Le      sommet de       Syrte, s’il      n’a       quasiment abouti      à rien,       a témoigné d’un      élargissement des      désaccords       interarabes mettant en       exergue des antagonismes qui      semblent       être devenus      endémiques       plutôt que      circonstanciels      ou liés      à des       événements précis. Si les      différends       interarabes ne      sont pas       une nouveauté,      ce qui est      alarmant       c’est qu’ils      sont en train de      s’approfondir jour après jour       sans que des      tentatives de les      résorber ou        de les atténuer      ne figurent      sur       l’agenda des organisations       « panarabes ».      Ce que      relève       d’ailleurs le politologue       Wahid Abdel-Méguid, qui      déplore que      sur       l’agenda de la réunion de      Syrte ne      figurait       aucune proposition pour trouver      une solution      à ces       divergences. Si les      différends       ont un      caractère       historique, ce qui      choque ce      sont       certaines approches de      ces       problèmes. Abdel-Ghaffar      Chokr,       politologue du Centre      d’études       arabes et      africaines       du Caire,      relève le «       régionalisme » comme mal       principal. A titre      d’exemple, le      Maghreb, qui      constitue       une entité      à part. Or,      même au       sein de cet      espace, des       différends graves règnent,      à l’exemple        de la question du Sahara       occidental où      s’affrontent le      Maroc et       l’Algérie qui soutient le      Polisario.       Du côté      du Machreq,        on relève       surtout le conflit      endémique       entre la Syrie      et le Liban,      Damas ne      reconnaissant pas au      départ       l’indépendance du pays      du Cèdre,       le considérant «      comme un       espace vital syrien »,      comme le       relève Chokr. Or,      l’on       connaît toutes les      conséquences qui en      résultèrent       et qui sont      aussi liées        au statut       identitaire du      Liban basé      sur des       partages où      sunnites,       chiites et maronites      jouent sur       des équilibres qui      dérapent       aussi, telle la guerre      civile et le      statut       actuel très      mouvementé. La      Syrie       est en      proie aussi      à un       différend historique avec      l’Iraq. Divergences au      départ       entre deux      pouvoirs       baasistes       : l’un      à Damas,       Hafez Al-Assad,      l’autre à      Bagdad, Saddam Hussein.      Un       commandement régional      miné par les      différends et      deux       commandements nationaux       se livrant       une guerre idéologique       qui a ruiné       finalement l’idée      baassiste,       nationaliste arabe et      socialiste.       Même après l’invasion      américaine de      l’Iraq,       Bagdad accuse Damas       d’être à       l’origine de nombreux      attentats qui      dévastent       l’Iraq. 
La       péninsule arabique,      elle, n’est        pas somme      toute       l’eldorado dont on      parle. De       toute façon,      ces pays       sous le leadership saoudien      forment un      véritable       espace hermétique. Le      Royaume       wahhabite       donne la main aux six       Emirats relativement plus      libéraux.       Dans la péninsule,      il y a       quand même      une vraie      gangrène, le      Yémen       blessé par des divergences       tribales et même      religieuses,      entraînant       l’Arabie saoudite      dans son       sillage. 
      L’Egypte,      elle,       semble avoir      résorbé       ses       différends avec le Soudan,      mais même      cela se       situe sous le      signe du      provisoire, avec un      Soudan       quasiment en état de       guerre civile et      risquant le       démembrement. Quel      espoir       donc ?      Lors du      sommet de       Syrte, les dirigeants      arabes ont      décidé de       tenir un sommet       extraordinaire avant la fin de      l’année en       Libye pour examiner un projet       de transformation de la Ligue en       Union arabe,      proposé par le      Yémen,       ainsi qu’une proposition       de Amr       Moussa de créer un      organisme       régional incluant les       pays arabes et      leurs       voisins turc et      iranien, et       l’ouverture au préalable       d’un dialogue avec ces      derniers.       S’agit-il de propositions       réalistes       ? Somme toute,      non. Voire       pour Chokr,       il s’agit      d’une «       fuite en avant »,      puisque les       Arabes n’arrivent pas      à agir      dans le cadre d’un      statut       aussi simple que      celui de la       Ligue arabe. Avec le      manque       d’engagement des régimes arabes       vis-à-vis de leur      organisation,      pourraient-ils      franchir les pas      si       gigantesques exigés pour      parvenir à      une Union comparable      à l’Union      européenne       ? Chokr      souligne       que les régimes arabes      ne pourront      guère       ouvrir leurs      frontières       et céder      une partie       de leur       souveraineté au profit d’une       direction communautaire      devant être      élue. «       L’élite au pouvoir      dans chaque        régime ne       peut guère      céder la       moindre de       ses prérogatives       », ajoute-t-il. 
Très      peu       réaliste, voire       impossible donc      l’organisation      régionale       devant inclure la      Turquie et      l’Iran. Tout      d’abord, il        y a une       sorte de rejet      arabe       collectif de l’Iran,      notamment de la part de      l’Egypte et des pays      du Golfe,       qui sont       finalement des alliés de      l’Amérique et qui      craignent       surtout l’expansion      chiite. 
La fracture de      l’édifice       arabe est      ainsi       difficile à      colmater. Et        le nationalisme      ne       serait-il qu’un      mythe mort avec la      disparition de      celui qui       lui avait      donné naissance,      Gamal Abdel-Nasser.
Ahmed      Loutfi
 
 
