Le Premier ministre jordanien, dont le pays a récemment rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv, a estimé dimanche que les tensions autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem représentaient "un coup de poignard" à la paix avec Israël.
"Israël et la Jordanie se sont engagés à la paix et au respect de l'accord de paix mais cet engagement ne vaut pas que pour une partie seulement, c'est un engagement qui vaut pour les deux parties", a martelé Abdallah Nsour lors d'une conférence de presse à Amman.
"Le gouvernement jordanien condamne dans les termes les plus fermes les événements de ces dernières semaines à Jérusalem, qui ne sont pas le fait d'erreurs de gestion ou d'extrémistes isolés mais plutôt un plan gouvernemental intentionnel et clair pour changer la donne en ce qui concerne les lieux saints et en particulier la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher", les deux lieux de culte musulmans de l'esplanade des Mosquées, a-t-il ajouté.
"Al-Aqsa serait-elle devenue un enjeu électoral israélien?", a-t-il fait mine de s'interroger au moment où l'on évoque déjà les élections anticipées qui suivraient une possible dissolution du gouvernement de Benjamin Netanyahu, actuellement à la tête d'une coalition hétéroclite rassemblant des pro-colonisation et des ultra-nationalistes religieux.
"Ce qui se passe (à Jérusalem) est un coup de poignard à l'idée de la paix", a poursuivi M. Nsour, deux semaines après le vingtième anniversaire du traité de paix entre les deux voisins.
Lors d'un entretien à Amman avec la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, le roi jordanien Abdallah II a réitéré l'opposition de son pays aux "atteintes israéliennes contre les lieux saints" à Jérusalem, tout en plaidant pour la reprise de négociations de paix israélo-palestiniennes et pour des efforts de la communauté internationale pour y parvenir, selon un communiqué du palais royal.
Le royaume hachémite est, avec l'Egypte, le seul pays arabe à avoir signé un accord de paix avec Israël. Amman a en outre la charge de la gestion de l'esplanade des Mosquées, au coeur des tensions entre Israéliens et Palestiniens depuis quelques semaines.
Le troisième lieu saint de l'islam, également vénéré par les juifs, a été secoué par des heurts violents entre Palestiniens et policiers israéliens notamment à l'occasion de la venue de dizaines d'extrémistes juifs qui militent pour un bouleversement du statu quo entériné en 1967.
Selon cet accord tacite, les juifs peuvent visiter l'esplanade sans toutefois y prier. Palestiniens et Jordaniens dénoncent ces visites de plus en plus fréquentes des ultra juifs comme des provocations. Les tensions ont été aggravées par la fermeture, fait rarissime, durant une journée de l'esplanade aux musulmans et l'entrée des forces de l'ordre israéliennes à l'intérieur même de la mosquée Al-Aqsa, où leurs grenades ont causé des dégâts matériels jusqu'au pied de la chaire de l'imam.