Le dernier round de négociations israélo-palestiniennes initiées en 2013 par M. Kerry a échoué en avril 2014 après neuf mois de navettes intensives.
Frustrée de l’absence de perspective d’indépendance, la direction palestinienne a fait le choix de passer par la communauté internationale sans plus attendre une solution négociée avec Israël. C’est ainsi que malgré l’opposition américaine, les Palestiniens ont décidé de soumettre, courant novembre, au Conseil de sécurité de l’ONU leur projet de résolution fixant un calendrier pour la fin de l’occupation israélienne.
Une rencontre entre le négociateur en chef Saëb Erakat et le secrétaire d’Etat John Kerry, lundi aux Etats-Unis, n’a pas infléchi la détermination palestinienne, a fait savoir Wassel Abou Youssef, membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). «Aucune autre solution ne nous a été proposée par l’administration américaine», a-t-il déclaré. «L’administration américaine pousse à reprendre les négociations là où elles ont été laissées (en avril, ndlr), alors que ce mécanisme a fait la preuve de son échec au cours des années passées», a-t-il expliqué.
Un plan en trois étapes
La direction palestinienne envisage donc un plan en trois étapes : un vote au Conseil de sécurité, puis en cas de refus, l’adhésion à des organisations internationales dont la Cour pénale internationale et, enfin, la rupture des accords avec Israël, notamment en ce qui concerne la coopération sécuritaire. De nombreux responsables palestiniens ont fait état de pressions américaines pour les dissuader d’aller devant le Conseil de sécurité, Washington ayant pour dernier recours l’utilisation éventuelle de son droit de veto.
Le dernier round des négociations initiées en 2013 par M. Kerry a, rappelle-t-on, échoué en avril 2014 après neuf mois de navettes intensives. Le département d’Etat avait avoué avant même les entretiens de MM. Kerry et Erakat, que le chef de la diplomatie américaine n’avait pas de projet de règlement du conflit israélo-palestinien à présenter à son hôte.
L’OLP a, par ailleurs, qualifié hier de «camouflet» pour les Etats-Unis et la communauté internationale le feu vert donné en Israël à un projet de colonisation à El Qods occupée. Le feu vert délivré lundi alors que la ville d’El Qods est arrivée à «point d’ébullition» constitue «un camouflet pour le secrétaire (d’Etat américain John) Kerry, pour la communauté internationale, pour le peuple palestinien et pour la paix», a réagi dans un communiqué Saëb Erakat, négociateur en chef palestinien et membre du comité exécutif de l’OLP.
Le ministère israélien de l’Intérieur a donné, lundi, son feu vert à la construction de 500 logements à El Qods-Est, partie palestinienne de la ville annexée par Israël. Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, avait donné une semaine plus tôt pour instruction d’accélérer ce projet et un autre. Cette consigne avait provoqué une vive réprobation palestinienne et internationale. M. Erakat a souligné que l’annonce israélienne avait coïncidé avec sa rencontre lundi avec M. Kerry. Elle démontre à nouveau qu’Israël «fait le choix de la colonisation plutôt que des négociations». «La communauté internationale doit se rendre compte que les communiqués ne stopperont pas les colonies israéliennes», selon lui.
«Pour sauver la solution à deux Etats (israélien et palestinien coexistant), nous appelons de manière urgente tous les pays à reconnaître diplomatiquement l’Etat de Palestine sur les frontières (d’avant) 1967. Nous pressons la communauté internationale, y compris l’Administration américaine, de soutenir notre initiative pour une résolution du Conseil de sécurité qui fixerait une date butoir pour la fin de l’occupation israélienne», a ajouté M. Erakat.
Aniss Z.