Hmida Ben Romdhane
Compte tenu de l’isolement de plus en  plus accentué d’Israël et du mépris et de la révolte de plus en plus  prononcés que suscite la politique de ce pays au sein de la communauté  internationale, les conditions sont nettement plus favorables qu’avant  pour entreprendre une action sérieuse de nature à mettre un terme au  banditisme politique israélien et à l’impunité qui le nourrit depuis des  décennies.
La seule décision concrète  prise par le sommet de Syrte est l’octroi de 500 millions de dollars aux  Palestiniens dans le cadre du « plan de soutien à Al Qods ».
Le reste relève soit des déclarations auxquelles on est  habitué, soit des ballons d’essai, comme ceux lancés par le secrétaire  général de la Ligue, Amr Moussa, et qui sont restés en suspens en  attendant le prochain sommet extraordinaire que les dirigeants arabes  ont décidé de tenir avant la fin de cette année.
Le refus du sommet de tout dialogue avec les Israéliens  tant que ceux-ci n’ont pas arrêté la construction des colonies en  Cisjordanie et à Jérusalem-Est vient annuler une précédente décision de  la Ligue arabe qui avait accepté au début de ce mois que les  Palestiniens s’engagent dans des négociations indirectes avec Israël.  Une décision qui n’a plus aucun sens au vu de l’arrogance du  gouvernement israélien de Benyamin Netanyahu qui semble se délecter des  annonces quasi-quotidiennes de la construction de nouvelles colonies que  ce soit en Cisjordanie ou dans ce qu’il appelle « la capitale éternelle  d’Israël ».
Face à la « folie » israélienne de s’approprier la  totalité de la ville sainte, comme l’a si justement dit le Premier  ministre turc, Tayyip Erdogan, invité au sommet, les dirigeants arabes  présents à Syrte n’avaient pas pris d’initiatives concrètes de nature à  dissuader Netanyahu et sa coalition de fanatiques de faire marche  arrière. Prendre à témoin les Etats-Unis, l’Union européenne et le  Quartette et les inciter à faire pression sur Israël, ne constitue en  rien une nouveauté, car on ne compte pas les fois où les sommets arabes  demandaient de telles pressions aux alliés américain et européens  d’Israël qui n’avaient jamais pu ou voulu les exercer sérieusement et  efficacement.
Quand on dit qu’on attend des dirigeants arabes des  décisions concrètes pour s’opposer à « la folie » israélienne qui dure  depuis 43 ans, cela ne veut pas dire un appel à la guerre. Certes, il y  en a qui la souhaitent vivement, ce qui équivaudrait à vouloir répondre à  une folie par une autre. Aucun pays arabe n’est en mesure de supporter  une guerre régionale forcément dévastatrice et dont nul ne peut prévoir  l’ampleur, ni les conséquences désastreuses.
Mais cela ne veut pas dire se croiser les bras et se  contenter des communiqués habituels de condamnation et de dénonciation.  Compte tenu de l’isolement de plus en plus accentué d’Israël et du  mépris et de la révolte de plus en plus prononcés que suscite la  politique de ce pays au sein de la communauté internationale, les  conditions sont nettement plus favorables qu’avant pour entreprendre une  action sérieuse de nature à mettre un terme au banditisme politique  israélien et à l’impunité qui le nourrit depuis des décennies.
L’avantage le plus récent et le plus déterminant est le  changement de cap de l’Etat turc qui, d’ami et d’allié d’Israël, est  devenu un ardent opposant à la politique de ce pays et un défenseur de  poids des causes arabes et islamiques, au premier plan desquelles la  cause palestinienne. Cet avantage mérite d’être exploité au maximum, par  exemple en créant une commission arabo-turque qui entreprendrait une  vaste offensive diplomatique auprès des grands centres de décision dans  le monde (Amérique, Europe, Asie) en vue de les convaincre de  l’absurdité du statut spécial dont continue de jouir Israël,  c’est-à-dire un pays au dessus des lois et immunisé contre toute espèce  de sanction et contre toute obligation de rendre compte de ses actions  extrêmement dommageables pour ses victimes.
L’aboutissement logique d’une telle offensive  diplomatique serait un débat au Conseil de sécurité. Evidemment, cela ne  servirait à rien si un tel débat empruntait les sentiers battus  habituels avec interventions pour et contre, vote, veto américain et  classement du dossier en attendant la prochaine plainte.
L’atmosphère internationale se caractérise actuellement  par au mieux un embarras et au pire une révolte contre la politique  israélienne et les politiciens qui l’initient et l’appliquent. Les  conditions sont favorables à l’approfondissement des divergences qui  séparent Washington de Tel Aviv, mais les pays arabes ne semblent pas  suffisamment mobilisés pour exploiter l’occasion et contribuer à  l’accentuation de ce désamour naissant entre les Etats-Unis et Israël.
A supposer que des forces intérieures américaines  (Lobby, Congrès) arrivent à colmater les brèches et à empêcher la Maison  blanche de faire ce qu’elle aurait dû faire depuis des années : tenir  tête à la folie israélienne. Cela ne devrait pas décourager les efforts  et les initiatives tendant à provoquer un débat au Conseil de sécurité  sur les colonies en Cisjordanie, à Jérusalem et dans le Golan syrien, un  débat qui soit entamé dans le cadre du chapitre VII de la charte de  l’ONU, le seul qui vaille la peine dans la mesure où ce chapitre prévoit  des sanctions appropriées dans le cas de non observation de la  résolution du Conseil, et même l’usage de la force internationale pour  l’appliquer.
On entend déjà les voix qui s’élèvent pour dire que  jamais Washington n’exposerait Israël à un débat au Conseil de sécurité  dans le cadre du chapitre VII. Certes. Mais les Etats-Unis n’ont-ils pas  trouvé la combine pour déjouer le veto soviétique et faire passer en  1950 une résolution dans le cadre du chapitre VII qui leur avait permis  d’utiliser la force contre la Corée du nord sous couverture  internationale ? Ne peut-on pas s’inspirer de cette combine américaine  pour déjouer un éventuel veto américain contre l’utilisation du chapitre  VII ? Qu’est ce qui empêcherait le prochain sommet arabe extraordinaire  de creuser une telle idée ?
publié par la Presse de Tunisie 
 
 
