Les fortes pressions internationales auxquelles il a fait face à la suite de l’abordage sanglant de la flottille de la Liberté, le 31 mai dernier, ont obligé l’Etat juif à alléger, sans le lever, le blocus hermétique qu’il impose sur la bande de Gaza. Mais le gouvernement israélien a voulu profiter de ces mêmes pressions pour se débarrasser du fardeau que représente la bande de Gaza. Il a ainsi proposé, la semaine dernière, par la voix du ministre des Transports, Yisraël Katz, l’acheminement de tout le trafic civil à destination de la bande de Gaza à travers le seul point de passage de Rafah, reliant le minuscule territoire palestinien à l’Egypte, que celle-ci avait décidé d’ouvrir pour une période indéterminée, à la suite de l’assaut israélien contre le convoi humanitaire de la Liberté. Selon cette proposition, rejetée par Le Caire, Israël fermerait tous ses postes frontaliers terrestres avec la bande de Gaza, laissant l’enclave complètement dépendant de l’Egypte pour la circulation des personnes et des biens. Ainsi, tout en s’abstenant d’ouvrir les sept points de passage existant entre son territoire et la bande de Gaza pour permettre le passage des marchandises dont ses habitants ont besoin, Israël a voulu se défausser sur l’Egypte de ses obligations vis-à-vis de Gaza.
Le dessein israélien va plus loin que le simple objectif de se débarrasser sur l’Egypte de ses obligations humanitaires envers la population de Gaza. En voulant lier la bande de Gaza à l’Egypte, Israël isolerait davantage ce territoire surpeuplé de la Cisjordanie, prévenant du même coup sa réunification avec la rive ouest du Jourdain et éloignant les perspectives d’établissement d’un Etat palestinien à la fois sur ce territoire et en Cisjordanie, sur laquelle Tel-Aviv maintient des revendications territoriales.
Israël rejette depuis toujours toute réelle indépendance palestinienne et favorise toute division inter-palestinienne susceptible d’empêcher la création d’un Etat palestinien viable réunissant la bande de Gaza, aux mains du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) depuis juin 2007, et la Cisjordanie, tenue par l’Autorité d’autonomie sous la houlette du Mouvement Fatah du président Mahmoud Abbass.
Aujourd’hui, hormis quelques rares exceptions, aucun Palestinien ne circule plus entre Gaza et la Cisjordanie, en raison des restrictions israéliennes. Les deux territoires palestiniens, considérés par les accords de paix d’Oslo comme une seule entité, sont désormais plus éloignés que jamais.
Dr Hicham Mourad