Ville de Gaza, Bande de Gaza – La mère de Majdi Yasseen, un Palestinien détenu dans une prison israélienne, fait l’exception des autres femmes réunies, chaque lundi, sous une tente dressée en face du siège du Comité International de la Croix Rouge à Gaza pour protester contre l’emprisonnement de leurs enfants et leurs proches.
- Al-Khalil, avril 2011 - Rassemblement de soutien aux prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes
D’après Qadura Fares, président du Club des Prisonniers Palestiniens, près de 7.200 prisonniers Palestiniens sont incarcérés dans les prisons israéliennes, dont 18 femmes Palestiniennes, purgeant diverses peines et dont les états de santé se détériorent jour après jour. « Ces détenus ne sont ni des criminels ni des terroristes dangereux. Bien au contraire, ils combattent pour arracher leur liberté de leur occupant. La lutte et la cause des prisonniers n’aurait pas vu le jour s’il n’y avait pas l’occupation et l’assassinat des Palestiniens, » affirme Fares à Al-Monitor.
Depuis que les Brigades Izz ad-Din al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir capturé un soldat israélien durant la récente bataille à Toufah, à l’Est de Gaza, les familles des prisonniers Palestiniens espèrent que la résistance soit en mesure de conclure un autre accord d’échange de prisonniers semblable à celui qui a conduit à la libération du soldat israélien Gilad Shalit en octobre 2011 en échange de 1027 Palestiniens.
Selon la mère de Majdi, les options diplomatiques ne semblent pas efficaces pour l’obtention de la libération des prisonniers. Elle explique : « Israël refuse de libérer nos enfants dans le cadre du processus de paix, alors que la résistance a été la plus part du temps capable de le faire dès qu’elle réussissait à capturer un soldat Israélien. Ainsi, je me range du côté de l’option de la résistance armée pour obtenir la libération de nos enfants. »
Une figure emblématique du Hamas a confirmé à Al-Monitor : « Le Hamas a [en effet] capturé des soldats Israéliens. Mais nous, en tant que dirigeants politiques, ignorons leur nombre. Israël est tout à fait conscient des détails et du nombre des soldats disparus et il doit payer le prix. » Ayant requis l’anonymat, la source a ajouté que pour le moment, la direction du Hamas ne veut révéler aucun détail sur les soldats et que leur capture vise à la conclusion d’un accord d’échange de prisonniers.
Pour l’analyste politique Hassan Abdo, l’enlèvement et l’échange des soldats Israéliens est « l’option la plus efficace pour les Palestiniens et ce, à la lumière des efforts politiques qui ont échoué à obtenir leur libération. » Les négociations entre les dirigeants Palestiniens et Israéliens ont rompu suite au refus Israélien de satisfaire la condition de libérer le quatrième et cinquième groupe de prisonniers, ceux qui ont été détenus bien avant les Accords d’Oslo de 1993.
Abdo a expliqué à Al-Monitor : « Il est vrai que dans le cadre du processus de paix, Israël a libéré 78 prisonniers qui ont été incarcérés avant 1993, néanmoins, il a refusé de libérer le quatrième groupe de ces prisonniers. Et c’est cette raison qui a largement alimenté chez les Palestiniens l’idée et l’option de kidnapper les soldats Israéliens afin de les utiliser dans des accords d’échange de prisonniers. »
La mère de Zuhair Abu al-Jidyan, un Palestinien condamné à 12 ans de prison, est assise à côté de la maman de Majdi. Tenant un grand portrait de son fils, elle a dit : « Je viens à cet endroit chaque semaine et je n’y renoncerai pas jusqu’à ce mon fils soit définitivement libéré des prisons Israéliennes. »
La mère de Zuhair a affirmé que la nouvelle de la capture des soldats Israéliens par la résistance au cours de leur bataille a « ravivé mon âme au point de sentir le sang couler de nouveau dans mes veines. » Elle demeure confiante de la position de la résistance qui finira par libérer son fils en dépit des obstacles dressés par les décideurs Israéliens en vue de compliquer et d’envenimer la situation et l’accord.
En effet, au début du mois en cours, la Knesset a ratifié une loi interdisant la libération anticipée, qu’elle soit dans le cadre d’un accord d’échange ou bien d’un processus politique, des prisonniers Palestiniens condamnés pour leur implication dans l’assassinat d’Israéliens. La loi empêche ainsi la libération des prisonniers condamnés à la réclusion à perpétuité.
Abdo a ajouté qu’Israël a promulgué ces lois dans le but de saper le moral de la résistance et l’obliger à réduire ses revendications dans tout processus d’échange futur. Il a également souligné, cependant, que « toutes ces lois seront contournées et enfreintes dès qu’il y aura un nouvel échange car les accords ne sont pas limités par aucune de ces lois ou décisions émises précédemment. »
Fares convient avec les évaluations d’Abdo et souligne : « Compte tenu de sa grande et large expérience, et en imposant d’importants règlements et restrictions sur la libération des prisonniers pendant les pourparlers de paix, Israël est parvenu à convaincre les gens que le seul moyen efficace pour libérer les prisonniers est la résistance militaire et l’enlèvement des soldats. » Il estime que les lois Israéliennes sur les échanges futurs « démontrent qu’un état de confusion au sujet des soldats disparus durant la guerre conte Gaza s’est installé en Israël. Cependant, ces lois ne feront pas obstacle à la conclusion d’un futur accord d’échange, et celui qui a rédigé cette loi se trouvera un jour contraint de la modifier. »
C’est ainsi que la mère de Zuhair s’accroche à l’espoir de revoir son fils. « Si Israël refuse de le libérer dans le cadre d’un processus politique, il sera sans doute contraint de le faire dans le cadre d’un futur accord d’échange. »
* Rasha Abou Jalal est écrivain et journaliste à Gaza, spécialisée dans les nouvelles politiques, les questions humanitaires et sociales liées à l’actualité.