Dans la brume de ce matin après l’attaque contre une synagogue à Jérusalem, les habitants de la ville ont vu avec horreur ce qu’il en a résulté. Des corps sous des couvertures de prière, des sols glissants avec des flaques rouges étaient ce qui subsistait à la fin du massacre à l’aube qui a fait six morts : quatre israéliens morts ainsi que les deux attaquants palestiniens.
- 15 octobre 2014 - Des Palestiniens de Jérusalem manifestent à l’entrée de l’enceinte de la mosquée al-Aqsa, pour protester après que les autorités israéliennes d’occupation eurent décidé d’interdire l’accès à l’esplanade - Photo : AFP/Ahmad Gharabli
Pour les Palestiniens vivant à Jérusalem-Est, cette rhétorique et la réalité de cette réponse sans compromis sont hélas familières, et des protestations ont immédiatement éclaté dans les rues. Dans les quartiers de la ville occupée, et jusqu’aux points de contrôle de Qalandia et des quartiers comme Al Ram situés derrière le mur, les affrontements se sont poursuivis depuis mardi matin. Les forces israéliennes ont tiré des gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des balles en acier entouré de caoutchouc en réponse aux jets de pierres des manifestants, et des postes de contrôle menant à Jérusalem et même des routes internes à la Cisjordanie ont été totalement bouclés.
Les deux habitants de Jérusalem-Est responsables de l’attaque étaient Ghassan Abu Jamal, âgé de 30 ans, et Oday Abu Jamal, âgé de 23 ans, deux cousins du quartier de Jabal al-Mukaber au sud-est de la ville. Dans leur quartier ce matin, de violents affrontements ont éclaté peu de temps après que soient arrivées des nouvelles de l’attaque. Huit membres des familles des deux hommes ont été kidnappés dans le cadre de l’intervention de la police israélienne, et à midi, plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées devant la maison de la famille, face à une forte présence policière qui faisait un usage intensif de gaz lacrymogène dans toutes les zones du quartier .
Pour de nombreux Palestiniens, l’attaque de l’aube a rapidement été interprétée comme une réponse à l’occupation israélienne en cours. La plupart des gens du pays disent que Jérusalem est en proie à une troisième Intifada depuis des mois, un soulèvement progressif caractérisé par des affrontements hebdomadaires, la répression policière, la démolition d’habitations, l’enlèvement de centaines de Palestiniens et des attaques contre des Israéliens.
Les récentes initiatives de l’extrême-droite sioniste pour s’approprier le complexe de la mosquée Al-Aqsa, et la mort deMohammed Abu Khdeir, âgé de 16 ans, [brûlé vif] aux mains de nazis israéliens cet été, n’ont fait qu’enflammer une situation déjà explosive.
« Netanyahu doit revenir en arrière sur Jérusalem et Al-Aqsa, et laisser vivre les habitants de Jérusalem. Voilà la solution. C’est le sentiment de tous les musulmans et Jérusalémites, » nous a déclaré ce mardi matin à Jabal al-Mukaber, Daoud Abu Jamal, un cousin de Ghassan et Oday. « Quelqu’un doit arrêter Netanyahu, et stopper les gens qui tuent les Palestiniens. »
Ghassan et Oday, explique Daoud, étaient des jeunes hommes qui auraient voulu penser à leur avenir mais qui se sont retrouvés pris au piège de l’occupation à Jérusalem. Les deux cousins avaient vu de leurs amis emprisonnés pour de longues périodes, et le tout dans un contexte de grande pauvreté, de chômage et de racisme et ségrégation. Sur les 300 200 habitants palestiniens de Jérusalem-Est, 238 000 vivent en dessous du seuil de pauvreté, et le revenu mensuel moyen pour cette catégorie est d’environ 60% de celui des juifs israéliens installés dans la ville.
Les deux cousins responsables de l’attentat auraient travaillé dans une épicerie en face de la synagogue, faisant partie des nombreux Palestiniens qui, privés de possibilités d’emploi à Jérusalem-Est, travaillent pour des patrons israéliens dans la partie ouest de la ville.
« Ils poussent les gens dehors, démolissent les maisons, envahissent la mosquée al-Aqsa, s’approprient des maisons à Silwan, » nous dit Ahmed Ruwidi, un avocat de Jérusalem-Est. « Chaque jour, il y a plus de points de contrôle, plus de problèmes avec la police. La vie quotidienne à Jérusalem est très difficile, il y a plus de 20 000 logements à Jérusalem qui sont illégaux [aux yeux de l’occupation], et peuvent être démolis à tout moment.
« Chaque jour, quand nos enfants vont à l’école, il y a plusieurs points de contrôle à traverser, à Silwan, Ras el-Amoud, Shuafat. Cela met quelque chose dans le cœur des enfants, ici. Cela rend la vie misérable.
« Toutes ces choses poussent les gens à se défendre », a-t-il poursuivi. « Personne ici n’est derrière l’attentat d’aujourd’hui. Mais pour nous, c’est Netanyahu le responsable de tout ce qui est survenu ».
18 novembre 2014 - Middle East Eye - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.middleeasteye.net/news/e...
Traduction : Info-Palestine.eu