La Palestine était-elle une terre sans peuple ? Israël est-il un Etat démocratique ? Les médias occidentaux sont-ils alignés sur la vision israélienne ? Ces questions, entre autres, sont débattues par l’un des plus importants ouvrages paru récemment en France avec pour titre Israël, parlons-en !
Le titre du livre en lui-même relève un défi de ce qui est prédominant dans les médias occidentaux, qui interdisent, tant qu’ils le peuvent, la discussion des politiques suivies par Israël. Voire même, ils ont tendance à couvrir ces politiques par certaines idées qui se sont ancrées au fil du temps dans la mentalité occidentale à force d’avoir été répétées par des médias soumis de manière démesurée à l’influence sioniste. Le premier prétexte avancé est qu’Israël se trouve continuellement dans un état d’autodéfense quelles que soient les atrocités qu’il commet et qui se transforment parfois en crime de guerre et crimes contre l’humanité. Nous entendons également souvent dire qu’Israël est le seul Etat démocratique au Moyen-Orient et que le problème réside dans la violence du côté palestinien et son recours au terrorisme. Et de dire également qu’Israël est un Etat aspirant à la paix et que ses voisins arabes sont les agresseurs qui mènent des guerres contre lui.
Le livre signé par le journaliste français Michel Collon a réussi à répondre à toutes ces allégations non pas par ses propres mots, mais par le recours à de grands noms qui ont acquis une expérience au niveau de ce dossier. Ainsi, le livre comporte des avis importants transmis sous forme d’entretiens. D’ailleurs, ceci fait que le livre est facile à lire et est adapté à de larges secteurs de l’opinion publique non spécialisés dans le dossier du Moyen-Orient.
Tous les avis insérés dans le livre sont appuyés par les informations et les réalités historiques. L’Américan Chomsky parle de la relation entre Israël et les Etats-Unis et prouve que, par son soutien à Israël, Washington appuie un Etat colonialiste occupant les territoires de ses voisins qui l’entourent de tous les côtés. Il prouve qu’il est un Etat voyou rejetant l’application des résolutions de l’Onu et violant le droit international. Chomsky se demande : qui domine et qui est assujetti en termes de relation américano-israélienne.
A la question de savoir si la Palestine était une terre déserte sans peuple, Christina Zakaria, auteure du livre La Palestine et les Palestiniens, répond à travers des statistiques effectuées par les autorités ottomanes en 1849, c’est-à-dire 100 ans avant l’occupation de la Palestine et la mise en place d’un Etat sioniste. Elle vient prouver que 85 % de ses habitants étaient des musulmans, 11 % des chrétiens et moins de 4 % des juifs.
Le taux des juifs s’est élevé plus tard à 10 % en 1914 avec l’occupation européenne qui a suivi la sortie des Ottomans.
Quant au journaliste et homme politique juif Ilan Halévy, il a parlé de la nature expansionniste d’Israël ; il a dit qu’il a réussi, à travers les guerres, à accroître ses territoires du triple, malgré la condamnation des Nations-Unies. Il soulève également ce que nous savons à propos d’Israël mais qui est méconnu d’une grande tranche de l’opinion publique en Occident. Selon lequel l’Etat d’Israël est le seul sans frontières et qu’il est l’unique au monde dont la Constitution ne stipule pas la démarcation des frontières, qui est laissé au gré de sa liberté expansionniste « sur la terre d’Israël ».
Et Alain Gresh, le directeur adjoint du mensuel Le Monde diplomatique, réputé pour son influence prépondérante, d’ajouter que la loi israélienne relative aux propriétés des Palestiniens absents est la plus grande preuve de la nature expansionniste de l’Etat hébreu qui cherche par tous les moyens à s’accaparer la terre appartenant à l’autre.
Alain Gresh, né en Egypte et dont le père est Henri Curiel, s’appuie sur un important rapport de la CIA débattant de la possibilité de la disparition de l’Etat d’Israël qui n’a pas pu offrir de refuge sûr aux juifs du monde, ou devenir le coin de la terre où le juif peut se sentir le moins en sécurité.
Le livre comporte un nombre d’analyses intelligentes et je trouve qu’il serait adéquat qu’il soit traduit et mis en vente pour le lecteur arabe en tant que référence incontournable et minutieuse à certaines des plus importantes allégations de la machine de propagande israélienne et qui sont médiatisées jour et nuit par les appareils de médias occidentaux. Ceux-ci vraisemblablement se réfèrent à la théorie mise en lumière par un des interlocuteurs du livre qui est le président du centre « Politis » des études, selon laquelle les mensonges qui sont répétés cent fois deviennent une vérité établie.
Plus important encore, loin des faits historiques que le lecteur arabe connaît bien, est ce qu’a rapporté Michel Warshawsky, analyste politique et qui a goûté l’amertume des prisons israéliennes. Il affirme que la politique expansionniste et celle de discrimination raciale, adoptée par les gouvernements israéliens, sont une expression directe de l’opinion des Israéliens et que ceux qui crient à la paix n’ont aucun poids et aucune valeur. Il a dit dans ce contexte que l’invasion barbare sur Gaza l’an dernier, ayant fait des centaines de victimes parmi les civils sans armes et des milliers de blessés, s’est faite par une unanimité quasi totale de l’opinion publique israélienne, selon les sondages d’opinions. Ce qui présage un avenir sombre au règlement au Moyen-Orient.
Mohamed Salmawy