Mounir Chafiq
Par Mounir Chafiq
Le Quartet des "médiateurs pour la résolution du conflit du Proche-Orient" réuni à Moscou les 17-18 mars a entériné la confiscation de AlQods des mains des Palestiniens, des Arabes et des musulmans et appelé à résoudre son statut "par le biais de négociations qui réalisent les aspirations des deux parties".
Le communiqué publié à l'issue de cette réunion est un nouvel exemple de l'état de pourrissement de la cause palestinienne dans le cadre des "négociations pour trouver une solution au conflit". La réaction officielle palestinienne et celle de certains gouvernements arabes, qui considèrent que ce communiqué est positif et qui réclament son application, est un exemple supplémentaire de l'effondrement honteux où se trouve le camp palestinien et arabe dans ces négociations, car à notre avis le contenu de ce communiqué est proprement scandaleux.
Le communiqué publié à l'issue de cette réunion est un nouvel exemple de l'état de pourrissement de la cause palestinienne dans le cadre des "négociations pour trouver une solution au conflit". La réaction officielle palestinienne et celle de certains gouvernements arabes, qui considèrent que ce communiqué est positif et qui réclament son application, est un exemple supplémentaire de l'effondrement honteux où se trouve le camp palestinien et arabe dans ces négociations, car à notre avis le contenu de ce communiqué est proprement scandaleux.
Le "quartet de médiateurs" : Tony Blair, Hillary Clinton, Ban Ki Moon et Catherine Ashton, autour de Serguei Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe (Photo EPA)
D'abord, le communiqué tente de dissimuler son parti pris pro-sioniste presque total et son adhésion à la conception états-unienne actuelle des négociations "de paix" en mettant en avant son opposition à la décision du gouvernement israélien de construire 1600 nouveaux logements à AlQods et en revendiquant l'arrêt de la colonisation (en accord avec un précédent projet de Netanyahou à ce sujet). Le communiqué ajoute que le Quartet vise à établir un Etat palestinien "viable", et à réaliser ce faux rêve palestinien, de manière à clore le dossier de la question palestinienne une fois pour toutes.
Cependant, le communiqué introduit de nouvelles et dangereuses concessions au profit de l'entité sioniste qui touchent à l'essence de la cause palestinienne et qui n'ont pas été répercutées par la presse. Si le représentant officiel de la Palestine et tous ceux qui ont jugé que le communiqué était "positif" n'ont pas remarqué ces concessions dans le texte du communiqué, c'est grave ; mais s'ils les ont bien lues et qu'ils les ont néanmoins approuvées, alors la situation est encore plus grave.
Le plus étrange est que Saeb Erekat, négociateur palestinien, a demandé au Quartet l'application du communiqué, il n'a pas remarqué que ce qu'il demandait d'appliquer était le plus grave ; il n'a pas non plus remarqué que l'opposition à la construction des nouveaux logements a été contournée par Netanyahou lorsque ce dernier s'est excusé auprès du vice-président états-unien Joseph Biden du mauvais timing de l'annonce concernant ces constructions.
Il est évident que la réaction européenne et états-unienne à l'annonce de ces constructions a embarrassé Netanyahou. Il en a peut-être conclu que cette décision gênait son plan de retourner à la table des négociations indirectes pour masquer son annexion des mosquées d'Abraham et de Bilal ainsi que la pression militaire exercée autour de la mosquée d'Al Aqsa et la construction du temple juif à proximité.
Les points du communiqué qui ont été évacués grâce au tintamarre autour de la décision de construction des 1600 logements sont les suivants :
1) Le communiqué demande aux deux parties de se contrôler et de mettre un terme aux provocations et aux déclarations enflammées sur les sujets "à forte sensibilité culturelle et religieuse". Cela signifie qu'il faut mettre un terme aux réactions palestiniennes à l'annexion des mosquées d'Abraham et de Bilal ainsi qu'à la pression militaire exercée autour de la mosquée d'Al Aqsa et à la construction du temple juif. En d'autres termes, on tourne la page sur ces annexions et on n'en parle plus.
2) Le statut final de la ville de AlQods doit être réglé, selon le communiqué, par des négociations entre les deux parties. On remarque qu’en ce qui concerne les terres occupées en 1967, les deux parties sont considérées comme étant au même niveau et la notion d'occupation d'un peuple, d'une terre, de villes et de villages est totalement occultée. Enfin, on remarque aussi que la partie ouest de la ville de AlQods a disparu du discours. Le communiqué ajoute que le Quartet reconnaît que la "partie orientale" de AlQods est d'une extrême importance "pour les Israéliens et les Palestiniens, pour les juifs, les musulmans et les chrétiens" [dans cet ordre, NdT]. C'est ainsi que le droit des sionistes sur la ville sainte occupée en 1967 est clairement énoncé au grand dam des Palestiniens et des Arabes.
L'occupation a aussi disparu. AlQods a donc une importance égale pour les juifs, les chrétien et les musulmans et elle est donc confisquée des mains de ses titulaires musulmans et chrétiens arabes, dès lors que les églises russe et grecque ont concédé aux sionistes le loisir de gouverner la partie chrétienne de la ville, alors qu'elles avaient par le passé insisté sur l'internationalisation de la ville.
Netanyahou est donc rendu maître des négociations sur AlQuds. Enfin, l'estocade finale se trouve dans la formulation "par le biais de négociations qui réalisent les aspirations des deux parties". Voilà le point sur lequel Saeb Erekat est si pressé de passer à l'application !
3) Le projet de pseudo-Etat palestinien est confirmé par le Quartet, qui entérine ainsi le plan de Salam Fayad qui consistait à déclarer l'Etat palestinien lorsque les administrations auront été établies dans les deux ans, sur le modèle de l'établissement des organes de sécurité sous le contrôle de Dayton. Comme si ce qui est nécessaire à un Etat, ce sont les administrations et pas le territoire ! A cet égard, le Quartet précise que l'Etat doit être "viable" et qu'il doit "entretenir des relations de voisinage responsables avec tous les pays frontaliers". Notez que le seul pays frontalier, c'est Israël. Par ailleurs, le communiqué mentionne de manière singulière le seul nom de Salam Fayad et fait état de ses réalisations sur le plan sécuritaire, et omet celui de Mahmoud Abbas. Serait-ce pour le pousser à se remettre rapidement de son malaise physique (*) ? Mahmoud Abbas parviendra sans doute à avaler cette couleuvre mais comment l'organisation du Fatah va-t-elle avaler un tel constat de sa disparition définitive des écrans ?
4) Le quatrième point du communiqué du Quartet concerne la Bande de Gaza : la fin du blocus est conditionnée par la restauration de l'union nationale et la réunification avec la Cisjordanie sur la base des engagements de l'OLP, c'est-à-dire sur le modèle de l'autorité sécuritaire de Salam Fayad et la reconnaissance des conditions du Quartet. Le blocus sera levé lorsque le Hamas et la Bande de Gaza se seront soumis aux conditions du Quartet. Ce qui confirme la participation directe du Quartet à l'imposition du blocus et à sa poursuite. C'est probablement ce point qui a soulevé l'enthousiasme de Saeb Erekat au sujet du caractère si positif du communiqué.
Bien entendu, le Quartet n'a pas oublié de mentionner les violations des droits de l'homme dans la Bande de Gaza et la nécessité de prendre en considération et de répondre aux "appréhensions légitimes d'Israël en matière de sécurité". Il a également réitéré l'interdiction de la contrebande des armes et dénoncé les tirs de roquettes et les actes de violence et de terrorisme en se fondant sans doute sur le modèle à l'opposé, celui de l'autorité dayton-ramallesque si exemplaire aux niveaux sécuritaire et politique dans son traitement des droits de l'homme et de la considération des "appréhensions légitimes d'Israël en matière de sécurité".
Enfin, dans un dernier jet de poudre aux yeux, le Quartet s'est rappelé qu'il existait des résolutions internationales et des accords antérieurs, sans pour autant éprouver la moindre gêne de les avoir annihilés en proposant de régler la question palestinienne par des négociations directes entre les parties. Or, si les négociations directes sont le seul moyen de régler le "conflit", tout le blabla sur les résolutions internationales et les accords n'est que tromperie et forfaiture et mépris pour la raison humaine. Mais lorsque le Quartet se réfère aux accords antérieurs, telle la feuille de route, c'est pour expliquer à la partie palestinienne que son application ne se fera pas de manière réciproque, ainsi par exemple que la colonisation ne s'arrêtera pas nécessairement lorsque le côté palestinien appliquera les mesures sécuritaires requises. Il faudra que la partie palestinienne accomplisse les mesures exigées d'elle sans demander de contrepartie, et cela en vue de favoriser la confiance et d'instaurer un climat positif !
(*) Mahmoud Abbas a prétexté un malaise physique pour justifier une absence de quelques jours.
Il est évident que la réaction européenne et états-unienne à l'annonce de ces constructions a embarrassé Netanyahou. Il en a peut-être conclu que cette décision gênait son plan de retourner à la table des négociations indirectes pour masquer son annexion des mosquées d'Abraham et de Bilal ainsi que la pression militaire exercée autour de la mosquée d'Al Aqsa et la construction du temple juif à proximité.
Les points du communiqué qui ont été évacués grâce au tintamarre autour de la décision de construction des 1600 logements sont les suivants :
1) Le communiqué demande aux deux parties de se contrôler et de mettre un terme aux provocations et aux déclarations enflammées sur les sujets "à forte sensibilité culturelle et religieuse". Cela signifie qu'il faut mettre un terme aux réactions palestiniennes à l'annexion des mosquées d'Abraham et de Bilal ainsi qu'à la pression militaire exercée autour de la mosquée d'Al Aqsa et à la construction du temple juif. En d'autres termes, on tourne la page sur ces annexions et on n'en parle plus.
2) Le statut final de la ville de AlQods doit être réglé, selon le communiqué, par des négociations entre les deux parties. On remarque qu’en ce qui concerne les terres occupées en 1967, les deux parties sont considérées comme étant au même niveau et la notion d'occupation d'un peuple, d'une terre, de villes et de villages est totalement occultée. Enfin, on remarque aussi que la partie ouest de la ville de AlQods a disparu du discours. Le communiqué ajoute que le Quartet reconnaît que la "partie orientale" de AlQods est d'une extrême importance "pour les Israéliens et les Palestiniens, pour les juifs, les musulmans et les chrétiens" [dans cet ordre, NdT]. C'est ainsi que le droit des sionistes sur la ville sainte occupée en 1967 est clairement énoncé au grand dam des Palestiniens et des Arabes.
L'occupation a aussi disparu. AlQods a donc une importance égale pour les juifs, les chrétien et les musulmans et elle est donc confisquée des mains de ses titulaires musulmans et chrétiens arabes, dès lors que les églises russe et grecque ont concédé aux sionistes le loisir de gouverner la partie chrétienne de la ville, alors qu'elles avaient par le passé insisté sur l'internationalisation de la ville.
Netanyahou est donc rendu maître des négociations sur AlQuds. Enfin, l'estocade finale se trouve dans la formulation "par le biais de négociations qui réalisent les aspirations des deux parties". Voilà le point sur lequel Saeb Erekat est si pressé de passer à l'application !
3) Le projet de pseudo-Etat palestinien est confirmé par le Quartet, qui entérine ainsi le plan de Salam Fayad qui consistait à déclarer l'Etat palestinien lorsque les administrations auront été établies dans les deux ans, sur le modèle de l'établissement des organes de sécurité sous le contrôle de Dayton. Comme si ce qui est nécessaire à un Etat, ce sont les administrations et pas le territoire ! A cet égard, le Quartet précise que l'Etat doit être "viable" et qu'il doit "entretenir des relations de voisinage responsables avec tous les pays frontaliers". Notez que le seul pays frontalier, c'est Israël. Par ailleurs, le communiqué mentionne de manière singulière le seul nom de Salam Fayad et fait état de ses réalisations sur le plan sécuritaire, et omet celui de Mahmoud Abbas. Serait-ce pour le pousser à se remettre rapidement de son malaise physique (*) ? Mahmoud Abbas parviendra sans doute à avaler cette couleuvre mais comment l'organisation du Fatah va-t-elle avaler un tel constat de sa disparition définitive des écrans ?
4) Le quatrième point du communiqué du Quartet concerne la Bande de Gaza : la fin du blocus est conditionnée par la restauration de l'union nationale et la réunification avec la Cisjordanie sur la base des engagements de l'OLP, c'est-à-dire sur le modèle de l'autorité sécuritaire de Salam Fayad et la reconnaissance des conditions du Quartet. Le blocus sera levé lorsque le Hamas et la Bande de Gaza se seront soumis aux conditions du Quartet. Ce qui confirme la participation directe du Quartet à l'imposition du blocus et à sa poursuite. C'est probablement ce point qui a soulevé l'enthousiasme de Saeb Erekat au sujet du caractère si positif du communiqué.
Bien entendu, le Quartet n'a pas oublié de mentionner les violations des droits de l'homme dans la Bande de Gaza et la nécessité de prendre en considération et de répondre aux "appréhensions légitimes d'Israël en matière de sécurité". Il a également réitéré l'interdiction de la contrebande des armes et dénoncé les tirs de roquettes et les actes de violence et de terrorisme en se fondant sans doute sur le modèle à l'opposé, celui de l'autorité dayton-ramallesque si exemplaire aux niveaux sécuritaire et politique dans son traitement des droits de l'homme et de la considération des "appréhensions légitimes d'Israël en matière de sécurité".
Enfin, dans un dernier jet de poudre aux yeux, le Quartet s'est rappelé qu'il existait des résolutions internationales et des accords antérieurs, sans pour autant éprouver la moindre gêne de les avoir annihilés en proposant de régler la question palestinienne par des négociations directes entre les parties. Or, si les négociations directes sont le seul moyen de régler le "conflit", tout le blabla sur les résolutions internationales et les accords n'est que tromperie et forfaiture et mépris pour la raison humaine. Mais lorsque le Quartet se réfère aux accords antérieurs, telle la feuille de route, c'est pour expliquer à la partie palestinienne que son application ne se fera pas de manière réciproque, ainsi par exemple que la colonisation ne s'arrêtera pas nécessairement lorsque le côté palestinien appliquera les mesures sécuritaires requises. Il faudra que la partie palestinienne accomplisse les mesures exigées d'elle sans demander de contrepartie, et cela en vue de favoriser la confiance et d'instaurer un climat positif !