Fadwa Nassar
12 octobre 2011
C’est au cours de la soirée que la nouvelle est
tombée : l’accord d’échange entre la résistance palestinienne, en l’occurrence
les Brigades d’al-Qassam qui la représente, et les sionistes, concernant l’échange
des prisonniers, a finalement abouti. Aussitôt la nouvelle annoncée, que les
chaînes télévisées palestiniennes arrêtaient toutes leurs programmations pour
passer, outre le discours du chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mecha’al,
à ce propos, toutes les informations circulant et publiées au fur et à mesure,
dans les médias électroniques, internationaux, sionistes et arabes, sans
oublier les interviews avec les membres des familles des grands chefs
résistants détenus dans les prisons sionistes. Puis, ce fut le déferlement dans
les rues de Gaza d’une population assiégée qui a, à juste titre, considéré
cette victoire comme étant la sienne, puisque la bande de Gaza a dû subir deux
attaques sionistes, la première au lendemain du kidnapping en 2006 par la
résistance, du soldat sioniste, du haut de son char, qui a duré une dizaine de
jours, et la seconde, en décembre 2008, dans une vaine tentative de récupérer
le soldat kidnappé. La population de Gaza fut la première à se réjouir de l’accord,
couronnement de ses souffrances et de leurs sacrifices et couronnement de sa
fidélité à la voie de la résistance.
Devant des dizaines de milliers de citoyens, le premier
ministre Ismaël Haniyyé et le
porte-parole du gouvernement, M. Hayya, ont remercié tous les Palestiniens, les
Arabes et les populations libres dans le monde qui ont gardé foi dans la
résistance du peuple palestinien et qui le soutiennent dans sa lutte de
libération nationale, contre l’ennemi sioniste et ses complices dans le monde.
Un immense remerciement fut exprimé au gouvernement
égyptien, à la nouvelle république égyptienne qui a su protéger les intérêts
palestiniens au cours des négociations avec les sionistes. En ce sens, il s’agit
d’un des premiers grands acquis de la révolution du peuple égyptien, qui a
renversé Moubarak et son équipe. Ces derniers avaient en effet, tout au long
des années précédentes, fait plutôt pression sur la résistance palestinienne
pour l’obliger à accepter les conditions sionistes, sous le prétexte que la
résistance ne pourrait obtenir plus. Mais la résistance avait tenu ferme. Des
analyses expliquent par ailleurs l’acceptation par les sionistes de l’accord, qui
reprend les revendications palestiniennes dans leur ensemble, par leur crainte
de voir le régime égyptien basculer vers une hostilité plus grande envers l’entité
de l’occupation, après les élections, mettant fin à Shalit, qui suivrait le
chemin de Ron Arad, l’aviateur sioniste tombé sur le sol libanais et jamais
retrouvé depuis.
Le prix payé par le peuple palestinien pour faire
aboutir l’accord, dans les termes même de la résistance, fut très élevé. Le
peuple palestinien, et notamment dans la bande de Gaza, a supporté toutes les
souffrances dues au siège criminel, des dizaines de députés ont été arrêtés et
certains le sont encore, les prisonniers ont assisté à la détérioration de
leurs conditions de détention par suite de mesures « légalisées » par
l’occupation contre eux.
Cet accord d’échange représente une victoire pour
la résistance palestinienne et pour tous ceux qui ont eu foi dans la voie de la
résistance. Pour la première fois, si l’accord est mené à son terme, les
sionistes seront obligés de libérer des prisonniers issus des territoires
occupés en 48 et des prisonniers d’al-Qods, ce qu’ils avaient jusqu’à présent
refusé, notamment depuis la dernière opération d’échange en 1985, al-Nawras. Et
même à cette occasion, rappelle la sœur du prisonnier maqdisi Fouad Razzaz,
doyen des prisonniers d’al-Qods et appartenant au Jihad islamique, les
occupants sionistes l’ont remis en cellule après l’avoir conduit jusqu’au bus
devant le transporter avec les autres prisonniers. C’est dire que les sionistes
n’ont aucune parole, et que tout accord avec eux doit être surveillé de près,
pour empêcher un retournement de dernière minute. D’ailleurs, les membres des
familles des prisonniers qui se sont exprimées au cours de cette longue nuit
ayant suivi l’annonce de l’accord ont exprimé leur grande joie d’abord, puis
leur crainte que les sionistes ne mettent des bâtons dans les roues, dans cet
accord, réclamant à la résistance d’être fermement sur ses gardes pour empêcher
un tel retournement.
Lors de son discours, Khaled Mecha’al a souligné
que cet accord d’échange est une victoire pour l’ensemble de la nation et du
peuple palestinien, en espérant que ceux qui sont habitués à critiquer incessamment
le Hamas puissent le comprendre également ainsi. Il y a plusieurs années déjà,
en 2006, le dirigeant de la résistance islamique au Liban, sayyid Hassan
Nasrullah, avait offert la victoire de cette dernière à tous les Libanais et
êtres libres de ce monde. Certains avaient refusé cette victoire et ont voulu
aider les occupants et leurs complices à détruire la résistance et ses victoires.
En espérant que du côté palestinien les choses n’aillent pas aussi loin par les
détracteurs de la résistance, il faut cependant s’attendre à des mises en
doute, des critiques et même des surenchères, ce qui fait partie de la nature
des choses, malgré l’unité sur le terrain manifestée par le peuple palestinien
dans le soutien à la grève des prisonniers, en l’absence d’une unité de programme
et de stratégie de lutte contre l’entité de l’ennemi.
La grève de la faim menée par les prisonniers palestiniens
dans les geôles de l’occupation a montré la voie de l’unité et celle de la
résistance, tout comme elle a réussi à ébranler les murs des prisons de l’occupation.
La solidarité autour des prisonniers en grève, que ce soit dans les territoires
occupés en 67, en 48 ou dans l’exil, et la participation active à des grèves de
la faim, à Haïfa, à Nasra, et aujourd’hui à Umm al-Fahem, pour ne citer que les
territoires occupés en 48, promet une victoire des prisonniers, qui devra s’ajouter
à celle obtenue par l’accord d’échange.
Cet accord d’échange ne libère que 1027 prisonniers
sur environ 6500 prisonniers, détenus dans les prisons sionistes. D’ores et
déjà, d’après les déclarations du chef des Brigades d’al-Aqsa et de Khaled
Mecha’al, nous savons que seront libérées toutes les combattantes, y compris
celles condamnées à des perpétuités, comme Ahlam Tamimi, Qahira Saadi, Mouna
Amné, que les sionistes avaient refusé auparavant de libérer. Seront également
libérés tous les prisonniers enfants et âgés, ainsi que les prisonniers
souffrant de graves maladies. 450 combattants appartenant à toutes les
formations et à toutes les régions, même arabes, condamnés à plusieurs
perpétuités et/ou considérés comme anciens prisonniers (plus de 20 ans de
prison) feront partie du premier groupe en échange de l’arrivée du soldat
sioniste en Egypte ou en Allemagne. Deux mois plus tard, 550 prisonniers aux
condamnations moins lourdes seront libérés, d’après l’accord d’échange. Parmi
les 450 combattants qui seront libérés, figurent les dirigeants des mouvements
de la résistance. Certains, avec leur accord, seront déportés (environ 200)
soit vers Gaza soit vers des pays arabes. C’est, d’après la résistance, le seul
point sur lequel elle a reculé face aux sionistes, qui réclamaient la
déportation des 450 combattants.
Reste finalement la question : à quand le
prochain kidnapping de soldats sionistes ? Car tant que les combattants de
la liberté sont détenus par l’état colonial, et comme cela a été prouvé
plusieurs fois, tout au long de ce conflit, seul l’échange contre des sionistes
kidnappés est en mesure de libérer les prisonniers.
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