Sommet Arabe de Syrte. Il s’est terminé sans résultat notable, ni mesure importante pour résoudre le problème palestinien, bien qu’il ait été placé sous le signe de l’appui à la résistance de Jérusalem. Pour se rattraper, les dirigeants ont promis une réunion extraordinaire.
Adepte des coups d’éclats lors des rencontres arabes, le colonel libyen a choisi de raconter, pendant un quart d’heure, l’histoire de Syrte, sa ville natale, qui a accueilli au début de cette semaine le sommet arabe. Et pour marquer son empreinte, Mouammar Kadhafi avait réservé à ses invités arabes un accueil en concert et groupes folkloriques dans le complexe des conférences. Une grande partie des chefs d’Etat arabes étaient absents, cependant, en tête le président égyptien, son homologue libanais, le roi saoudien et encore celui du Maroc, certains pour des raisons internes ou personnelles, mais la plupart en raison de divisions interarabes. Ils ne semblent pas pourtant avoir raté la messe la plus importante, car ce 22e sommet arabe c’est simplement du déjà-vu. Seul son nom diffère, cette année, il a été baptisé « Sommet d’appui à la résistance de Jérusalem ». Parce que la question de Jérusalem s’est imposée avec force, sur fond d’une intensification de la colonisation israélienne dans la Ville sainte. La question palestinienne a pourtant toujours dominé les discussions, même en pleine crise iraqienne ou au moment de l’invasion du Koweït par l’Iraq, elle trouve toujours sa place en tête du texte des résolutions finales.
A la levée des rideaux, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a prononcé des mots qui avaient eu la même résonance des années auparavant et durant des sommets similaires, la structure a changé un peu, la géographie aussi. « Nous devons étudier la possibilité que le processus de paix soit un échec complet. Il est temps de faire face à Israël. Nous devons préparer des projets alternatifs, parce que la situation est arrivée à un tournant », a-t-il dit. « Nous avons accepté un processus de paix sans limite de temps et nous n’avons abouti à rien, sinon à permettre à Israël de perpétuer sa politique pendant 20 ans », a renchéri Moussa. Il n’a pourtant pas précisé ces alternatives, malgré les appels de Kadhafi à prendre en considération « les masses arabes et le peuple en ont assez des mots ». Classique, jusqu’à preuve du contraire.
Les dirigeants arabes ont conditionné la reprise des négociations israélo-palestiniennes à l’arrêt total de la colonisation à Jérusalem. Seule la Syrie a fait savoir que son pays ne reconnaissait pas ce point du document, n’étant pas concernée par « le dialogue avec Israël ».
Au secours Obama
De toute façon, les participants n’ont pas précisé la nature d’une éventuelle alternative au processus de paix, mais de nombreux pays arabes s’en tiennent à l’initiative de paix arabe proposée par l’Arabie saoudite et adoptée en 2002 au sommet arabe de Beyrouth. Aux termes du plan, tous les pays arabes normaliseraient leurs rapports avec Israël en échange de son retrait complet des territoires occupés en 1967 et d’une solution équitable au problème des réfugiés palestiniens chassés de leurs foyers lors de l’usurpation de la Palestine en 1948. Certains pays membres proposent toutefois, comme alternative, que les Palestiniens déclarent unilatéralement leur Etat ou bien encore qu’ils changent de stratégie en prônant l’avènement d’un Etat binational pour les juifs et les Arabes, une solution rejetée par Israël. Ainsi, les dirigeants arabes ont, dans ce contexte, « appelé » M. Obama à rester attaché à sa position initiale clé appelant à l’arrêt total de la politique de colonisation dans l’ensemble des territoires occupés, y compris à Jérusalem. Faiblesse donc des réactions qui s’illustre aussi par l’appel au secours d’un Barack Obama qui semble bien incapable de faire pression sur l’Etat hébreu.
Le sommet était aussi l’occasion de soutenir le Fonds d’Al-Qods avec une enveloppe de 500 millions de dollars. Un soutien que nombreux jugent insuffisant et se demandent comment il devrait arriver aux Palestiniens de la Ville sainte (lire page 4).
Les invités du chef de la Révolution verte ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur une proposition du secrétaire général d’ouvrir le dialogue avec les pays voisins, l’Iran en particulier. « Je ne pense pas que le moment soit arrivé où nous assistons à un changement d’attitude de l’Iran vis-à-vis des pays arabes », a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud Al-Fayçal.
Le seul point nouveau, lors de la rencontre de Syrte, était l’adoption de la proposition syrienne de la mise sur pied d’un mécanisme arabe en cas de différends entres les pays frères, et ils n’en manquent pas (lire encadré page 4).
Ainsi, « pas de campagne médiatique, pas de gel de relations bilatérales » et, à la place, « favoriser le dialogue » et en cas d’échec, « former un comité qui regrouperait les pays en conflit, la troïka du sommet et le secrétaire général de la Ligue ». L’ultime moyen serait de soumettre le dossier « aux dirigeants lors du sommet suivant ».
Avec l’absence de consensus sur les autres sujets, pourquoi pas un autre sommet ?
Un sommet extraordinaire, comme l’a annoncé Amr Moussa, se tiendrait cette année pour traiter des questions en suspens. Il s’agit surtout d’examiner une proposition libyenne de créer « l’Union des pays arabes » et une proposition similaire yéménite de passer à « l’Union arabe ». A quelle date ? Et où ? Nul ne le sait. Lors de ce prochain sommet « extraordinaire », la question du futur secrétaire général de la Ligue sera également en discussion. Moussa, le secrétaire actuel, a laissé entendre qu’il ne compte pas briguer un nouveau mandat. Certains pays arabes espèrent surtout que le successeur de Moussa ne soit pas également égyptien, comme c’est la coutume, vu que la Ligue siège au Caire.
En dehors de cette petite parenthèse, l’Iraq et le Soudan ont figuré comme d’habitude dans le texte final, mais sans grand-chose à dire les concernant. Pas de séance de clôture publique d’ailleurs. Les rideaux sont tombés de manière assez brute. Une mise en scène différente cette fois-ci, car certains leaders voulaient, dit-on, « rentrer plus tôt » et ceux qui devraient parler à la fin ont finalement opté pour la distribution d’une transcription de leurs discours.
Samar Al-Gamal