vendredi 8 octobre 2010

Abbas pourrait démissionner si les négociations directes échouent

08/10/2010
Ballet diplomatique européen ce week-end pour tenter de relancer les pourparlers de paix dans l'impasse.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a laissé entendre qu'il pourrait démissionner si les négociations de paix avec Israël échouaient, a déclaré hier un responsable palestinien. M. Abbas a tenu ces propos lors d'une réunion mercredi à Amman avec des membres du Conseil national palestinien (CNP, une instance de l'Organisation de libération de la Palestine), avant son départ hier pour Syrte, en Libye, pour participer au sommet extraordinaire arabe, a indiqué à l'AFP le conseiller de presse du Conseil, Khaled Mismar. M. Abbas « a dit devant les membres du Conseil : il se peut que je ne reste sur cette chaise (à ce poste) qu'une semaine », a indiqué M. Mismar, ajoutant : « Je pense que des propos plus clairs seront tenus à Syrte. » M. Abbas va consulter aujourd'hui les dirigeants arabes, fort du soutien des instances dirigeantes et de l'opinion palestiniennes pour quitter les négociations directes avec Israël si la colonisation continue. M. Abbas doit prononcer un discours dans lequel il a promis d'annoncer des « décisions historiques ».
Le comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le Fateh, mouvement de M. Abbas, ont approuvé le 2 octobre une suspension des pourparlers de paix si Israël continue à refuser de renouveler son moratoire. Deux tiers des Palestiniens approuvent le retrait des négociations, selon un sondage publié le 4 octobre. Un haut responsable de l'OLP, Salih Rafat, a indiqué à l'AFP que la position officielle de la direction palestinienne n'avait pas changé et que celle-ci espérait « préparer un plan pour que les Arabes et les acteurs internationaux portent les activités de colonisation israéliennes devant les Nations unies ou le Conseil de sécurité ». « Même si les États-Unis exercent leur droit de veto, rien ne peut nous empêcher d'exiger cela », a-t-il souligné. « Il n'y aura pas de processus politique sérieux tant que le gouvernement de Netanyahu poursuivra la colonisation », a déclaré pour sa part Yasser Abed Rabbo, autre haut responsable de l'OLP. « Je peux même aller plus loin et affirmer qu'il n'y aura pas de processus politique sérieux avec le gouvernement Netanyahu », a-t-il ajouté.
Selon les médias israéliens et un expert américain proche des cercles du pouvoir à Washington, l'administration américaine aurait proposé à Israël un important appui diplomatique et militaire qui serait consigné dans une lettre du président Barack Obama en échange d'un nouveau moratoire de 60 jours. La Maison-Blanche a démenti l'envoi d'une telle lettre. M. Netanyahu, qui n'a pas encore répondu positivement à cette offre considérée comme particulièrement favorable à Israël, exige en outre que M. Obama entérine les engagements écrits pris en 2004 par son prédécesseur George W. Bush, a affirmé hier le quotidien israélien Yediot Aharonot. Pour convaincre ses ministres, notamment les plus ultranationalistes, d'accepter un nouveau moratoire, M. Netanyahu estime avoir besoin d'une confirmation de cet appui du président Bush à l'annexion (par Israël) des grands blocs de colonies dans le cadre d'un accord final, que l'administration Obama refuse de reprendre à son compte, selon le journal.
Par ailleurs, les manœuvres diplomatiques, américaines et européennes, se poursuivaient à la veille de la réunion de Syrte. Les chefs de la diplomatie française et espagnole, Bernard Kouchner et Miguel Angel Moratinos, doivent se rendre « dimanche et lundi en Israël, dans les territoires palestiniens et en Jordanie ». En outre, le président français Nicolas Sarkozy espère réunir le 21 octobre à Paris MM. Netanyahu et Abbas ainsi que la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, en marge d'une réunion de l'Union pour la Méditerranée (UPM).
Sur un autre plan, le président syrien Bachar el-Assad a estimé que les efforts occidentaux de relance des pourparlers de paix entre la Syrie et Israël se concentrent sur la recherche d'une base commune, mais rien n'est encore arrêté et les perspectives du processus sont incertaines. M. Assad commentait ainsi pour la première fois, dans un entretien à la chaîne turque TRT, les initiatives française et américaine pour relancer le dialogue. Si les pourparlers reprenaient, a-t-il dit, ce serait d'abord sous une forme indirecte, semblable à ceux qui ont eu lieu sans succès en 2008 sous l'égide de la Turquie. Il a dit souhaiter voir la Turquie garder un rôle dans ce processus.
Enfin, l'aviation israélienne a lancé dans la nuit de mercredi et hier des raids contre la bande de Gaza qui ont fait huit blessés palestiniens.