés à Selwan. Le 9 octobre, le jeune Mrad Ashhab de la vieille ville d’al-Quds et l’enfant Abdel Rahim Khatib (15 ans) sont arrêtés. Le 20 septembre, deux journalistes, Ahmad Barahma et Riad Qadria sont arrêtés au barrage « Zaïm » à l’est de la ville d’al-Quds, et brutalement frappés alors qu’ils organisaient une tournée de journalistes. Le 21 septembre, trois femmes sont arrêtées dans la mosquée al-Aqsa après avoir glorifié Allah le Très-Haut lors du passage de colons qui profanaient la mosquée.
Le 12 octobre, quatre Maqdissis sont arrêtés à She’fat, au nord d’al-Quds, pour « jets de pierre », disent les sionistes. Le 13 du même mois, un enfant de 15 ans est arrêté dans la vieille ville pour le même motif.
Un colon « israélien » écrase sciemment le 25/9 l’enfant maqdissi Adam Rishq, âgé de 10 ans, à Selwan.
La pratique d’éloigner des fidèles de la mosquée al-Aqsa ou des Maqdissis de la ville d’al-Quds se poursuit : le 13 octobre, Nihad Zghayar a été éloigné pour une durée de deux mois de sa mosquée.
Les forces de l’occupation poursuivent les cars transportant les fidèles se dirigeant des villes et villages de la Palestine occupée en 48 vers al-Quds et la mosquée al-Aqsa. Le 17 septembre, un car en provenance de la ville de Sakhnine en Galilée est arrêté et les Palestiniens sommés d’en descendre. Après leur refus, le car est encerclé pendant 5 heures et empêché de poursuivre sa route.
Le 24 septembre, jour prévu pour la profanation de la mosquée al-Aqsa par les sionistes, les forces armées sionistes investissent la mosquée et tirent sur les fidèles, faisant 30 blessés.
III - Al-Quds occupée : les lieux saints
La mosquée al-Aqsa est en cours de judaïsation. Les occupants procèdent à son partage entre musulmans et juifs, dans le temps et dans l’espace, comme ils ont fait pour la mosquée al-Ibrahimi dans la ville d’al-Khalil. La police de l’occupant réprime les fidèles, notamment lors des fêtes juives, période pendant laquelle l’entité coloniale a décidé que ce sont les juifs qui doivent s’y trouver. C’est ainsi que tout au long de la première moitié du mois d’octobre, les forces sécuritaires de l’entité coloniale ont interdit aux fidèles d’entrer dans leur mosquée. Mais ces derniers ont refusé l’ordre colonial et ont affronté les sionistes, aux alentours et à l’intérieur même de la mosquée. Les forces sécuritaires de l’occupation ont encerclé pendant plusieurs jours la mosquée pour empêcher les fidèles d’y prier, surtout les hommes de moins de 60 ans et les femmes de tout âge.
La mosquée al-Qibali est envahie par les forces coloniales, ses fenêtres en verre sont brisées et les bombes sonores et brûlantes sont lancées contre les fidèles, blessant une vingtaine d’entre eux et incendiant des tapis. Après être parvenues à chasser tous les fidèles de la mosquée, les forces coloniales de l’occupation autorisent 70 colons à profaner la mosquée.
Le 9 octobre, des dizaines de colons envahissent le quartier Hawsh Shehabi, à proximité de la mosquée al-Aqsa, pour pratiquer des rituels talmudiques.
Au même moment, la police de l’occupation confisquait les cartes d’identité d’un grand nombre de jeunes, qui devaient aller les récupérer au poste d’interrogatoire d’al-Moskobiyya. Le 10 octobre, les fidèles ont été obligés à accomplir les prières sur l’asphalte, devant la mosquée al-Aqsa, qui leur fut interdite.
Le 13 octobre, les forces de l’occupation interdisent, dès l’aube, aux fidèles d’entrer dans leur mosquée, fermant toutes les portes y conduisant, pendant qu’elles permettaient à 158 colons dirigés par le député fasciste Moshe Feglin de la profaner. Elles avaient d’abord tenu à expulser tous les fidèles restés dans la mosquée pendant la nuit, et coupé le courant électrique dans la mosquée al-Qibali.
Le 14 octobre, 30 membres des services sécuritaires sionistes et 200 colons profanent la mosquée, en entrant du côté de la porte de Maghariba. Ils sont reçus par des « Allah Akbar » des fidèles, qui étaient présents dans la mosquée.
L’entité sioniste envisage de transformer les places à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa (appelée communément esplanade des mosquées) en un espace public, placé sous l’autorité de la municipalité de l’occupation, afin que les touristes et colons religieux puissent y entrer en toute liberté. Cet espace « public » sera notamment envahi par différentes constructions religieuses juives, prélude à la profanation régulière de la mosquée. C’est ce plan que les sionistes veulent faire accepter par les Palestiniens, par les armes et la répression.
« L’occupant prépare un scénario clair, en faisant entrer les colons juifs et les touristes étrangers dans la mosquée al-Aqsa, » dit Abu Layl, second vice-président du mouvement islamique dans les territoires occupés en 48. « Les touristes étrangers semblent être formés à ces événements, ce qui signifie qu’ils font partie du complot, car des touristes normaux fuient les troubles mais ceux-ci s’arrêtent pour prendre des photos. » (24 septembre)
Profanation de la mosquée al-Aqsa par 117 colons le 24 septembre et 217 colons le 30/9, par 152 membres des services sécuritaires sionistes le 22 septembre et le 23/9, les femmes sont interdites d’entrer dans leur mosquée.
Sheikh Najeh Bkayrat, précédent directeur de la mosquée al-Aqsa, a dénoncé les tunnels construits autour et sous la mosquée al-Aqsa, affirmant que le creusement des tunnels falsifie et menace l’histoire et détruit les vestiges musulmans et palestiniens, et que ces tunnels bafouent l’accord de La Haye de 1951 qui stipule que l’occupant ne doit pas modifier le caractère humain et civilisationnel des les terres occupées.
IV - Al-Quds occupée : résistance palestinienne
De nombreuses opérations de jets de pierre contre les colons et contre le tram ont lieu depuis plusieurs mois. La direction du tram a décidé de réduire les voitures en circulation, 14 voitures ayant été supprimées sur les 23. D’après le quotidien sioniste Ha'aretz, la compagnie du tram a subi de lourdes pertes, et les colons craignent de s’en servir pour leurs déplacements. De même, le tourisme sioniste est en baisse, depuis deux mois.
Le Ha'aretz mentionne dans un article que les affrontements permanents dans la ville d’al-Quds tracent « une ligne de la peur » et que les Maqdissis ont tracé une ligne séparant les deux parties de la ville, avec les jets de pierre, puisque 100 « incidents » de jets de pierre ont été signalés sur le tram qui transporte les colons. De son côté, le maire de la municipalité de l’occupation, Nir Barakat a souhaité cacher les informations relatives aux jets de pierre contre le tram, pour ne pas apeurer les colons.
Des soldats et des garde-frontières ont été blessés le 11 octobre par les pierres lancées par les jeunes Maqdissis.
Le haut comité de suivi des masses arabes dans les territoires occupés en 1948 a appelé à une mobilisation générale le mercredi 15 octobre, afin d’empêcher les colons de profaner la mosquée al-Aqsa. La marche spectaculaire des Palestiniens a permis l’ouverture des portes de la mosquée, fermées par l’occupant.
Pour empêcher les colons de profaner la mosquée al-Aqsa à la date du 24 septembre, des centaines de fidèles y entrent pour la prière du ‘isha et y restent toute la nuit, parmi eux des dirigeants du mouvement islamique des territoires occupés en 48. Pendant plusieurs jours, les fidèles musulmans ont pris place dans les pourtours de la mosquée al-Aqsa qui leur est interdite pour accomplir leurs prières, devant les barrages installés par les forces armées sionistes.
Khaled al-Batch, dirigeant au mouvement du Jihad islamique en Palestine, a déclaré que ce qui se déroule actuellement dans la ville d’al-Quds et la mosquée al-Aqsa est un défi lancé à la nation arabo-islamique. Quant à Khalil al-Hayya, dirigeant au mouvement Hamas, il a affirmé que la recrudescence des attaques sionistes contre la mosquée al-Aqsa va accroître la fermeté et la volonté des Palestiniens à la défendre et la protéger. De son côté, le secrétaire général adjoint du mouvement du Jihad islamique en Palestine, Ziyad Nakhalé, a déclaré que la mosquée al-Aqsa représente la ligne directrice du combat contre le projet « israélien ». Il a insisté sur la nécessité de se mobiliser pour que la libération d’al-Quds et de la Palestine soit la ligne directrice de l’unité de la nation.
Le 10 octobre, les jeunes étudiants d’Abu Dis lancent des pierres contre les soldats de l’occupation, venus les provoquer aux abords de l’Université. Des affrontements ont suivi.
Le bloc islamique dans les universités en Cisjordanie (bloc du Hamas) lance la campagne « Etudiants pour al-Aqsa » pour soutenir et défendre la mosquée.
Sheikh Ikrima Sabri réclame le maintien des institutions palestiniennes dans la ville d’al-Quds, qui ont tendance depuis plusieurs années à s’installer à Ramallah, pour fuir la répression coloniale. Pour lui, cette répression vise à judaïser la ville d’al-Quds en la vidant de toute présence palestinienne.
V- Al-Quds occupée : une figure nationale : le maqdissi Khalil Sakakini (1878 – 1953)
Né en 1878 à al-Quds, Khalil Sakakini a participé au renouveau de la politique éducative des Palestiniens, considérant que sa tâche consistait à résister pour libérer l’individu et la patrie. Son activité a débuté en 1908, de retour des Etats-Unis. En septembre de la même année, il fonde une association islamo-chrétienne avec trois de ses amis et rejoint le comité pour l’Union et le Progrès en lutte contre la centralisation ottomane et pour une autonomie arabe. Il participe en 1919 à la première conférence palestinienne en soutien à l’unité des chrétiens et musulmans en Palestine et à l’unité avec la grande Syrie, sous la direction du roi Fayçal.
Entre 1922 et 1924, il est secrétaire du « Club arabe » et en 1923-24, il agit comme secrétaire à la place de Jamal al-Hussayni au Haut comité arabe. C’est lui qui prononce le discours contre le mandat britannique et le mouvement sioniste à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa. Son nationalisme fervent l’entraîne à réclamer la conversion des chrétiens de son pays à l’islam, pour sauver l’unité du mouvement national (lui-même est chrétien). Bien que fonctionnaire dans la Palestine mandataire (sous occupation britannique), il refuse de nombreux postes ou des rencontres lorsque sa présence signifie une entérination de l’occupation et du sionisme. La maison qu’il construit à al-Quds en 1937 est composée de plusieurs pièces, chacune portant le nom d’une ville arabe : Damas, Le Caire, Cordoue.
Khalil Sakakini a considéré que l’éducation est une voie vers l’émancipation, l’unité arabe et la lutte contre le sionisme. Il a défendu l’apprentissage de la littérature arabe. En tant qu’éducateur et patriote, Sakakini a favorisé la coopération entre l’école et la population, il a encouragé la formation de conseils d’élèves, comme cela a eu lieu dans les villages de ‘Ayn Yabrud, Turmus’ayya et Sinjil dans la province de Ramallah. Il rassemblait les enseignants chez lui pour leur expliquer comment faire passer des messages patriotiques dans les textes enseignés. Il a dénoncé à plusieurs reprises le système scolaire établi par l’occupation britannique et a failli démisionner plusieurs fois de son poste d’inspecteur, jugeant que l’occupant ne favorisait pas la culture arabe.
Malgré les traits nationalistes marqués de sa personnalité, l’auteur de l’étude sur Khalil Sakakini, parue dans « Jerusalem Quarterly » N° 59, souligne les contradictions de son parcours. (Kamal Moed, « Educator in the service of the Homeland : Kalil al-Sakakini’s conflicted identities ».)
VI - Al-Quds occupée : solidarité
Des députés koweitiens, soucieux d’assurer une présence permanente arabo-musulmane dans la mosquée al-Aqsa, étudient les moyens juridiques d’y entrer, sans l’aval des autorités sionistes (?), insistant sur le fait qu’ils ne souhaitent pas normaliser les relations avec l’occupant.
L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas est de plus en plus déchirée et soumise aux pressions arabes et internationales. Le premier ministre al-Hamdallah et le président Mahmoud Abbas appellent à la « résistance populaire » contre l’occupant à al-Quds et en Cisjordanie , mais leurs services sécuritaires arrêtent les manifestants (pourtant lutte pacifique) et répriment toute idée de résistance. Des déclarations pour se donner bonne conscience d’une part et plaire à leurs bailleurs de fond, de l’autre, et semer la zizanie entre Palestiniens.
Au Maroc, des manifestations de solidarité avec les Maqdissis et pour la protection de la mosquée al-Aqsa se sont déroulées le 17 octobre. Les manifestant réclament également la criminalisation de la normalisation des rapports avec l’entité coloniale.
En Jordanie, les manifestants ont réclamé la fin de la normalisation des relations avec l’occupant et l’expulsion de l’ambassadeur sioniste, ainsi que des mesures concrètes du pouvoir jordanien pour la protection de la mosquée al-Aqsa, le 17 octobre.
Au Liban, plusieurs marches de solidarité avec les Maqdissis se sont déroulées dans les camps de réfugiés palestiniens, et un sit-in a été organisé devant le siège de l’ESCWA (représentant de l’ONU) où se sont exprimées plusieurs personnalités politiques appartenant à différentes organisations palestiniennes.