La famille Malaka vit à Jabaliya, au nord de Gaza, tout près des frontières israéliennes. Elle mène un quotidien incertain et précaire en temps de guerre comme en temps de paix, à cause du blocus.
Sur une longue étendue de terre et de larges surfaces vertes, désormais ravagées mais qui semblent toujours révéler leur beauté d’antan, se dresse la maison de la famille Malaka. En face, des enfants de deux à douze ans jouent sur une ancienne balançoire avec une joie et une gaieté qui défient toute souffrance. Même s’ils vivent sous le toit d’une maison criblée de tirs israéliens, dont les fenêtres sont sans vitres, et ne peuvent sortir après 20h faute d’éclairage dans les rues, cela ne les empêche pas d’avoir le sourire aux lèvres. A Jabaliya, au nord de Gaza, et tout près des frontières avec Israël, la famille Malaka est une des deux grandes familles qui habitent cet endroit lointain et peu sûr. Malgré la sérénité et l’allure paisible des lieux, la grande famille ne tient pas le coup face au blocus qui menace leur vie en temps de guerre comme en temps de paix. Une famille qui n’a pas encore repris son souffle après de longs jours de terreur et traumatisme qui teintaient leur vie lors de l’opération « Plomb durci », début 2009. Elle souffre aujourd’hui de ce blocus imposé à Gaza, ainsi que des arrestations et menaces du pouvoir du Hamas. Responsable d’une famille de plus de vingt personnes, la mère Oum Adel a le visage ridé qui reflète son âge et surtout les longs jours de souffrance et d’oppression vécus. La femme courageuse et résistante raconte avoir vécu des jours sombres sous les torrents de raids israéliens lors des deux dernières semaines de guerre. « Ils nous encerclaient dans la maison, sans permettre à personne d’en sortir. Nous étions dix entassés dans une chambre essayant de se protéger des tirs qui ont démoli l’appartement d’un de mes fils et criblé les murs de notre maison. Même les secouristes du Croissant-Rouge n’ont pas pu nous sauver », se rappelle-t-elle. Les cris de son fils sous les tirs, se tordant de douleurs rénales, sont à jamais gravés dans sa mémoire. La guerre s’est terminée avec des maisons démolies et d’autres dommages irréparables, surtout dans le cadre d’un blocus dont souffre Gaza depuis plus de 4 ans. Quant à la famille de Abdel-Kérim Qadoura, les invasions et les bombes au phosphore ont détruit les arbres fruitiers de la terre qui la nourrissait. Aujourd’hui, un an et demi après la guerre, la famille n’arrive pas à reprendre un quotidien stable. Alors c’est le Fatah qui subventionne ses besoins.
Oum Adel explique qu’il n’y a pas de « ciment ni d’autres matières de construction. Et si nous en trouvons, c’est vendu à des prix exorbitants pour nous ». Alors les fenêtres des quelques pièces restantes sont couvertes de plastique et Tayae, le fils qui a perdu toute sa maison suite aux bombardements israéliens, se contente de partager une seule pièce avec sa femme et ses trois enfants. « Que peut-on faire d’autre ? », se demandent les membres de la famille qui essaye de s’attacher à la vie sous le blocus comme elle le faisait lors de la guerre. Une famille qui pense que le gouvernement du Hamas impose lui aussi un blocus à l’intérieur, tandis que les Israéliens le font de l’extérieur. « Par conséquent, nous menons un quotidien très difficile entre le manque d’électricité qui fait de Gaza une ville fantôme le soir. Quant à l’eau, un besoin essentiel, elle nous coûte 35 shekels par jour (10,5 dollars) », dit Abdel-Kerim Qadoura. En plus des difficultés liées au chômage, la vie de la famille Malaka, qui craint toujours une autre incursion israélienne, ne tient qu’à un fil. « Aller habiter ailleurs est impossible avec le blocus. Sans compter qu’un appartement coûte aujourd’hui 40 000 dollars minimum », ajoute Adel, fils aîné de Abdel-Kérim.
Doaa Khalifa
avec Nader Taman
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