vendredi 22 octobre 2010

Belgique : Cabale sioniste et menaces de mort contre l’universitaire Souhail Chichah

Publié le 20-10-2010

Pour l’expression de critiques légitimes envers l’Etat d’Israël, l’universitaire belge Souhail Chichah subit un véritable harcèlement : menaces de sanctions professionnelles, menaces de mort, tentative d’agression au couteau et convocation policière suite à une plainte pour « incitation à la haine raciale ». Nous vous invitons à signer la pétition ci-dessous après avoir pris connaissance des faits.
"Tout commence le soir du 20 septembre au sein du Janson, le prestigieux auditoire de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). A l’initiative du Cercle du Libre Examen (Librex) et du Vice-recteur de l’ULB se déroule un débat autour de la liberté d’expression, faisant suite à la projection du film « Est-il permis de débattre avec Dieudonné ? » (1).
A la table des intervenants, le Chercheur en Économie de la discrimination, Souhail Chichah, propose un argumentaire en 4 axes devant plus de 300 personnes. A partir de son analyse du « fait social Dieudonné », l’intellectuel développe la question du blasphème, celle du racisme, celle d’Israël et ne pourra aborder son quatrième point. Dès l’entame de son propos sur Israël, Chichah déclenche l’hystérie des sionistes présents dans la salle. Menés par Maurice Sosnowski, président du CCOJB (2) et la députée régionale, Viviane Teitelbaum (MR), ceux-ci saboteront violemment le débat à coups d’insultes, de huées et de fausses sorties scandalisées.
Au-delà des accusations infondées « d’antisémitisme et de négationnisme » (pour lesquelles aucune plainte n’a été déposée), que reprochent Sosnowski, Teitelbaum et consorts à Chichah ?
D’une part, son franc-parler sur la nature politique de « la seule démocratie du Moyen-Orient » : « Israël est un Etat raciste, ségrégationniste et colonial ». D’autre part, d’avoir comparé le sort actuel réservé aux Roms et aux sans-papiers à celui réservé aux immigrés Juifs avant la seconde guerre mondiale.
Crime des crimes pour les sionistes victimaires. Eux, qui n’ont de cesse de hiérarchiser les souffrances mémorielles et d’instrumentaliser le génocide juif afin de justifier la colonisation et l’apartheid israéliens en Palestine.
Un intellectuel à abattre
Pour Sosnowski, également Professeur à l’ULB et Chef de département à l’Hôpital Saint-Pierre téléphone dès le lendemain du débat à la rédaction du journal Le Soir. Il propose « l’exclusivité » d’une tribune qu’il a rédigée. Mais le quotidien temporise 24 heures. Le temps pour le journaliste Ricardo Gutiérrez d’enquêter sérieusement. Le Soir publie ensuite une double page, composée d’un article titré « L’ULB accusée de pétrir la haine du juif » et de deux tribunes (3). L’une est signée Sosnowski et intitulée « On a laissé se développer la haine du Juif » ; l’autre, de Jacques Englebert, est titrée : « On a le droit de dire ce que l’autre ne veut pas entendre ».
Dans son texte, Sosnowski accuse Souhail Chichah d’avoir tenu des « propos vomitifs sur la Shoah ou sur les Juifs venus des pays de l’Est ». Il appelle également à la « condamnation » de son collègue par le Conseil d’administration de l’ULB.
Aux premiers jalons de cette campagne de diffamation s’ajoutent des courriels d’insultes racistes, de promesses de passage à tabac et de menaces de mort. Billets anonymes qui vont du métaphorique (« Si tu veux on se fixe rendez-vous au portail et je t’explose ta tronche, car le pluriel d’un arabe au portail c’est deux melons au porto »), en passant par l’explicite (« Devant l’entrée principale de l’université, Avenue Buyl. Prévient le SAMU en même temps car tu vas saigner, espèce de porc ») et le sordide (« Morpion islamiste ton heure est venue. On va te crever, ordure. Un musulman : une balle ! Toi : 10 ! On sait où t’habite, toi et ta famille. On a un contrat sur ta tête ») ...
Au bout d’une quinzaine de mails semblables, reçus en moins d’une semaine, Souhail Chichah dépose plainte contre X. Le 28 septembre, il demande à être reçu par le Recteur de l’ULB, Pierre Desmarets, au motif qu’il « crain(t) pour (sa) sécurité sur le campus de l’Université ». Jusqu’à ce jour, son supérieur hiérarchique ne lui a pas répondu ...
Sauvé par ses voisins
Lundi 4 octobre, 08h30. Souhail Chichah sort de chez lui pour se rendre au travail. En refermant sa porte, il aperçoit un jeune homme dans le haut de sa rue. Dès qu’il voit l’universitaire, l’individu se précipite dans sa direction. L’air menaçant, il sort un couteau de sa veste et se retrouve à quelques mètres de Chichah. A cet instant précis, une porte claque. Des voisins viennent de quitter leur domicile et traversent la rue. L’agresseur a stoppé net sa course. Il fixe Chichah dans les yeux puis, lui fait le signe en passant son couteau d’un bout à l’autre de son cou. Autrement dit : « Je t’égorgerai ! ». L’homme fait volte-face et s’enfuit.
Souhail Chichah se rend au commissariat pour déposer plainte. Aux policiers qui l’auditionnent, il assure pouvoir reconnaître son agresseur. Les pandores, eux, se montrent très sceptiques sur l’éventualité d’un jour appréhender ce « justicier sioniste ». Mais deux jours plus tard, coup de téléphone de la police au domicile de Souhail Chichah. On ne lui annonce pas que son agresseur a été arrêté mais que c’est lui qui est convoqué au commissariat. Motif ? « Pour vos écrits », répond laconiquement l’inspecteur de police. Au matin du 8 octobre, dans les locaux de police de Uccle- Watermael-Boitsfort, Souhail Chichah apprend qu’une plainte a été déposée contre lui pour « calomnie, diffamation et incitation à la haine raciale ». En cause : non ses propos tenus le 20 septembre à l’ULB, mais un des ses articles, écrit en avril dernier, intitulé : « De la hiérarchie des races en Belgique » (4). En le consultant, chacun pourra juger de la pertinence de la plainte, mais difficile de penser que le timing de cette convocation relève du « pur hasard de calendrier ».
En se penchant sur le passé professionnel de l’économiste, il sera pour le moins complexe de lui coller l’étiquette de raciste. Diplômé de la Solvay Business School (ULB), il a travaillé comme attaché parlementaire du sénateur Josy Dubié (Ecolo), conseiller économique du syndicat FGTB (5), membre du Comité de direction de la Loterie Nationale, directeur financier du CNCD (8) et conseiller économique de la députée fédérale Marie Arena (PS). Depuis plusieurs années, en sa qualité de chercheur à L’ULB, il alimente le débat public sur la question des sans-papiers, de l’immigration ou du vivre-ensemble. Au travers de ses multiples activités et écrits, il n’est jamais venu à l’idée de quiconque d’accuser ou même de soupçonner Souhail Chichah d’intentions racistes.
Refusant de se laisser intimider, Chichah persiste et signe : « J’accuse les principales organisations dites ’communautaires juives’ de Belgique que sont le CCOJB (Comité de Coordination Organisations Juives de Belgique), le CCLJ (Centre Communautaire Laïc Juif) et l’UEJB (Union des Etudiants Juifs de Belgique) de terrorisme intellectuel au service de la propagande sioniste. Par ailleurs, en amalgamant solidarité (légitime !) avec les Juifs et solidarité avec un État raciste, ségrégationniste et colonial, elles portent une écrasante responsabilité morale dans la confusion qui conduit certains à confondre antisionisme et antisémitisme ».
La peur n’est plus à l’ordre du jour
Hasard de l’actualité, la cabale qu’endure Souhail Chichah fait écho au dernier livre du journaliste français Charles Enderlin (18). Faudra-t-il attendre que l’intégrité physique du chercheur belge soit atteinte ? Que ses proches soient également agressés ? Qu’il subisse, comme Enderlin, un harcèlement multiformes pour les dix prochaines années ? Que faudra-t-il encore pour voir enfin se dresser celles et ceux qui affirment défendre - pour tous ! - les libertés et principes démocratiques ?
La peur n’est plus à l’ordre du jour : les intégristes du lobby pro-israélien belge doivent être mis hors d’état de nuire. Et si les Belges héritiers de l’immigration postcoloniale ne peuvent compter sur la protection des pouvoirs publics pour assurer leur sécurité et leur liberté d’expression, il ne leur restera qu’une alternative : s’organiser et se défendre eux-mêmes ..."
Olivier Mukuna
Journaliste indépendant
Video intégrale du débat : http://www.sidimedia.blip.tv/
(1) Documentaire dont je suis le réalisateur. A ce titre, j’étais intervenant au débat avec l’économiste de l’ULB, Souhail Chichah (l’un des 7 intervenants de mon film), Jacques Englebert (Avocat et Maître de conférences) et Joël Kotek (Historien et politologue à l’ULB).
(2) Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique.
(3) Le Soir, 23 septembre 2010 ( http://www.lesoir.eu/actualite/belg... ) ; ( http://www.lesoir.be/debats/cartes_... 796056.php ) ; ( http://www.lesoir.be/debats/cartes_... ).
(4) http://www.montraykreyol.org/spip.p...
(5) Fédération Générale des Travailleurs de Belgique.
Pétition contre l’intimidation intellectuelle à l’ULB
CAPJPO-EuroPalestine